Mercredi 22 Août 2012 : Bénévent l'Abbaye > Les Billanges - 26 km

 


    Vigilance


    A Paris la tour Saint-Jacques chancelante
    Pareille à un tournesol
    Du front vient quelquefois heurter la Seine et son ombre glisse
    imperceptiblement parmi les remorqueurs
    A ce moment sur la pointe des pieds dans mon sommeil
    Je me dirige vers la chambre où je suis étendu
    Et j'y mets le feu
    Pour que rien ne subsiste de ce consentement qu'on m'a arraché
    Les meubles font alors place à des animaux de même taille
    qui me regardent fraternellement
    Lions dans les crinières desquels achèvent de se consumer les chaises
    Squales dont le ventre blanc s'incorpore le dernier frisson des draps
    A l'heure de l'amour et des paupières bleues
    Je me vois brûler à mon tour je vois cette cachette solennelle de riens
    Qui fut mon corps
    Fouillé par les becs patients des ibis du feu
    Lorsque tout est fini j'entre invisible dans l'arche
    Sans prendre garde aux passants de la vie qui font sonner très loin leurs pas traînants
    Je vois les arêtes du soleil
    A travers l'aubépine de la pluie
    J'entends se déchirer le linge humain comme une grande feuille
    Sous l'ongle de l'absence et de la présence qui sont de connivence
    Tous les métiers se fanent il ne reste d'eux qu'une dentelle parfumée
    Une coquille de dentelle qui a la forme parfaite d'un sein
    Je ne touche plus que le coeur des choses je tiens le fil


    André Breton  - "Le revolver à cheveux blancs"
     



Denis émerge des brumes matinales


Eglise de
Marsac


La végétation est luxuriante


Le bonheur d'être pèlerin sur ces beaux petits chemins...

     
La lanterne des morts de Saint-Goussaud


Église de
Saint-Goussaud

             
C'est le point culminant le la Voie de Vézelay dans les
Monts d'Ambazac





Dans la voie de Vézelay, on n'est quand même pas toujours sur du goudron !

     
Les Billanges, terme de cette étape





Avec Françoise notre hôtesse

 


    Cette étape nous fait cheminer sur une partie des Monts d'Ambazac
    avec un passage au Mont Jouër qui est le point culminant
    de cette voie de Vézelay (697 m). Traversée de
    Marsac, Arrènes, l'Abbaye
    Saint-Goussaud
    avec sa lanterne des morts qui servait à orienter les pèlerins
    et les voyageurs dans la nuit. Un peu avant
    Les Billanges, on quitte
    le département de la
    Creuse pour entrer dans la Haute-Vienne.

 


    L'tinéraire suit des petites routes paisibles à travers des paysages vallonnés
    avec de
    nombreux passages en forêt. Après l'Abbaye, le chemin grimpe pendant un moment
    jusqu'à 660 m. A Saint-Goussaud on fait une pause au Bar, (Je chemine avec Denis...)
    et on admire cette lanterne des morts située près du cimetière qui avait comme autre
    fonction d'empêcher la mort de rôder dans les parages...
    On quitte alors le Chemin balisé pour suivre le GR654 qui nous fait éviter le détour
    par Châtelus-le-Marcheix. On monte encore jusqu'au Mont Jouër en suivant des sentiers
    à travers bois. On apprécie un peu de fraîcheur et on en profite pour faire une pause
    pique-nique. On rejoint le Chemin balisé vers La Maisonnieux puis traversée de hameaux
    avant d'arriver aux Billanges vers 14h30.  Lionel et Josiane, pèlerins de Sarreguemines
    nous ont précédé et attendent derrière l'église. On va tous les quatre à l'Accueil
    "Chez Françoise" où on est accueilli par le jardinier qui nous installe dans le gîte.
    Françoise, notre hôtesse arrive un peu plus tard. Elle nous prépare un bon dîner
    et on passe tous ensemble une bonne soirée avec échange de peintures et de poèmes !


Accueil pèlerins des Billanges - Chez Françoise Villegoureix
Nous sommes chez une artiste peintre et l'ambiance est chaleureuse
Plusieurs chambres - Dîner préparé par notre hôtesse
4 coquilles

 


    Toujours pour la première fois

     
    Toujours pour la première fois
    C’est à peine si je te connais de vue
    Tu rentres à telle heure de la nuit dans une maison oblique à ma fenêtre
    Maison tout imaginaire
    C’est là que d’une seconde à l’autre
    Dans le noir intact
    Je m’attends à ce que se produise une fois de plus la déchirure fascinante
    La déchirure unique
    De la façade et de mon cœur
    Plus je m’approche de toi
    En réalité
    Plus la clé chante à la porte de la chambre inconnue
    Où tu m’apparais seule
    Tu es d’abord tout entière fondue dans le brillant
    L’angle fugitif d’un rideau
    C’est un champ de jasmin que j’ai contemplé à l’aube
    sur une route des environs de Grasse
    Avec ses cueilleuses en diagonale
    Derrière elles l’aile sombre tombante des plants dégarnis
    Devant elles l’équerre de l’éblouissant
    Le rideau invisiblement soulevé
    Rentrent en tumulte toutes les fleurs
    C’est toi aux prises avec cette heure trop longue jamais
    assez trouble jusqu’au sommeil
    Toi comme si tu pouvais être
    La même à cela près que je ne te rencontrerai peut-être jamais
    Tu fais semblant de ne pas savoir que je t’observe
    Merveilleusement je ne suis plus sûr que tu le sais
    Ton désœuvrement m’emplit les yeux de larmes
    Une nuée d’interprétations entoure chacun de tes gestes
    C’est une chasse à la miellée
    Il y a des rocking-chairs sur un pont il y a des branchages
    qui risquent de t’égratigner dans la forêt
    Il y a dans une vitrine rue Notre-Dame-de-Lorette
    Deux belles jambes croisées prises dans de hauts bas
    Qui s'évasent au centre d’un grand trèfle blanc
    Il y a une échelle de soie déroulée sur le lierre
    Il y a
    Qu’à me pencher sur le précipice et de ton absence
    J’ai trouvé le secret
    De t’aimer
    Toujours pour la première fois

    André Breton  - "L'air de l'eau"
     

 

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