Extrait du Topo de Jacques Castonguay, mon ami québecois qui a fait ce Chemin en Mai 2007
Le Pont-de-Montvert > Florac
C’est par une superbe
température que je quitte l’auberge pour grimper la colline tout en face. La
montée sur un sentier caillouteux se fait sous l’œil curieux de vaches en
pâturage. Une dizaine se lèvent comme pour faire un bout de chemin avec moi.
Elles s’immobilisent à une barrière que seul je peux franchir et elles me
regardent de façon insistante, dépitées. Me retournant, j’ai une vue magnifique
du village de Pont-de-Montvert et de ses maisons de pierres grises
blotties autour des ponts et des rivières. Un peu essoufflé, je parviens sur le
plateau de Cham de l’Hermet pour y découvrir une belle bergerie avec une
voûte à l’intérieur et solidement campée dans un champs de fleurs. Cette
bergerie est magnifique et le coup d’œil est unique, aussi je m’arrête quelques
minutes pour l’admirer. Deux autres randonneurs y sont déjà, Denis un Savoyard,
guide de montagne et son fils, Jérémy, ingénieur sur une plateforme pétrolière
au Nigéria. Ce sont deux sportifs et grands marcheurs avec entre eux, une belle
affinité et connivence. Ils sont un autre exemple des belles rencontres
possibles sur les chemins de randonnées. A l’occasion et avec plaisir, je
marche et partage quelques repas avec eux. Je descends ensuite dans la vallée
de la Fiarouze pour marcher quelques temps sur un chemin asphaltée avant
d’emprunter une route forestière qui me fait rejoindre le hameau de Champlong-de-Bougès.
Quelques kilomètres plus loin, j’arrive au col de la Planette. Un
peu plus loin, je découvre plusieurs cairns imposants constitués de
pierres noires plates. Ils témoignent de la fréquentation importante du chemin,
le principe étant que chaque marcheur ajoute une pierre à cette sorte de totem
afin de signer à sa façon son passage. Un autre col, celui des Trois
Fayards, me permets d’atteindre une belle crête qui me conduit au Signal
de Bougès, un sommet dénudé à 1421 mètres d’où j’ai une vue imprenable sur
toute la région, sûrement la meilleure de tout mon trajet
Ce sentier des crêtes est vraiment majestueux et il
restera longtemps gravé dans ma mémoire. Partout de belles montagnes et de
vastes forêts. Avec la vallée boisée sur ma gauche, je continue à
avancer sur la crête jusqu’à une cabane en bois, la « baraque à
Bonnal ». Une table à pique-nique m’incite à m’arrêter mais je poursuis,
comptant manger mon casse-croûte plus loin. Je vais le regretter car plus tard,
je ne trouverai qu’une bille de bois cernée d’herbe à puce pour manger un
pique-nique vite expédié. Pour des kilomètres, suit une descente quelque peu
monotone sur un sentier forestier poussiéreux. Il fait chaud, très chaud,
environ 30°c, ce qui fait que j’arrive enfin à Bédouès écrasé de soleil
et assoiffé, mon bidon d’eau complètement vide. Un arrêt à un terrain de
camping me permet de faire le plein avant de compléter le dernier segment du
chemin qui me conduit à Florac, une petite ville d’origine médiévale
bâtie à la conjonction de quatre rivières (Vibron, Tarnon, Mimente, Tarn) et
de voies de communication. Son nom dériverait du latin « Flor
Acqus », « la fleur des eaux ». Au pied des
escarpements dolomitiques du Causse Méjean, Florac est surplombé par
l’impressionnant rocher de Rochefort au pied duquel jaillit une des
principales résurgences de la région, la source du Pêcher (« pesquié »
en occitan veut dire « vivier« ) qui sort d’un gros éboulis par
plusieurs venues d’eau, les griffons. Je vois cette eau couler dans la partie
ancienne de la ville qui est fleurie et magnifique. Je déambule dans les
vieilles rues et effectue une courte visite au château de Florac rebâti en 1652
mais dont les origines remontent au 13ème siècle. Cette ville me
plaît beaucoup et c’est avec plaisir que j’y reviendrais pour une visite plus
exhaustive et pour une marche dans les environs, au Causse Méjean par
exemple. Je couche au gîte d’étape « La Carline » et ceci s’avère un
excellent choix. C’est le plus confortable et le plus agréable gîte de ma
randonnée. Il est propre, clair et bien tenu et l’accueil y est chaleureux.
Aménagé au centre du vieux Florac, il occupe sur trois étages une vieille
maison joliment aménagée par ses propriétaires, un couple dont les
photographies de professionnels décorent les murs. J’y admire de beaux paysages
de la région ainsi que de superbes photos de la flore régionale. Après une
douche, je sors déguster une bonne bière pression près de la source du Pêcher,
à l’ombre d’un grand platane. Quel plaisir et quel bonheur après une éprouvante
journée de marche, de se retrouver dans une ville si belle et si calme. Le
soir, avec Pierre, marcheur descendu au même gîte et employé de banque à Paris,
je sors manger sur une terrasse. Au gîte, une lucarne perce le plafond de ma
chambre et c’est sous les étoiles que je m’endors.
|