Mercredi 2 Septembre 2015 : Las Pedroñeras > El Toboso (28,5 km)

 


    Quand on a que l'amour

    Quand on n'a que l'amour
    A s'offrir en partage
    Au jour du grand voyage
    Qu'est notre grand amour

    Quand on n'a que l'amour
    Mon amour toi et moi
    Pour qu'éclatent de joie
    Chaque heure et chaque jour

    Quand on n'a que l'amour
    Pour vivre nos promesses
    Sans nulle autre richesse
    Que d'y croire toujours

    Quand on n'a que l'amour
    Pour meubler de merveilles
    Et couvrir de soleil
    La laideur des faubourgs

    Quand on n'a que l'amour
    Pour unique raison
    Pour unique chanson
    Et unique secours

    Quand on n'a que l'amour
    Pour habiller matin
    Pauvres et malandrins
    De manteaux de velours

    Quand on n'a que l'amour
    A offrir en prière
    Pour les maux de la terre
    En simple troubadour

    Quand on n'a que l'amour
    A offrir à ceux-là
    Dont l'unique combat
    Est de chercher le jour

    Quand on n'a que l'amour
    Pour tracer un chemin
    Et forcer le destin
    A chaque carrefour

    Quand on n'a que l'amour
    Pour parler aux canons
    Et rien qu'une chanson
    Pour convaincre un tambour

    Alors sans avoir rien
    Que la force d'aimer
    Nous aurons dans nos mains,
    Amis le monde entier


    Jacques Brel




Un soleil de feu qui m'accompagne au cours des premiers kilomètres...


Au loin, Las Pedroñeras que je viens de quitter...


Et la journée s'annonce belle...


Le traditionnel taureau que l'on aperçoit souvent le long des routes


Ce moulin à vent à l'entrée du pueblo El Pedernoso


L'église de El Pedernoso


...
et le célèbre couple qui est présent dans tous les lieux publics !

   
Nos chemins se séparent...





L'église de Santa Maria de los Llanos





Vignes et oliviers qui s'alternent dans cette belle campagne...


Les célèbres moulins à vent de Mota del Cuervo


Une belle demeure transformée en musée à Mota del Cuervo





Toujours ces grands espaces qui renforcent encore le sentiment de solitude !...


Ce clocher annonce El Toboso, la fin de l'étape


L'église de El Toboso


Saint-Jacques matamore...


...
dans l'église de El Toboso


Don Quichotte et Dulcinée


    Je quitte l'Hostal à 6h.  J'achète à la station Repsol de l'eau, de la Horchata et des biscuits puis je marche pendant un
    kilomètre sur la Nationale avant de retrouver le Chemin. Mon esprit navigue entre les pistes du Levante et les plaines
    sibériennes que traverse le Transsibérien...Comme chaque matin j'enchaîne les 500 lignes de ce grand texte de Cendrars ! 

    En marchant, la mémorisation s'intègre plus profondément dans chaque partie de  mon corps et je suis comme transfusé par cette folle aventure du poète et de sa compagne la petite Jeanne de France !

    Ce matin, la campagne qui s'étend au long des champs labourés baigne dans une douce fraîcheur !

    Vers 8h30 j'arrive au premier pueblo, El Pedernoso, avec à l'entrée un moulin à vent et sur la place de l'Ayuntamiento
    les statues en bronze de Don Quijote et Sancho Pança ! Un bar est ouvert et je prends mon petit déjeuner.


    Pour sortir de ce pueblo, le balisage est absent et je me dirige en suivant mon intuition...Le paysage devient un peu plus
    varié, des vallons, des collines, une géométrie de courbes qui apporte un peu de douceur...Il y a même un arroyo au bord
    duquel je vais m'étendre un moment pour savourer cette belle matinée. Le chemin qui mène au prochain pueblo
    Santa Maria de los Llanos est agréable, il y a du raisin à profusion et arrivé dans le village, je vais au bar El Jardin où
    pour 4,50 euros, j'ai droit à une cerveza bien fraîche, une saucisse et une tortilla !!  Il est un peu plus de midi quand je
    quitte cette localité avant d'affronter  les 15 km qu'il me reste à parcourir sous un soleil qui commence à taper fort !

    C'est un peu avant Mota del Cuervo que de loin on aperçoit les célèbres moulins à vent qui sont comme les gardiens
    séculaires de ce pueblo ! Il sont au nombre de cinq, alignés sur la crête comme une armée en ordre de bataille et je
    peux m'imaginer le délire de Don Quichotte monté sur Rossinante allant avec sa lance à l'attaque de ce qu'il prenait
    pour des géants !

    Je vais parcourir les derniers 11km sous un soleil de plus en plus chaud, la température avoisine les 40°.
    Chemin de solitude, où il n'y a âme qui vive, qui serpente entre les champs d'oliviers et les vignes.
    Solitude, ô ma compagne de Chemin, douce et muette, sans aucun reproche...ma fidèle compagne, je te porte en moi
    comme une amante trop longtemps délaissée et qui est venue au long de ces journées suivre mes pas et peu à peu
    me rejoindre dans une étreinte mêlée de mélancolie et de joie !

    A 5 km de El Toboso, j'aperçois qui émerge des vignes le clocher de l'église, mais plus j'avance, plus il me semble
    reculer...Est-ce le diable qui est à la manœuvre pour me déstabiliser ? J'avance vaillamment et j'entonne quelques
    chants pour me redonner du courage...Ah! ce clocher qui me paraissait si proche est maintenant si lointain que
    j'ai envie de crier et de courir pour conjurer ce mauvais sort...Mais un cabanon entouré d'une treille de laquelle pendent
    de belles grappes de raisin blanc va m'inviter à m'asseoir à l'ombre et à savourer ce raisin ! Après cette pause, je repars
    avec une énergie nouvelle affronter les derniers kilomètres...
    Le clocher réapparaît et il est maintenant tout proche...2km...1km...et les premières maisons de El Toboso qui tout
    en me procurant une bonne ombre me conduisent tout droit à l'Hostal El Quijote où je vais boire une double cerveza
    bien glacée avant de monter à ma chambre.

    Dans la soirée, je fais un tour en ville, visiter l'église où se trouve, au-dessus de l'autel, une statue de Saint-Jacques
    Matamore. Je veux aller visiter la maison de Dulcinée connue sous le nom de Dulcinea de Toboso et qui a inspiré une

    passion vive et romanesque à Don Quijote, mais elle est fermée. Je fais quelques tours et détours dans cette jolie
    bourgade avant de finir la soirée dans un restaurant où le dîner va me réconforter et me faire oublier les quelques
    vicissitudes de cette étape assez éprouvante !

 


Lien avec le commentaire de Gilbert

Lien avec le commentaire "Chemin du Levant"

 


Hébergement à l'Hostal El Quijote - Avenida Castilla la Mancha, 12  - Tél. 925 197 398
Belle chambre pour 15 euros et dîner 9 euros
3 Coquilles

 

 


    Pourvu que nous vienne un homme 
    Aux portes de la cité
    Que l'amour soit son royaume
    Et l'espoir son invité
    Et qu'il soit pareil aux arbres
    Que mon père avait plantés
    Fiers et nobles comme soir d'été
    Et que les rires d'enfants 
    Qui lui tintent dans la tête 
    L'éclaboussent de reflets de fête

    Pourvu que nous vienne un homme 
    Aux portes de la cité
    Que son regard soit un psaume
    Fait de soleils éclatés 
    Qu'il ne s'agenouille pas
    Devant tout l'or d'un seigneur
    Mais parfois pour cueillir une fleur
    Et qu'il chasse de la main 
    À jamais et pour toujours 
    Les solutions qui seraient sans amour

    Pourvu que nous vienne un homme 
    Aux portes de la cité
    Et qui ne soit pas un baume
    Mais une force une clarté
    Et que sa colère soit juste
    Jeune et belle comme l'orage
    Qu'il ne soit jamais ni vieux ni sage 
    Et qu'il rechasse du temple
    L'écrivain sans opinion
    Marchand de rien marchand d'émotion

    Pourvu que nous vienne un homme 
    Aux portes de la cité
    Avant que les autres hommes
    Qui vivent dans la cité
    Humiliés d'espoirs meurtris
    Et lourds de leur colère froide
    Ne dressent aux creux des nuits
    De nouvelles barricades.


    Jacques Brel

     

 

Un panneau d'azulejos représentant Don Quijote et Sancho Panza
 

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