Santiago - Balada ingenua
I
Esta noche ha pasado Santiago
su camino de luz en el cielo.
Lo comentan los niños jugando
con el agua de un cauce sereno.
¿Dónde va el peregrino celeste
por el claro infi nito sendero?
Va a la aurora que brilla en el fondo
en caballo blanco como el hielo.
¡Niños chicos, cantad en el prado
horadando con risas al viento!
Dice un hombre que ha visto a Santiago
en tropel con doscientos guerreros;
iban todos cubiertos de luces,
con guirnaldas de verdes luceros,
y el caballo que monta Santiago
era un astro de brillos intensos.
Dice el hombre que cuenta la historia
que en la noche dormida se oyeron
tremolar plateado de alas
que en sus ondas llevóse el silencio.
¿Qué sería que el río paróse?
Eran ángeles los caballeros.
¡Niños chicos, cantad en el prado.
horadando con risas al viento!
Es la noche de luna menguante. ¡Escuchad! ¿Qué se siente en el cielo,
que los grillos refuerzan sus cuerdas
y dan voces los perros vegueros?
-Madre abuela, ¿cuál es el camino,
madre abuela, que yo no lo veo?
-Mira bien y verás una cinta
de polvillo harinoso y espeso,
un borrón que parece de plata
o de nácar. ¿Lo ves?
-Ya lo veo.
-Madre abuela. ¿Dónde está Santiago?
Por allí marcha con su cortejo,
la cabeza llena de plumajes
y de perlas muy finas el cuerpo,
con la luna rendida a sus plantas,
con el sol escondido en el pecho.
Esta noche en la vega se escuchan
los relatos brumosos del cuento.
¡Niños chicos, cantad en el prado,
horadando con risas al viento!
Federico Garcia Lorca
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Saint-Jacques - Ballade ingénue
I
Saint Jacques a passé cette nuit,
Dans le ciel, sur un ruban d’argent,
Racontent les enfants en jouant
Avec l’eau vive d’un ruisseau.
Où s’en va le pèlerin céleste
Par ce lumineux chemin d’étoiles ?
Il va sur un poulain de neige
Tout là-bas vers l’aurore qui luit.
Petits enfants, chantez dans la prairie
Et trouez les vents de vos rires !
« Moi, dit quelqu’un, j’ai vu Saint-Jacques
Au milieu de deux cents hommes d’armes.
Ils allaient tout couverts de lumières,
Enguirlandés de vertes étoiles. Le cheval que montait Saint-Jacques
Était un astre éblouissant »
Le témoin ajoute à son récit
Qu’on entendit dans la nuit profonde
Comme un bruissement d’ailes d’argent
Qu’emporta le silence en ses ondes.
Qui obligea le fleuve à s’arrêter ?
Ce sont les anges ses chevaliers.
Petits enfants, chantez dans la prairie
Et trouez les vents de vos rires !
C’est une nuit de lune au déclin.
Écoutez ! Qu’y a-t-il dans le ciel
Qui renforce l’archet des grillons
Et inquiète les chiens de la plaine ?
« Mère-grand, montrez-moi le chemin.
Mère-grand, je ne peux pas le voir »
« Fixe bien, tu verras un ruban
De poussière aussi blanc que farine,
Une tache qui semble d’argent
Ou de nacre. Vois-tu ? »
« Je vois ... oui »
« Mère-grand, montrez-moi Saint-Jacques »
« Là-bas, il marche avec son cortège.
Sur sa tête, un superbe panache,
Tout son corps couvert de fines perles,
Le soleil caché dans son cœur
Et la lune, soumise à ses pieds »
Cette nuit, on entendit dans la plaine
Les récits nébuleux de la fable.
Petits-enfants, chantez dans la prairie
Et trouez les vents de vos rires !
(La suite de ce poème ICI)
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