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J’ai marché pour l’enfant, celui qui comprend
Un Moment de Grâce
Ce matin, petit, j’ai vécu un moment de
grâce…
La brume satinée
Enveloppait les monts,
Le chemin nous menait
Tout droit dans les nuages,
Et nous étions légers
Yeux fermés, nous rêvions.
Devant nous, lentement
Marchaient Trois camarades,
Ils étaient italiens
Nés de ‘Côme’ je crois.
Ils ont voulu prier
Et donner en offrande,
Leur long chemin secret
Et mis les bras en croix.
Mais, moi qui les suivais,
Bourré d’incertitudes,
De questions, d’anxiété
De comment, de pourquoi
Je fus pris de respect
Devant cette attitude,
Tant d’authenticité
Du chemin de leur foi.
Les oiseaux ponctuaient
La quête chaleureuse
Et la brume montait
En strates lumineuses.
Celui qui croyait au ciel, Celui qui n’y croyait pas
Tous deux adoraient la belle
Prisonnière des soldats. *
La belle, ce matin-là petit,
C’était notre commune quête,
La recherche de la vérité
Le cheminement de l’esthète
Un moyen de nous ressourcer.
La seule chose qui vaille la peine
Ne pas tricher,
Ne pas se mentir à soi-même
Et en face se regarder.
Les hommes sont partout les mêmes.
Etincelles d’humanité.
La laideur et la pauvreté,
Fugitivement rencontrées
Au détour de notre sentier :
Etres perdus, déshérités, Il faut savoir les regarder,
Avec amour, avec respect !
Assis sur un banc de pierre
Dans un jardin presque désert
Je regarde pleurer le lierre
Et murmurer un bassin vert
Aux heures et à la demie Le carillon San Nicolãs
Nous rappelle que notre vie
Au lendemain continuera…
* Extrait d’un poème de Louis ARAGON
Portomarin le 3 juin 2004
Alain Puyssegur
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