6ème étape  - Lundi 23 Août 2010 :
  La Bastide-Puylaurent > N.D. des Neiges > Chasseradès (1150 m) - 15 km

 


"...Je n'avais pas progressé bien loin que le vent m'apportait le tintement d'une cloche et je ne sais comment,
je ne saurais qu'à peine dire pouquoi, mon coeur, à ce bruit, se serra dans ma poitrine. J'ai rarement éprouvé
plus d'angoisse sincère qu'en approchant ce monastère de Notre-Dame-des-Neiges. Est-ce d'avoir reçu une
éducation protestante ? Et soudain, à un tournant, une crainte m'envahit de la tête aux pieds - crainte
superstitieuse, crainte d'esclave. Bien que ne cessant d'avancer, je continuais pourtant avec lenteur,
comme un homme qui aurait franchi, sans y prêter attention, une frontière et s'égarerait au pays de la mort.
Là, en effet sur une étroite route nouvellement ouverte, entre les pins adolescents, il y avait un moine médiéval
se démenant avec une brouettée d'herbe... Il était enrobé de blanc comme un fantôme et le capuchon,
retombé sur son dos dans son effort à pousser la brouette, découvrait un crâne aussi chauve et jaune qu'une
tête de mort. Il aurait pu être enterré quelque temps voici mille ans et toutes les parcelles de vie de son être
réduites en poussière et brisées au contact de la herse d'un cultivateur...
Toutefois, m'approchant, j'ôtai ma casquette devant lui avec une déférence superstitieuse, issue du fond
des siècles . Il me fit un léger salut en retour et cordial s'adressa à moi. Est-ce que je me rendais au couvent ?

Qui étais-je ?  Un Anglais ? Ah! un Irlandais, alors ?
- Non, dis-je, un Ecossais...

(Extrait de "Voyages avec un âne dans les Cévennes"  - Stevenson)
 



La Trappe de Notre-Dame-des-Neiges




 
    
Dans la petite chapelle il y de beaux vitraux et le Père Charles de Foucauld est bien présent

    
 
Ce petit détour par N.D. des Neiges dans ce lieu emprunt de silence et de sérénité
restera gravé dans nos coeurs... 



Le temps est un peu nuageux, il fait frais et les paysages ont de quoi combler le marcheur.
Il ya de belles forêt de hêtres et une fois arrivé sur le plateau, des plantations de sapins
et de grandes étendues de landes...




 

Le rocher de la Réchaubo, à 1318 mètres d'altitude, une miniature des "Dentelles de Montmirail"

   


Le viaduc de Mirandol, le plus grand ouvrage d'art sur la voie ferroviaire Mende-La Bastide,
qui passe à 1215 mètres d'altitude


Un groupe de marcheurs que l'on retrouve le soir au Relais de Modestine à
Chasseradès


Ce petit chat a été adopté...
 

Hébergement au "Relais de Modestine" (Relais Stevenson)
Chambre et table d'hôtes
Cadre agréable et dîner digne d'un bon restaurant
4 Coquilles



 


Extrait du Topo de Jacques Castonguay, mon ami québecois qui a fait ce Chemin en Mai 2007

La Bastide-Puylaurent > Chasseradès

Prévoyant un départ tôt, j’avais obtenu à l’avance un thermos de café pour mon petit déjeuner, ce qui fait qu’à 07h00,
fidèle à ma devise chinoise, « A Galloping Horse never stops » je suis dehors, repassant devant la gare pour débuter ma 5ème
journée de marche. C’est d’abord dans le brouillard, une montée de plus de 300 mètres d’altitude qui me casse un peu les jambes
mais que je négocie rapidement. Parvenu au sommet de la Mourade et au plateau de Chanboune, je retrouve une belle
et jeune plantation de pins. Alors que le soleil perce timidement le brouillard, je m’engage dans la belle forêt domaniale
de La Gardille. Encore une fois, je suis frappé par la qualité et l’importance des forêts françaises. Suivent ensuite une descente
jusqu’au hameau de Chabalier et une marche sur terrain plat jusqu’à Chasseradès. Depuis le matin, j’ai couvert 12 kilomètres
et c’est à l’ombre de l’église Saint-Blaise dont la construction romane remonte au 12ème siècle et au bord d’un éblouissant champ
de fleurs sauvages jaunes, roses et blanches que je dépose le sac pour mon pique-nique. Le soleil est maintenant haut et bon
et je vis là un autre grand moment de paix et de sérénité. Les grands marcheurs comprennent ce que je veux dire.

De retour sur le sentier, je parviens rapidement au village de
Mirandol  blotti autour et sous l’imposant et magnifique
viaduc de Mirandol.
A 1215 mètres d’altitude, c’est le plus grand ouvrage d’art sur la voie ferroviaire Mende - La Bastide.
Sa mise en opération posa beaucoup de difficultés à cause de l’accumulation de neige sur la voie en hiver et ceci nécessita
la construction par endroits de galeries couvertes. En septembre 1878, à Chasseradès, Stevenson partagea une chambre
avec les ingénieurs préparant la construction de ce viaduc.

 


 


La mort des pauvres

C'est la Mort qui console, hélas ! et qui fait vivre ;
C'est le but de la vie, et c'est le seul espoir
Qui, comme un élixir, nous monte et nous enivre,
Et nous donne le coeur de marcher jusqu'au soir ;

A travers la tempête, et la neige, et le givre,
C'est la clarté vibrante à notre horizon noir ;
C'est l'auberge fameuse inscrite sur le livre,
Où l'on pourra manger, et dormir, et s'asseoir ;

C'est un Ange qui tient dans ses doigts magnétiques
Le sommeil et le don des rêves extatiques,
Et qui refait le lit des gens pauvres et nus ;

C'est la gloire des Dieux, c'est le grenier mystique,
C'est la bourse du pauvre et sa patrie antique,
C'est le portique ouvert sur les Cieux inconnus !

Charles Baudelaire
 

 

 

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