9ème étape  -  Jeudi  26 Août 2010 :
 Le-Pont-de-Montvert  > Col du Sapet ( 1080 m) > Florac  (546 m) - 26 km

 


...La vallée même semblait plus agréable au matin et bientôt la route descendit au niveau de la rivière. Alors,

en un endroit où se groupaient plusieurs châtaigniers droits et florissants qui formaient îlot sur une terrasse,
je fis ma toilette dans l'eau du Tarn. Elle était merveilleusement pure, froide à donner le frisson. Les bulles
de savon s'évanouissaient comme par enchantement, dans le courant rapide et les roches rondes toutes blanches
y offraient un modèle de propreté. Me baigner dans une de ces rivières de Dieu en plein air, me paraît une
sorte de cérémonie intime ou l'acte d'un culte demi-païen. Barboter parmi les cuvettes dans une chambre
peut sans doute nettoyer le corps, mais l'imagination n'a point de part à pareil lessivage.
Je poursuivis mon
chemin d'un cœur allègre et pacifié et chantonnant en moi-même des psaumes rythmant ma marche...


Florac même, entouré de collines, est l'une des plus jolies villes que l'on puisse voir, avec son vieux château,
avec sa fontaine jaillissante au flanc de la montagne, son allée de platanes, ses rues curieuses
et une profusion de ponts. En outre, il est renommé pour la beauté de ses femmes
et comme l'une des capitales du pays camisard...


L'aubergiste me conduisit, après le repas, à un café tout proche où ma personne, ou plutôt mon voyage alimenta
la conversation de l'après-midi. Chacun avait ses idées pour me guider et la carte sous-préfectorale
fut amenée de la sous-préfecture même et marquée de nombreuses empreintes de pouces,
au milieu des tasses de café et des verres de liqueur...


(Extrait de "Voyages avec un âne dans les Cévennes"  - Stevenson)
 



Il y a une bonne montée dès le départ de l'étape qui permet un joli coup d'oeil

sur Pont-de-Montvert


On marche ensuite sur un vaste plateau qui fait un peu penser à l'Aubrac


Une bergerie isolée où l'on peut s'abriter en cas d'intempérie


Les rochers se mêlent aux pâturages dans un décor un peu fantastique...


Au loin on aperçoit ces deux mamelons...


J'ai été rejoint par d'autres randonneurs


Suivant les conseils du patron de l'hôtel à Pont-de-Montvert, nous avons pris un raccourci
pour rejoindre le Col du Sapet, mais n'étant pas sûr d'avoir pris le bon chemin
nous discutons un moment pour voir quel itinéraire suivre...


Après une longue traversée de la forêt domaniale de Ramponenche, j'arrive au bord
du Tarn que je traverse par le pont de la Pontèse en laissant sur ma droite Cocurès


La magnifique collégiale de Bédouès fondée au 14ème siècle


Un peu avant d'arriver à Florac, on retraverse le Tarn et ensuite il  y a une
petite portion de chemin qui longe la route nationale


Au cœur de la vieille ville de
Florac


Le château dans lequel se trouve le siège du
Parc National des Cévennes

 

Hébergement au Gîte d'étape "Le Presbytère-La Carline"
(Relais Stevenson)
Accueil et environnement agréable au cœur la ville
3 Coquilles



 


Extrait du Topo de Jacques Castonguay, mon ami québecois qui a fait ce Chemin en Mai 2007

 
Le Pont-de-Montvert > Florac

C’est par une superbe température que je quitte l’auberge pour grimper la colline tout en face. La montée sur un sentier caillouteux
se fait sous l’œil curieux de vaches en pâturage. Une dizaine se lèvent comme pour faire un bout de chemin avec moi.
Elles s’immobilisent à une barrière que seul je peux franchir et elles me regardent de façon insistante, dépitées.
Me retournant, j’ai une vue magnifique du village de Pont-de-Montvert et de ses maisons de pierres grises blotties autour
des ponts et des rivières. Un peu essoufflé, je parviens sur le plateau de Cham de l’Hermet pour y découvrir une belle bergerie
avec une voûte à l’intérieur et solidement campée dans un champs de fleurs. Cette bergerie est magnifique et le coup d’œil
est unique, aussi je m’arrête quelques minutes pour l’admirer. Deux autres randonneurs y sont déjà, Denis un Savoyard,
guide de montagne et son fils, Jérémy, ingénieur sur une plateforme pétrolière au Nigéria. Ce sont deux sportifs et grands
marcheurs avec entre eux, une belle affinité et connivence. Ils sont un autre exemple des belles rencontres possibles sur les
chemins de randonnées. A l’occasion et avec plaisir, je marche et partage quelques repas avec eux. Je descends ensuite dans
la vallée de la Fiarouze pour marcher quelques temps sur un chemin asphaltée avant d’emprunter une route forestière qui me
fait rejoindre le hameau de Champlong-de-Bougès. Quelques kilomètres plus loin, j’arrive au col de la Planette.
Un peu plus loin, je découvre plusieurs cairns imposants constitués de pierres noires plates. Ils témoignent de la fréquentation
importante du chemin, le principe étant que chaque marcheur ajoute une pierre à cette sorte de totem afin de signer à sa façon
son passage. Un autre col, celui des Trois Fayards, me permets d’atteindre une belle crête qui me conduit au Signal de Bougès,
un sommet dénudé à 1421 mètres d’où j’ai une vue imprenable sur toute la région, sûrement la meilleure de tout mon trajet

Ce sentier des crêtes est vraiment majestueux et il restera longtemps gravé dans ma mémoire. Partout de belles montagnes
et de vastes forêts. Avec la vallée boisée sur ma gauche, je continue à avancer sur la crête jusqu’à une cabane en bois,
la « baraque à Bonnal ». Une table à pique-nique m’incite à m’arrêter mais je poursuis, comptant manger mon casse-croûte plus loin.
Je vais le regretter car plus tard, je ne trouverai qu’une bille de bois cernée d’herbe à puce pour manger un pique-nique vite expédié.
Pour des kilomètres, suit une descente quelque peu monotone sur un sentier forestier poussiéreux. Il fait chaud, très chaud,
environ 30°c, ce qui fait que j’arrive enfin à Bédouès écrasé de soleil et assoiffé, mon bidon d’eau complètement vide. Un arrêt à un
terrain de camping me permet de faire le plein avant de compléter le dernier segment du chemin qui me conduit à Florac, une petite
ville d’origine médiévale bâtie à la conjonction de quatre rivières (Vibron, Tarnon, Mimente, Tarn) et de voies de communication.
Son nom dériverait du latin « Flor Acqus », « la fleur des eaux ». Au pied des escarpements dolomitiques du Causse Méjean,
Florac
est surplombé par l’impressionnant rocher de Rochefort au pied duquel jaillit une des principales résurgences de la région,
la source du Pêcher (« pesquié » en occitan veut dire « vivier« ) qui sort d’un gros éboulis par plusieurs venues d’eau, les griffons.
Je vois cette eau couler dans la partie ancienne de la ville qui est fleurie et magnifique. Je déambule dans les vieilles rues et effectue
une courte visite au château de Florac rebâti en 1652 mais dont les origines remontent au 13ème siècle. Cette ville me plaît beaucoup
et c’est avec plaisir que j’y reviendrais pour une visite plus exhaustive et pour une marche dans les environs, au Causse Méjean
par exemple. Je couche au gîte d’étape « La Carline » et ceci s’avère un excellent choix. C’est le plus confortable et le plus agréable
gîte de ma randonnée. Il est propre, clair et bien tenu et l’accueil y est chaleureux. Aménagé au centre du vieux Florac,
il occupe sur trois étages une vieille maison joliment aménagée par ses propriétaires, un couple dont les photographies de
professionnels décorent les murs. J’y admire de beaux paysages de la région ainsi que de superbes photos de la flore régionale.
Après une douche, je sors déguster une bonne bière pression près de la source du Pêcher, à l’ombre d’un grand platane. Quel plaisir
et quel bonheur après une éprouvante journée de marche, de se retrouver dans une ville si belle et si calme. Le soir, avec Pierre,
marcheur descendu au même gîte et employé de banque à Paris, je sors manger sur une terrasse.
Au gîte, une lucarne perce le plafond de ma chambre et c’est sous les étoiles que je m’endors.

 


 


Automne

Dans le brouillard s'en vont un paysan cagneux
Et son boeuf lentement dans le brouillard d'automne
Qui cache les hameaux pauvres et vergogneux

Et s'en allant là-bas le paysan chantonne
Une chanson d'amour et d'infidélité
Qui parle d'une bague et d'un coeur que l'on brise

Oh! l'automne l'automne a fait mourir l'été
Dans le brouillard s'en vont deux silhouettes grises

Guillaume Apollinaire (1880 - 1918)



 Guillaume Apollinaire par Marie Laurencin

 

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