Jeudi 3 Septembre 2015 : El Toboso > La Villa de Don Fadrique (25,5 km)

Hymne à la beauté

Viens-tu du ciel profond ou sors-tu de l'abîme,
Ô Beauté ! ton regard, infernal et divin,
Verse confusément le bienfait et le crime,
Et l'on peut pour cela te comparer au vin.

Tu contiens dans ton oeil le couchant et l'aurore ;
Tu répands des parfums comme un soir orageux ;
Tes baisers sont un philtre et ta bouche une amphore
Qui font le héros lâche et l'enfant courageux.

Sors-tu du gouffre noir ou descends-tu des astres ?
Le Destin charmé suit tes jupons comme un chien ;
Tu sèmes au hasard la joie et les désastres,
Et tu gouvernes tout et ne réponds de rien.

Tu marches sur des morts, Beauté, dont tu te moques ;
De tes bijoux l'Horreur n'est pas le moins charmant,
Et le Meurtre, parmi tes plus chères breloques,
Sur ton ventre orgueilleux danse amoureusement.

L'éphémère ébloui vole vers toi, chandelle,
Crépite, flambe et dit : Bénissons ce flambeau !
L'amoureux pantelant incliné sur sa belle
A l'air d'un moribond caressant son tombeau.

Que tu viennes du ciel ou de l'enfer, qu'importe,
Ô Beauté ! monstre énorme, effrayant, ingénu !
Si ton oeil, ton souris, ton pied, m'ouvrent la porte
D'un Infini que j'aime et n'ai jamais connu ?

De Satan ou de Dieu, qu'importe ? Ange ou Sirène,
Qu'importe, si tu rends, - fée aux yeux de velours,
Rythme, parfum, lueur, ô mon unique reine ! -
L'univers moins hideux et les instants moins lourds ?

Charles Baudelaire  - Les fleurs du mal

Je prends mon petit-déjeuner dans un bar ouvert à 6h dans l'Avenida Castilla la Mancha.
Je vais faire la 1ère partie de l'étape jusqu'à Quintanar de la Orden en suivant la nationale 693 sur le côté gauche de
la route où se trouve un dégagement. Il y a un peu de circulation et cet itinéraire n'est pas très agréable...
Je parcours ces 10 km d'un bon pas en déclamant mes poèmes ainsi que le Transsibérien, ce qui me fait oublier un peu
cet environnement de circulation routière !

Arrivé à Quintanar, je m'assieds à un bar pour boire un cafe con leche et la patronne gentiment m'offre une viennoiserie,
spécialité du pays. En sortant de cette localité, un homme m'accoste pour me donner l'indication d'un nouvel itinéraire
pour poursuivre l'étape, en partant de la Estacion de Autobuses... C'est un chemin bien balisé, tout droit pendant
5 kilomètres avec juste un détour pour enjamber une autoroute. Il ya des vignes de part et d'autre qui s'étendent à perte
de vue et là encore je ne peux résister à cueillir quelques grappes de bon raisin blanc très sucré !

J'arrive un peu après midi à La Puebla de Almoradiel, il y a une messe en cours dans une petite église avec beaucoup
de monde, car des chaises ont été placées à l'extérieur. Je m'arrête de nouveau dans un bar boire un coca et manger
une omelette. Il reste 10 kilomètres jusqu'à La Villa de Don Fadrique...Longues pistes toujours au milieu des vignes.
Il fait une bonne chaleur, mais tout à fait supportable et j'ai en réserve de l'eau fraîche...Les 3 derniers kilomètres,
comme d'habitude me paraissent un peu longs...

J'arrive un peu après 15 h à Don Fadrique où je m'attable devant une double cerveza bien glacée avant d'aller à mon
hébergement, la Casa Rural 'El Rincon del Infante" où je reçois un bon accueil. Je me sens bien dans cet endroit et exceptionnellement je ne vais pas visiter les lieux. Je me repose dans le jardin intérieur, et comme j'ai la WIFI, j'envoie
des mails, des photos et je vais naviguer sur internet pour avoir quelques nouvelles...

Le soir, après l'apéritif, Juan mon hôte me sert le dîner dans cet endroit paisible que j'apprécie après les dîners
des autres soirs dans des bars animés et bruyants !

Lien avec le commentaire de Gilbert
Lien avec le commentaire "Chemin du Levant"

Hébergement à la Casa Rural "El Rincon del Infante" 2 Plaza Mayor - Tél. 615 187 921
Grande chambre avec SDB - Jardin intérieur - Salon (25 euros)
Bon accueil - Apéritif et dîner sur place servi par Juan le propriétaire
Petit-déjeuner à l'heure souhaitée (pour moi : 6h)
4 Coquilles

Élévation

Au-dessus des étangs, au-dessus des vallées,
Des montagnes, des bois, des nuages, des mers,
Par delà le soleil, par delà les éthers,
Par delà les confins des sphères étoilées,

Mon esprit, tu te meus avec agilité,
Et, comme un bon nageur qui se pâme dans l'onde,
Tu sillonnes gaiement l'immensité profonde
Avec une indicible et mâle volupté.

Envole-toi bien loin de ces miasmes morbides ;
Va te purifier dans l'air supérieur,
Et bois, comme une pure et divine liqueur,
Le feu clair qui remplit les espaces limpides.

Derrière les ennuis et les vastes chagrins
Qui chargent de leur poids l'existence brumeuse,
Heureux celui qui peut d'une aile vigoureuse
S'élancer vers les champs lumineux et sereins ;

Celui dont les pensers, comme des alouettes,
Vers les cieux le matin prennent un libre essor,
- Qui plane sur la vie, et comprend sans effort
Le langage des fleurs et des choses muettes !

Charles Baudelaire - Les fleurs du mal
 

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