Jeudi 9 Septembre 2021 - Sienne (B&B Il Cepo - 10 km de Sienne)
> Ville di Corsano -  25 km

30ème étape
(Toscane)



    Les Fioretti de Saint François d'Assise

    Comment un gentilhomme, pour la charité qu'il fit à saint François et à son compagnon,
    mérita d'être frère Mineur


    Saint François, serviteur du Christ, arrivant tard un soir à la maison d'un grand et puissant gentilhomme, fut reçu
    et hébergé, lui et son compagnon, avec une très grande courtoisie et dévotion, comme des anges du paradis.
    Pour cela, saint François lui voua une grande affection, considérant que dès son arrivée à la maison, il l'avait étreint
    et embrassé amicalement, et lui avait lavé et essuyé et baisé humblement les pieds, et allumé un grand feu et préparé
    la table avec beaucoup de bons mets. Et pendant qu'ils mangeaient, celui-ci les servait continuellement avec un visage
    joyeux.

    Or, lorsque saint François et son compagnon eurent mangé, ce gentilhomme dit : "Voici, père, je m'offre à vous avec
    tout ce qui m'appartient. Si vous avez besoin de tunique ou de manteau ou de quoi que ce soit, achetez et je paierai.
    Et sachez que je suis prêt à pourvoir à tous vos besoins, car par la grâce de Dieu, je le puis. J'ai en abondance tous
    les biens temporels. Et pour l'amour de Dieu qui me les a donnés, j'en fais volontiers don à ses pauvres".

    Aussi, saint François voyant en lui tant de courtoisie et de tendresse, et ses offres généreuses, conçut pour lui tant
    d'affection, qu'ensuite, à son départ, il s'en allait, disant à son compagnon: "Vraiment ce gentilhomme serait bon
    pour notre compagnie; lui qui a tant de gratitude et de reconnaissance envers Dieu et qui est si tendre et courtois
    envers le prochain et les pauvres. Sache, mon frère bien-aimé, que la courtoisie est une des qualités de Dieu, qui
    donne son soleil et sa pluie aux justes et aux injustes, par courtoisie, et la courtoisie est la sœur de la charité,
    qui éteint la haine et conserve l'amour. Et parce que j'ai trouvé en cet homme de bien tant de vertu divine, je le
    voudrais volontiers pour compagnon. Pour cela, je veux qu'un jour nous retournions chez lui. Il se peut qu'un jour,
    Dieu lui touchât le coeur et qu'il veuille nous accompagner dans le service de Dieu. En attendant, nous prierons
    Dieu qu'il lui mette ce désir au cœur et lui donne la grâce de le réaliser".

    Chose admirable! A peu de jours de là, lorsque saint François eut fait cette prière, Dieu mit ce désir dans le cœur de
    ce gentilhomme. Et saint François dit à son compagnon: "Allons mon frère, chez l'homme courtois, parce que j'ai un
    certain espoir en Dieu, qu'avec cette courtoisie dans les choses temporelles, il se donnera lui-même pour être notre
    compagnon". Et ils y allèrent, et arrivèrent près de sa maison. Saint François dit à son compagnon : "Attends-moi
    un peu, car je veux d'abord prier Dieu qu'il rende notre chemin favorable, et que la noble proie que nous pensons
    retirer du monde, il plaise au Christ de nous l'accorder, à nous pauvres et faibles, par la vertu de sa sainte passion".
    Et cela dit, il se mit en oraison dans un lieu où il pouvait être vu de cet homme plein de courtoisie. Ainsi, comme il
    plut à Dieu, celui-ci, observant çà et là, vit saint François rester très dévotement en oraison devant le Christ, qui lui
    était apparu dans une grande clarté pendant ladite oraison et se tenait devant lui. Et en restant ainsi, il voyait saint
    Françoîs, soulevé de terre corporellement durant un assez long espace de temps. Ce pourquoi il fut si touché de Dieu
    et inspiré de laisser le monde, que, sur-le-champ, il sortit de son palais, et en ferveur d'esprit courut vers saint François.
    Et arrivant près de lui, toujours en oraison, il s'agenouilla à ses pieds et, très instamment avec une très grande dévotion
    il le pria qu'il lui plût de le recevoir pour faire pénitence avec lui.

    Alors saint François, voyant que son oraison était exaucée par Dieu et que ce qu'il désirait lui-même, ce gentilhomme
    le lui demandait avec grande instance, se lève dans la ferveur et la joie de l'esprit, l'étreint et l'embrasse dévotement,
    remerciant Dieu qui d'un tel chevalier avait augmenté sa compagnie. Et ce gentilhomme dit à saint François :
    "Qu'ordonnes-tu que je fasse, mon père ? Voici, je suis prêt à donner aux pauvres, sur ton commandement,
    ce que je possède, et ainsi déchargé de toute affaire temporelle, à suivre le Christ avec toi".

    Et il fit ainsi, selon le commandement et le conseil de saint François, il distribua ses biens aux pauvres et entra dans
    l'Ordre, et il y vécut en grande pénitence et actes de vertu et sainteté de vie.
     

 


Sienne

                                

L'entrée dans la cité historique de Sienne par la Porta Antiporto di Camollia




Ma visite éclair de Sienne en quelques photos...

               






Le Palazzo Salimbeni


Le Palazzo Piccolimini


Sienne a été fondée par Senius et Aschius, fils de Rémus, lui-même frère de Romulus (fondateurs de Rome)
et c'est sans doute la raison pour laquelle on voit presque sur toutes les places
une représentation d'une louve allaitant Romulus et Remus..



Loggia della Mercanzia





La Piazza del Campo


Palazzo Chigi Saracini

                               







Cathédrale Santa Maria Assunta de Sienne


 









Sortie de Sienne par la Porta Tufi e Fontanella

Ci-dessous tryptique de Sienne en s'éloignant...

Après une 1/2 h de marche...


Après une 1h30 de marche...



Après 3 h de marche...



Les beaux alignements de cyprès









                 








>
Pieve di San Giovanni Battista à Ville di Corsano




    Pas de dénivelés importants


    Après un petit déjeuner copieux, je prends à 7h le bord de la route en direction de Sienne qui se trouve d'après un
    panneau que je vois à la sortie de
    mon hébergement à 4,5 kilomètres. Mais je m'aperçois vite que cette distance
    correspond à la limite
    de la commune mais en réalité il me faut marcher 10 kilomètres pour arriver à l'entrée de la ville.

    C'est long et fatigant,  car il y a pas mal de circulation et peu de dégagement sur le bas-côté.
    J'arrive un peu après 9 h à la porte qui marque l'entrée de la cité historique que je traverse alors en admirant les
    magnifiques monuments, les demeures anciennes, les palais ainsi que la Piazza del Campo en forme de coquille
    qui est le centre de la vie urbaine.
    Je vais ainsi jusqu'à la Cathédrale Santa Maria Assunta à l'architecture majestueuse
    et raffinée.
    Je renonce à entrer à l'intérieur car c'est payant et il y a une longue queue en attente...

    Je m'assieds alors sur une terrasse pour prendre le temps de chercher à l'aide de Maps quel peut être mon itinéraire
    pour aller vers
    Ville di Corsano où je retrouverai le chemin. Je trouve une petite route qui m'y mènera directement
    sur
    une distance de 15 kilomètres.

    Je sors un peu à regret car ma visite de cette belle cité a été un peu courte, mais j'ai un bon parcours devant moi...
    Je vais donc marcher pendant un peu plus de 3 h sur le goudron sous un chaud soleil pour arriver à destination.
    Heureusement il y a peu de circulation. J'arrive dans cette localité où je retrouve les balises du chemin d'Assise
    vers 15 h. Il me reste encore 2 kilomètres pour arriver à l'Agristurismo où j'ai réservé une chambre.
    La dame que j'ai eu au téléphone m'avait fait comprendre qu'elle arriverait seulement en fin d'après-midi
    et qu'il me fallait l'attendre.

    Je trouve les clés à l'endroit qu'elle m'avait indiqué et je m'installe sans pouvoir prendre de douche, car l'eau est
    coupée. J'apprendrai plus tard que cet Agriturismo est fermé depuis 18 mois et qu'elle l'a ouvert spécialement pour
    moi ! Mon hôtesse, Monica,  arrive vers 19 h avec un panier pour mon dîner contenant tomates, jambon, fromage,
    pain, raisin et pommes ainsi que 2 bières.

    Comme il faut attendre pour avoir de l'eau chaude je dîne d'abord, ensuite je lave mon linge et je prends ma douche.
    Avant que mon hôtesse ne s'en aille je la remercie vivement pour sa gentillesse et son attention !
    (Elle fait partie de ce que j'ai appelé les Anges du Chemin).
     



Hébergement dans l'Agriturismo Andreini-Belvédère

situé à 2 km de Ville di Corsano
(Fermé depuis 18 mois et ouvert exceptionnellement pour moi)

4 coquilles




L'agriturismo Andreini-Belvédère



    Texte extrait du très beau livre de André Weill :
    "Sur le chemin d'Assise, présence et simplicité" :



    Crete Senesi

    Au sud de Sienne, l’ambiance change radicalement. Les pistes sinueuses traversent des paysages de cratères.
    Parfois des perspectives, agrestes et pastorales, dans lesquelles on devine les sources d’inspiration de l’Ecole
    Siennoise. Paysages de chaumes, semi-désertique, quasi lunaires, qui contrastent avec la générosité des vignes
    et des cyprès.


    Ce sont les
    Crete Senesi, des collines aux formes sensuelles. La faible pluviosité, les fortes températures et les vents
    marins contribuent à un lent travail de sape formant ce paysage si singulier. Quelques rares fermes perdues sur les
    hauteurs, de vastes étendues de pailles aux couleurs changeantes, des troupeaux de moutons qui s’étirent sous la
    courbe du coteau et, de loin en loin, bien campé sur un promontoire, la silhouette d’un village, ceint de remparts
    de briques rouges, une tour de guet, un puissant château, un campanile.


    Ponte a Tressa

    Tout à coup, un orage radical dans le ciel émotionnel. Sans prévenir, apparition d’une grosse fatigue, sans mémoire
    ni raison perçue, juste au moment où on ne s’y attend pas. Les balises disparaissent de mon ciel. Les erreurs
    d’appréciations et les mauvaises décisions se cumulent et résonnent de l’une sur l’autres toute la matinée jusqu’à
    Ponte d’Arbia.
     

    Et me voilà en Pleine Colère, l’âme en sursis, sur une route à fort trafic, à compter les bornes et à respirer le gasoil.
    Perdu, désaligné, sans intériorité. Expérience de la chute. Expérience de la défiance radicale. Comme si la Main et
    le Tau m’avaient lâché, plus rien ne tient debout. Tristesse, sècheresse et dureté envahissent la besace. L’âme a le
    sentiment d’être à nouveau trahie, d’avoir une fois encore raté la marche, d’être restée toute la vie au parking
    souterrain, dans le brouillard, à des kilomètres d’elle-même. Arythmie. Le mental bat la chamade. Vraiment
    étonnante cette perte de la Confiance en la main d’abord donnée, puis aussitôt reprise. Plein d’images de deuils
    et de séparations qui défilent. Une bougie qui s’éteint. Une nuit sans étoiles. Un pain trop rassis. Une montre
    sans aiguille qui bafouille le manque.


    Impossible de savoir le pourquoi du comment de ce qui s’est passé ! C'était le soleil en Toscane et l'hiver dans
    le fond de mon cœur. Quand on a déjà trop marché, quand on ne croit plus au soleil, quand rien ne va plus sur
    le chemin, la machine émotionnelle s’emballe et les bêtises arrivent très vite.


                                                                                             
    On peut donner bien des choses à ceux que l'on aime.
                                                                                                                                 Des paroles, un repos, du plaisir.
                                                                                                Tu m'as donné le plus précieux de tout : le manque.


    Il faut s’arrêter, se blottir au cyprès, même pas le caresser, mais lui parler avec douceur, longtemps. Apprécier
    sa compagnie sans ne rien espérer. Regarder le paysage, le sentir. Revenir à l’expérience directe, à la vastitude
    du vivant. Se réhydrater, manger un fruit ou un biscuit, défaire les chaussures, mettre les chaussettes à l’air libre,
    masser les jambes et les pieds, écrire sur le carnet, respirer, fermer les yeux, écouter le muscle cardiaque, somnoler,
    laisser venir ce qui vient. Attendre le temps nécessaire et se laisser prier.


    Marie, François

    Je vous confie ces trous noirs

    Ces intentions enterrées

    Ces attentions endeuillées

    Ces amours, ces montagnes,

    Ces familles, ces enfants

    Ces génocides et ces shoahs,
     
    Ces bateaux ivres mort

    Nos amours à jamais orphelines
     

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