Dimanche 7 Août - Arija  > Olea - 32 km
(Interruption au km 24 suite à une chute avec luxation de l'épaule)

7ème étape

 


    El grande amor, medroso, desconfía; el pequeño, con tino, es atrevido.
     
    Le grand amour, peureux, se méfie. Le petit amour, sage, est intrépide.

    Fernando de Herrera
     

 


                         

Aube et émergence de l'astre solaire sur l'Embalse del Ebro en 7 tableaux.......























Iglesia de Santa Juliana à Llano (Au km 3,6)



Quelques vues de ce grand lac de barrage...








Ermita del Avellanal





Tour octogonale qui émerge des eaux de l'Embalse del Ebro à Villanueva de las Rozas (Au km 7,5)












Iglesia de Arroyo (Au km 12)



Encore quelques vues de ce lac de Barrage et ses environs....















Iglesia de Santa Maria à Retortillo (Km 20)

                                      



Statue de Saint Roch


Je commence à monter au milieu de ces pâturages où se trouvent des troupeaux de chevaux






La piste continue de monter et va traverser une forêt...






Dernière photo avant ma chute !...


C'est l'endroit de ma chute, 3km avant Cervatos localité située à 5km d'Olea terme de l'étape
(À l'intersection de la trace rouge et du trait noir horizontal)


    Dénivelé + 400 m (approximativement jusqu'à ma chute...))

    Je quitte le camping d'Arija à 6h. La première partie de l'étape est facile et agréable, sur un parcours qui longe l'Embalse
    du Rio Ebro. Marcher pendant 15 km sur du goudron... ça use.. ça use les souliers et ça fatigue les pieds, mais c'est compensé
    par le magnifique panorama qu'offre ce lac de barrage, comme vous pouvez voir sur les photos...
    Je traverse plusieurs localités qui offrent aires de repos et fontaines.
    Puis je quitte les bords du lac pour arriver à Retortillo où se trouve cette belle église romane du 12ème siècle où j'ai pu admirer
    les sculptures sur le porche et une belle statue de Saint-Roch. C'est également dans cette localité que se trouvent les vestiges
    archéologiques d'une ancienne ville romaine du nom de
    Juliobriga.
    Pas loin de là, le plus grand fleuve d'Espagne, le
    Rio Ebro prend sa source à Fontibre.

    La deuxième partie de l'étape s'annonce un peu plus difficile avec quelques bons dénivelés.
    Il y a de vastes espaces de pâturages avec des troupeaux de vaches et ce qui est plus rare, des troupeaux de chevaux.
    J'ai appris que c'est une région où l'on consomme de la viande de cheval !
    La piste grimpe ensuite à travers une forêt et débouche sur une steppe où poussent seulement quelques arbustes.
    Je me sens en super forme et cette longue étape que j'appréhendais un peu, finalement je la parcours sans difficulté.
    Un moment d'inattention, en regardant l'application sur mon smartphone, je m'aperçois que j'ai dévié un peu, je reviens
    sur mes pas et je prends un sentier qui grimpe légèrement. Je vérifie à nouveau sur mon smartphone pour m'assurer que
    je suis sur l'itinéraire et c'est là que TOUT BASCULE !
    Je bute sur une malencontreuse racine et c'est une chute brutale de tout mon long... Je mets quelques instants à réaliser ce qui
    s'est passé... Je saigne d'une lèvre et surtout j'ai une douleur intense au niveau de l'épaule droite. Je sens qu'elle est déboitée
    et je ne peux pas bouger... Je mets un moment à réaliser ce qui m'est arrivé... Est-ce pour moi la fin du Chemin ?

    J'arrive avec difficulté à me libérer du sac et à m'asseoir sur le rebord du sentier. Je sens bien que je ne peux pas continuer...
    J'appelle le 112, je leur donne ma position, et une heure après, arrivent les pompiers guidés par mes coups de sifflet.
    Le plus dur, ça a été la descente avec leur 4*4 par les pistes au milieu des pâturages, avec la douleur que chaque cahot ravivait.
    Arrivés en bas, une ambulance m'attendait pour me conduire à l'hôpital de
    Reinosa où j'ai été pris en charge avec diligence
    et gentillesse. Après la radio, le médecin pendant qu'on m'avait endormi m'a remis en place l'épaule sans que je m'aperçoive
    de rien et sans aucune douleur. J'étais tellement étonné de retrouver mon épaule remise en place que j'ai dit au médecin :
    "Mais, vous êtes un magicien !" Je veux ici encore remercier chaleureusement l'équipe de soignants de ce petit hôpital qui
    a été vraiment au Top !!!
    Ensuite, je suis allé en taxi à la Casa Miguel à
    Olea, là où j'avais réservé et où on m'a chouchouté !
     

 

Hébergement à la Casa Miguel à Olea
C’est là où j’ai dormi après ma chute.
J’ y
suis allé en taxi depuis l’hôpital de Reinosa.
J’y ai été très bien accueilli !


5 coquilles

 



Une dernière vue sur l'embalse del Ebro...


    Pablo Neruda

    La Canción desesperada


    Emerge tu recuerdo de la noche en que estoy.
    El río anuda al mar su lamento obstinado.

    Abandonado como los muelles en el alba.
    Es la hora de partir, oh abandonado!

    Sobre mi corazón llueven frías corolas.
    Oh sentina de escombros, feroz cueva de náufragos!

    En ti se acumularon las guerras y los vuelos.
    De ti alzaron las alas los pájaros del canto.

    Todo te lo tragaste, como la lejanía.
    Como el mar, como el tiempo. Todo en ti fue naufragio!

    Era la alegre hora del asalto y el beso.
    La hora del estupor que ardía como un faro.

    Ansiedad de piloto, furia de buzo ciego,
    turbia embriaguez de amor, todo en ti fue naufragio!

    En la infancia de niebla mi alma alada y herida.
    Descubridor perdido, todo en ti fue naufragio!

    Te ceñiste al dolor, te agarraste al deseo.
    Te tumbó la tristeza, todo en ti fue naufragio!

    Hice retroceder la muralla de sombra,
    anduve más allá del deseo y del acto.

    Oh carne, carne mía, mujer que amé y perdí,
    a ti en esta hora húmeda, evoco y hago canto.

    Como un vaso albergaste la infinita ternura,
    y el infinito olvido te trizó como a un vaso.

    Era la negra, negra soledad de las islas,
    y allí, mujer de amor, me acogieron tus brazos.

    Era la sed y el hambre, y tú fuiste la fruta.
    Era el duelo y las ruinas, y tú fuiste el milagro.

    Ah mujer, no sé cómo pudiste contenerme
    en la tierra de tu alma, y en la cruz de tus brazos!

    Mi deseo de ti fue el más terrible y corto,
    el más revuelto y ebrio, el más tirante y ávido.

    Cementerio de besos, aún hay fuego en tus tumbas,
    aún los racimos arden picoteados de pájaros.

    Oh la boca mordida, oh los besados miembros,
    oh los hambrientos dientes, oh los cuerpos trenzados.

    Oh la cópula loca de esperanza y esfuerzo
    en que nos anudamos y nos desesperamos.

    Y la ternura, leve como el agua y la harina.
    Y la palabra apenas comenzada en los labios.

    Ése fue mi destino y en él viajó mi anhelo,
    y en él cayó mi anhelo, todo en ti fue naufragio!

    Oh sentina de escombros, en ti todo caía,
    qué dolor no exprimiste, qué olas no te ahogaron.

    De tumbo en tumbo aún llameaste y cantaste
    de pie como un marino en la proa de un barco.

    Aún floreciste en cantos, aún rompiste en corrientes.
    Oh sentina de escombros, pozo abierto y amargo.

    Pálido buzo ciego, desventurado hondero,
    descubridor perdido, todo en ti fue naufragio!

    Es la hora de partir, la dura y fría hora
    que la noche sujeta a todo horario.

    El cinturón ruidoso del mar ciñe la costa.
    Surgen frías estrellas, emigran negros pájaros.

    Abandonado como los muelles en el alba.
    Sólo la sombra trémula se retuerce en mis manos.

    Ah más allá de todo. Ah más allá de todo.

    Es la hora de partir. Oh abandonado!
     




    La chanson désespérée


    Ton souvenir émerge de la nuit où je suis,
    Le fleuve noue sa lamentation obstinée à la mer.

    Abandonné comme les quais dans l'aube,
    C'est l'heure de partir, oh abandonné !

    Sur mon cœur pleuvent de froides corolles.
    Ô sentine de décombres, féroce grotte de naufragés !

    En toi s'accumulèrent les guerres et les envols.
    De toi déplièrent leurs ailes les oiseaux du chant.

    Tu as tout englouti, comme le lointain.
    Comme la mer, comme le temps. Tout en toi fut naufrage !

    C'était l'heure joyeuse de l'assaut et le baiser.
    L'heure de la stupeur ardente comme un phare.

    Anxiété de pilote, furie de plongeur aveugle,
    trouble ivresse d'amour, tout en toi fut naufrage !

    Dans l'enfance de brouillard mon âme ailée et blessée.
    Découvreur perdu, tout en toi fut naufrage.

    Tu enlaças la douleur, tu t'agrippas au désir,
    la tristesse te coucha, tout en toi fut naufrage !

    J'ai fait reculer la muraille d'ombre,
    j'ai marché au-delà du désir et de l'acte.

    Ô chair, ma chair, femme que j'ai aimée et perdue,
    c'est toi dans cette heure humide que j'évoque et fais chant.

    Comme un vase tu abritas l'infinie tendresse,
    et l'oubli infini te réduisit en miettes comme un vase.

    J'étais la noire, noire solitude des îles,
    et là, femme d'amour, m'accueillirent tes bras.

    J'étais la soif et la faim, et toi tu fus le fruit.
    J'étais le deuil et les ruines, et toi tu fus le miracle.


    Ah femme, je ne sais comment tu pus me contenir
    dans la terre de ton âme, et dans la croix de tes bras !

    Mon désir de toi fut le plus terrible et court,
    le plus désordonné et soûl, le plus tendu et avide.

    Cimetière de baisers, il y a encore du feu dans tes tombes,
    les grappes resplendissent encore picorées d'oiseaux.

    Oh la bouche mordue, oh les membres baisés,
    oh les dents affamées, oh les corps tressés.

    Oh l'accouplement fou d'espoir et d'effort
    en lequel nous nous sommes noués et désespérés.

    Et la tendresse, légère comme l'eau et la farine.
    Et le mot à peine commencé sur les lèvres.

    Cela fut mon destin et en lui voyagea mon désir ardent.
    et en lui chuta mon désir ardent, tout en toi fut naufrage !

    Ô sentine de décombres, en toi tout chutait,
    quelle douleur n'exprimas-tu pas,
    quelles vagues ne te noyèrent pas !

    De cahot en cahot tu continuas à flamboyer et à chanter.
    Debout comme un marin à la proue d'un bateau.

    Encore tu fleuris en chants, encore tu t'épanchas en courants.
    Ô sentine de décombres, puits ouvert et amer.

    Pâle plongeur aveugle, infortuné frondeur,
    découvreur perdu, tout en toi fut naufrage !

    C'est l'heure de partir, l'heure dure et froide
    que la nuit fixe aux petites aiguilles des montres.

    La ceinture bruyante de la mer enserre la côte.
    Surgissent de froides étoiles, émigrent de noirs oiseaux.

    Abandonné comme les quais dans l'aube.
    Seule l'ombre tremblante se contorsionne dans mes mains.

    -Ah au-delà de tout. Ah au-delà de tout.

    C'est l'heure de partir. Ô abandonné !

     

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 Pour voir la suite du Chemin en 2023 

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