Jeudi 8 Mai 2008  -  Aldenueva del Camino > Calzada de Bejar (23,5 km)



.....et voici au bout de ce petit matin ma prière virile
que je n’entende ni les rires ni les cris,
les yeux fixés sur cette ville que je prophétise, belle,
donnez-moi la foi sauvage du sorcier
donnez à mes mains puissance de modeler
donnez à mon âme la trempe de l’épée
je ne me dérobe point. Faites de ma tête une tête de proue
et de moi-même, mon cœur, ne faites ni un père,
ni un frère,
ni un fils, mais le père, mais le frère, mais le fils,
ni un mari, mais l’amant de cet unique peuple.

Faites-moi rebelle à toute vanité, mais docile à son génie
comme le poing à l’allongée du bras !
Faites-moi commissaire de son sang
faites-moi dépositaire de son ressentiment
faites de moi un homme de terminaison
faites de moi un homme d’initiation
faites de moi un homme de recueillement
mais faites aussi de moi un homme d’ensemencement

faites de moi l’exécuteur de ces œuvres hautes
voici le temps de se ceindre les reins comme un vaillant homme –

Mais les faisant, mon cœur, préservez-moi de toute haine
ne faites point de moi cet homme de haine pour qui je n’ai que haine
car pour me cantonner en cette unique race
vous savez pourtant mon amour tyrannique
vous savez que ce n’est point par haine des autres races
que je m’exige bêcheur de cette unique race
que ce que je veux
c’est pour la faim universelle
pour la soif universelle

la sommer libre enfin
de produire de son intimité close
la succulence des fruits.


Extait du "Cahier d'un retour au pays natal"  -  Aimé Césaire



  •                    
    Vues sur Baños de Montemayor



    La grimpée du couple d'italiens sur la Calzada Romana



    Un couple de français sur cette même Calzada...



    Je les attends au pied de ce calvaire où je fais une bonne pause


                       
    Sur ce chemin on est toujours en bonne compagnie...



    Un beau spécimen de Dolmen (Sépulture mégalithique préhistorique)






    Le Pont médiéval de la Malena


                       
                                     Les panneaux bi-directionnels...                                    Une ruelle de Calzada de Béjar avec son architecture rurale de montagne


                       
    Le dîner et la soirée au coin du feu
    (Avec un couple de français, un couple d'autrichiens, un couple d'italiens, 2 allemands et mes compagnons José et Raphaël)





     


    Les 9 premiers kilomètres se font le long de la Nationale 630. Il y a peu de véhicules le matin de bonne heure,
    et de plus l'autoroute allant dans la même direction est assez proche, ce qui rend cette nationale peu fréquentée.
    Après Baños de Montemayor, petite station thermale déjà connue sous l'Empire Romain pour ses eaux sulfureuses
    et très minéralisées, il y a une ancienne "Calzada Romana" qui grimpe assez raide  
    jusqu'à un calvaire propice à une pause, avec une belle vue sur la cité.

    Un peu plus loin, on arrive au "Puerto de Béjar", col situé à 900 m d'altitude et qui délimite l'Extremadure
    de la Castille-Leon. Le reste de l'étape est très agréable, dans un paysage qui fait penser à l'Ardèche,
    avec des châtaigniers, des prairies en pente très vertes et au fond de la vallée une belle rivière.
    Il y a une dernière montée d'un kilomètre pour arriver à l'albergue de Calzada de Bejar petit village
    situé à 800 mètres. Heureusement, l'auberge est accueillante et on passera avec les autres pèlerins
    une bonne soirée autour de la cheminée pendant que dehors la pluie s'est mise à tomber....

     

     


    Hébergement à l'albergue "Refugio Alba-Soraya. Grand salon-salle à manger avec une
    cheminée. Bon accueil par l'hospitalera Manuela.
    Il y a des chambres et un dortoir. J'ai payé pour 2 repas, une nuit et le petit déjeuner 26 Euros.

    4 Coquilles
     

     


    L'arbre est puissant et doux.
    Il porte des étoiles.
    Un jour, sauvagement, j'ai pris l'arbre en mes bras.
    J'ai baisé son feuillage
    En prononçant tout bas
    Des mots que l'azur seul m'autorise à redire
    Des mots qui n'ont de sens qu'au moment du délire
    Puis, nous nous sommes tus, longuement, tous les deux
    Et j'ai senti sous moi trembler le corps d'un dieu.


    Armand Bernier







  • L'arbre

    Il y avait autrefois de l'affection, de tendres sentiments,
    C'est devenu du bois.
    Il y avait une grande politesse de paroles,
    C'est du bois maintenant, des ramilles, du feuillage.
    Il y avait de jolis habits autour d'un coeur d'amoureuse
    Ou d'amoureux, oui, quel était le sexe ?
    C'est devenu du bois sans intentions apparentes
    Et si l'on coupe une branche et qu'on regarde la fibre
    Elle reste muette
    Du moins pour les oreilles humaines,
    Pas un seul mot n'en sort mais un silence sans nuances
    Vient des fibrilles de toute sorte où passe une petite fourmi

    Comme il se contorsionne l'arbre, comme il va dans tous les sens,
    Tout en restant immobile !
    Et par là-dessus le vent essaie de le mettre en route,
    II voudrait en faire une espèce d'oiseau bien plus grand que nature
    Parmi les autres oiseaux
    Mais lui ne fait pas attention,
    II faut savoir être un arbre durant les quatre saisons,
    Et regarder, pour mieux se taire,
    Ecouter les paroles des hommes et ne jamais répondre,
    Il faut savoir être tout entier dans une feuille
    Et la voir qui s'envole.


    Jules Supervielle


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