Vendredi 10 Septembre 2021 - Ville di Corsano > Buonconvento - 24 km
31ème étape
(Toscane)



    Les Fioretti de Saint François d'Assise

    Comment il fut révélé à saint François que frère Elie devait apostasier et mourir hors de l'Ordre


    Saint François et frère Elie demeurant une fois dans un même couvent, il fut révélé par Dieu à saint François que frère
    Elie était damné, qu'il devait apostasier et finalement mourir hors de l'Ordre. Pour cette raison, saint François conçut
    pour lui un tel déplaisir qu'il ne lui parlait pas et n'avait pas de conversation avec lui. Et s'il arrivait parfois que frère
    Elie allât vers lui, il changeait de chemin, et allait d'un autre côté pour ne point le rencontrer. Frère Elie commença à
    s'apercevoir que saint François avait de la gêne à son égard, aussi, voulant en savoir la cause, un jour il s'approcha
    de saint François pour lui parler, et saint François l'évitant, frère Elie le retint courtoisement de force, et commença
    à le prier qu'il lui plût de lui signifier la raison pour laquelle il évitait sa compagnie et sa conversation. Et saint François
    lui répond : "La raison, la voici : parce qu'il m'a été révélé par Dieu qu'à cause de tes péchés tu apostasieras et mourras
    hors de l'Ordre, et Dieu m'a encore révélé que tu es damné".

    Entendant cela, frère Elie dit : "Mon révérend Père, je te prie pour l'amour de Jésus-Christ que pour cela tu ne m'évites
    ni ne me chasses de ta présence, mais comme un bon pasteur et disciple du Christ, retrouve et reçois la brebis qui périt
    si tu ne l'aides point. Et prie pour moi, afin que Dieu révoque, si cela se peut, la sentence de ma damnation parce qu'il
    se trouve écrit que Dieu sait révoquer la sentence, si le pécheur amende son péché, et j'ai tant de foi en tes prières que
    si j'étais au milieu de l'enfer, et que tu fisses pour moi oraison à Dieu, j'en éprouverais quelque rafraîchissement.
    Aussi je te prie encore que moi, pécheur, tu me recommandes à Dieu, qui est venu sauver les pécheurs, pour qu'Il me
    reçoive en sa miséricorde". Et cela, frère Elie le disait avec larmes et grande dévotion. Aussi, saint François, en père
    plein de pitié, lui promit de prier Dieu pour lui, et il fit ainsi.

    Et saint François, priant Dieu très dévotement pour lui, connut par révélation que sa prière était exaucée par Dieu,
    quant à la révocation de la sentence de damnation de frère Elie, et que finalement son âme serait sauvée, mais que
    sûrement il sortirait de l'Ordre et mourrait hors de l'Ordre. Et ainsi advint-il. Car Frédéric, roi de Sicile, se révoltant
    contre l'Eglise, et étant excommunié par le pape, lui et quiconque l'aidait et le conseillait, ledit frère Elie, qui était
    réputé comme l'un des hommes les plus savants du monde, requis par ledit roi Frédéric, se mit de son côté et devint
    rebelle à l'Eglise et apostat de l'Ordre. Pour cela, il fut excommunié par le pape et privé de l'habit de saint François.

    Et étant ainsi excommunié, il tomba gravement malade. Un de ses frères, frère laïc, qui était resté dans l'Ordre et qui
    était un homme honnête et de bonne vie, apprenant cette maladie, alla le visiter; et, entre autres choses, il lui dit :
    "Mon frère bien-aimé, j'ai beaucoup de peine que tu sois excommunié et hors de ton Ordre et que tu doives mourir
    ainsi, mais si tu voyais une voie ou un moyen par lequel je puisse te tirer de ce péril, j'en prendrais volontiers pour
    toi toute la fatigue". Frère Elie répond : "Mon frère, je ne vois aucun autre moyen sinon que tu ailles trouver le pape,
    et que, pour l'amour du Christ et de saint François son serviteur, dont les enseignements m'ont fait abandonner le
    monde, tu le pries de m'absoudre de l'excommunication et de me rendre l'habit de l'Ordre". Son frère dit que pour
    son salut il se fatiguerait volontiers. Et le quittant, il s'en alla aux pieds du Saint-Père, le priant très humblement,
    qu'il fasse grâce à son frère pour l'amour du Christ et de saint François son serviteur.

    Et comme il plut à Dieu, le pape lui concéda de retourner et, s'il trouvait frère Elie vivant, de l'absoudre de sa part de
    l'excommunication et de lui rendre l'habit. Aussi, celui-ci s'en va joyeux et, en grande hâte retourne vers frère Elie,
    et le trouve vivant, mais près de la mort. Et il le releva de l'excommunication et lui remit l'habit. Et frère Elie passa
    de cette vie, et son âme fut sauvée par les mérites de saint François et par ses prières dans lesquelles frère Elie avait
    eu un si grand espoir.

     

 


Tryptique du soleil levant...











Les cyprès sont les gardiens séculaires de la Toscane...


...région où une agriculture diversifiée prédomine...


Cette italienne s'est arrêtée à mon passage pour me demander si tout allait bien et si j'avais besoin de quelque chose...
Encore une Ange du Chemin


Je crois bien que c'est encore Sienne que j'aperçois au loin...

Quelques paysages en forme de tableaux...


















Une bonne réserve de ballots de foin compressé...

                 
J'arrive à Buonconvento

      

La cité historique








    Dénivelés légers : + 110  / - 130


    Je quitte le gîte vers 7 h après un petit déjeuner que j'ai préparé avec ce que Monica m'a apporté hier soir.
    Je prends une petite route qui vient de Ville di Corsano, elle commence par une suite de bosses avec quelques dénivelés.
    Peu après mon passage dans le village de Radi, je retrouve la Via Francigena que je croyais avoir définitivement quitté.

    Un peu avant d'arriver à Monteroni, il y 2 options proposées et je choisis la mauvaise. C'est à dire qu'au lieu de suivre
    la Francigena qui évite cette localité, je descends sur 500 mètres jusqu'au centre de Monteroni où je cherche pendant un
    moment comment reprendre le VF. Finalement après quelques allées et venues je trouve l'itinéraire qui me fait remonter
    par une petite route pour retrouver le chemin. ( 2 km que j'aurais pu éviter, car à Monteroni, il n'y avait rien à voir).


    Comme on le voit sur cette carte, pour aller du point 1 au point 2,
    c'est direct et bien plus court que de passer par Monteroni.


    Avant de continuer sur cet itinéraire balisé VF, je demande de l'eau à une dame qui est sur le seuil de sa maison.
    Je vais suivre un chemin agricole qui passe au milieu de grandes étendues de champs de cultures céréalières.
    Je m'arrête devant un hangar où sont entreposés de gros ballots de fourrage compressé pour me changer et mettre
    le short que j'ai lavé hier soir et que j'avais mis à sécher sur mon sac.

    Un peu plus loin, j'arrive à Quinciano où je fais une pause près d'une fontaine. Je continue sur un chemin de terre
    bordé sur la gauche par une haie qui protège un peu du soleil. Le ciel est un peu nuageux, mais il fait quand même
    assez chaud. Je continue pendant plusieurs kilomètres sur ce chemin qui suit une voie ferrée qui semble abandonnée
    tout cela au milieu d'une vaste plaine agricole où alternent des champs de céréales, de maïs et de tournesols lesquels
    étaient plutôt grillés.

    Il y a toujours ces vallonnements au sommet desquels on aperçoit des bâtiments, soit des fermes, soit des propriétés
    qui paraissent assez luxueuses. Les tracteurs sont à l'œuvre et les cylindres de foin compressé sont omniprésents...

    J'arrive à Ponte d'Arbia où je m'installe sur une terrasse pour boire un Coca et manger un Panini.
    Il reste un peu moins de 7 kilomètres pour arriver au terme de mon étape. Je suis une petite route qui va devenir une
    piste avec de la tôle ondulée, légèrement caillouteuse. Il y a peu de dénivelés et j'arrive assez vite à Buonconvento.
    Il est 14h30. Je vais directement à l'Hôtel Ghibellino où j'ai réservé une chambre. Il est bien situé et le prix est correct.

    En fin d'après-midi je vais visiter le quartier historique et je dîne sur une terrasse.
    Apéritif "Aperol Spritz", plats régionaux et Chianti à volonté...
     



Hébergement à l'hôtel Ghibellino
Bien situé dans le centre de Buonconvento
Prix raisonnable 


4 coquilles




 Voilà à quoi ressemble un verre d'Aperol Spritz !



    Texte extrait du très beau livre de André Weill :
    "Sur le chemin d'Assise, présence et simplicité" :



    Buonconvento

    Alors, et seulement alors, pousser quelques longs soupirs, s’ébrouer, se lever et accueillir l’inévitable sourire qui
    constate le banal de la situation. Puis finalement entamer la descente vers, le village de
    Buenconvento, le bien
    nommé. Passer sous la porte en brique rouge, entrer dans l’église, allumer une bougie, s’asseoir en silence, poser
    les lunettes de soleil et la casquette auprès de l’ange portant l’inscription
    Dio ti ama. Se laisser couler dans
    le temps. S’effacer dans les larmes à la vue des châles de prières hébraïques recouvrant le lutrin. 

                                                                              
    Quand vous pardonnez, vous avez pris le contrôle sur votre vie,
                                                                                                                           vous avez cessé d'en être une victime


    Émotion persistante face au grand vitrail qui domine l’autel. Lumières de paix et d’universalité avec les visages
    de Charles de Foucaud, Gandhi, Martin Luther King, John Fitzgerald Kennedy, Jean XXIII. Et puis celui de
    Maximilien Marie Kolbe, ce franciscain polonais, qui s'est offert de mourir à la place d'un père de famille dans le
    camp de concentration nazi à Auschwitz. Merci François, tu as fait du bon boulot. Aujourd’hui encore des
    franciscains suivent tes pas dans la grande geste de l’amour, celle de l’ultime don de soi. 


    Rencontre

    Il est tard, la fatigue est plus que là. Avance en confiance, mon bien-aimé. Tu pourras prendre refuge à la paroisse.
    C’est Carmen qui ouvre la porte, la porte qui ouvre à l’intérieur. Tout de suite je remarque le Tau qu’elle porte,
    dévoilant son intention de chemin.


    - Vous êtes André ? Bienvenue ! Je m’appelle Carmen. Ça fait longtemps que je vous attendais ! 


    Par Yod, la main tendue, et par Tau, le signe fraternel, la crise de foi de l’après midi s’évapore dans l’instant.
    Délicatement, la besace réussit son atterrissage.
    Allo la lune, la conscience revient sur terre. Le cauchemar se termine.

    - Bonjour et merci de l’accueil. A vrai dire, Carmen, moi aussi ça faisait plusieurs heures que je m’attendais.
    Me voilà aligné et revenu à proximité de moi-même. Merci.


    Merci Seigneur 

    Cette Main
    Donnée retirée

    Me sont foi

    Et expérience
    Du pardon

    Du réconfort 
    De libération.
     

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