Chemin d'Assise

Du 10 Août au 19 Septembre 2021



Toscane
(Du 30 Août au 13 Septembre)

A partir d'Aulla, 2 options possibles pour continuer le Chemin :

1- Passer par les Alpes Apuanes avec de gros dénivelés de plus de 1000 m chaque jour et des paysages sublimes...

2- Emprunter pendant quelques jours la Via Francigena avec la découverte des Cités Toscanes, la proximité de la mer
et des chemins plus faciles à parcourir. J'ai donc opté pour la Francigena, car après les efforts fournis dans les montagnes
de Ligurie, j'aspirais à des étapes moins fatigantes et surtout je ne voulais pas risquer de compromettre
la fin  de ma pérégrination en allant au-delà des limites que mon âge (79) m'impose.

Me voilà donc sur cette Via Francigena parcourue par les pèlerins qui vont à Rome.


Aulla dans la brume au départ de l'étape

Je découvre des villes dont j'ignorais l'existence comme Sarzana, Massa, Pietrasanta ou Lucca où après 8 jours passés
dans la solitude des montagnes de Ligurie, c'est bon de retrouver du monde et ces belles places où en fin d'après-midi,
les terrasses des bars et cafés se remplissent et de s'offrir un Spritz Aperol bien glacé dans la tiédeur de la fin de journée.




 

Sarzana est une ville proche de La Spezia sur la côte populaire de Ligurie, proche des villages des 
Cinque Terre.

Un peu avant d'arriver à cette localité, je fais connaissance d'Emilio, pèlerin italien de Turin avec lequel
je finis l'étape et nous nous retrouvons le soir pour dîner sur une terrasse dans un quartier animé
de cette cité où les touristes sont encore nombreux en cette fin du mois d'Août.


        

Sarzana


La forteresse de Sarzana

L'étape suivante me conduit à proximité du
site archéologique de Luni où se trouvent les vestiges
d'un temple romain et d'un amphithéâtre datant du 2ème siècle après J.C.
On est alors tout proche des carrières de
Marbre de Carrare que l'on aperçoit au pied du massif des Alpes Apuanes.
En fin d'étape, il y a de belles vues sur les collines couvertes de vignobles.


       
Le Marbre de Carrare est omniprésent au cours de cette étape

J'arrive à Massa une des perles de la Toscane, centre balnéaire touristique
et ville du marbre de par sa proximité avec la ville de Carrare.
J'ai bien apprécié un temps de repos et de rafraîchissement sur la grande place où se trouve
le Palazzo Ducale ou "Palais Rouge". Je retrouve plus tard Emilio et nous dînons ensemble
sur une jolie petite place, la Piazza Mercurio sur laquelle se trouve mon hébergement.


      
Arrivée en vue de Massa - Les coteaux alentour sont couverts de vignobles

   
Massa

                         
Cathédrale dei Santi Pietro e Francesco                    Le soir les restaurants prennent place dans les rues


  

La mer est toute proche...

Pietrasanta est une charmante cité avec des œuvres contemporaines originales
qui ornent le centre-ville. Elle est le lieu de résidence de nombreux artistes dont le sculpteur Fernando Botero.
Le parcours de cette étape se fait en partie au milieu de nombreuses marbreries
et il n'est pas rare d'apercevoir ici ou là de belles sculptures en marbre.
Dans mon hébergement au-dessus de la Piazza del Duomo je fais connaissance avec un cycliste
de nationalité Biélorusse, habitant Pavie avec lequel nous partageons le dîner.


               
Pietrasanta
     

Valpromaro est une petite localité qui mérite qu'on s'y arrête pour aller dans un gîte tenu par un hospitalier
qui m'a rappelé l'ambiance des accueils jacquaires en France ou en Espagne.


   
Le gîte de Valpromaro

Lucca (Lucques) est une ville touristique entourée de murailles datant du 16ème siècle avec de belles places,
des bars, des restaurants et de superbes églises, principalement l'église San Michele in Foro
  datant du 8ème siècle avec une façade du 13ème siècle ornée de marqueteries en marbre. 
C'est aussi la ville natale de Giacomo Puccini compositeur du 19ème siècle, auteur de plusieurs
opéras que j'aime beaucoup comme La Bohême, Tosca, Madame Butterfly et Turandot. 


Lucca
       
Statue de Giacomo Puccini né à Lucca - L'église San Michele in Foro surmontée par une statue de l'Archange Michaël

Les étapes sont plus faciles, moins de dénivelés, mais plus de routes...
Il y a des bars dans les localités intermédiaires et c'est toujours agréable de boire un Coca bien frais
avant de continuer sous un soleil qui tape encore très fort dans ces derniers jours d'Août.
Heureusement il y a de nombreuses fontaines, et donc il n'est pas besoin de se charger avec beaucoup d'eau. 



      

Les oratoires au détour des chemins sont comme des balises
qui rappellent que nous sommes sur un Chemin Spirituel ! 
Il y a aussi les églises, les collégiales et les cathédrales qui souvent ouvertes
permettent un temps de recueillement dans des décors somptueux. 

Et pour continuer ces étapes de Toscane, encore quelques belles villes...

Altopascio où avait lieu une commémoration de la libération de la ville le 4 septembre 1944
avec des véhicules d'époque et des habitants en tenue militaire américaine....


       
Altopascio

San Miniato Alto avec sa cathédrale, ses nombreuses églises, ses palais, sa tour de briques rouges,
appelée Rocca Federiciana, dernier vestige d'un château construit par l'empereur Frédéric II
et le monastère San Francesco où j'ai dormi. C'était dimanche et il y avait une grosse affluence de touristes locaux
pour un genre de marché aux puces qui se pressaient sur la Piazza del Popolo.
C'est sur cette place que j'ai dîné avec Jean, Pèlerin basque rencontré en cours d'étape.
Cette cité historique a inspiré un roman de Jean d'Ormesson : "Le bonheur à San Miniato".



       
San Miniato Alto
     



Gambassi Terme petite cité située sur une hauteur, écrasée de soleil
et qui doit son nom à un parc thermal qui m'a semblé plutôt en sommeil.


L'église paroissiale romane de Santa Maria Assunta à Gambassi Terme

    

San Giminiano bâtie sur une colline dont le centre historique est entouré par des murs du XIIIe siècle
et où de nombreux touristes se retrouvent sur la Piazza della Cisterna, une place triangulaire bordée de
maisons médiévales. Plusieurs tours se dressent au-dessus de la ville, notamment la Torre Grossa haute
de 54 m. C'est l'une des tours médiévales les plus connues de Toscane. En plus de la Collégiale, il y a
de nombreuses églises et nombre de monuments sans compter les restaurants qui s'étalent au long des ruelles
de la vieille ville. Au pied de la cité, j'ai aussi pu admirer la fontaine avec ses bassins et ses arcades.

           
San Gimignano

    
 

Le cheminement dans cette région de Toscane n'est pas de tout repos, car les dénivelés s'enchaînent
en suivant les courbes des collines au sommet desquelles on aperçoit souvent une imposante demeure... 


         

Je n'avais pas prévu de passer à Sienne, mais des nécessités d'hébergement m'en ont rapproché
ce qui m'a permis de faire une visite éclair de cette antique cité fondée par Senius et Aschius, fils de Rémus,
lui-même frère de Romulus (fondateurs de Rome) et c'est sans doute la raison pour laquelle on voit
presque sur toutes les places une représentation d'une louve allaitant Romulus et Remus...


           

Sienne

             


Une vue générale de Sienne

Après mon passage à Sienne, le Chemin m'a conduit entre routes et chemins de terre à travers ces collines de Toscane
ourlées de vignobles et d'oliveraies, vers des petites villes de caractère au riche passé historique et architectural
où l'affluence des touristes à la fois dérange et offre une animation qui contraste avec les marches solitaires...

Quel contraste entre le pèlerin suant, soufflant, alignant tant bien que mal les kilomètres sous un soleil encore brûlant
et les touristes flânant dans les ruelles de ces petites villes ou bien à l'ombre sur les terrasses des cafés ou des gelatarias...


Il y a peu d'hébergements et je suis obligé d'aller dans des hôtels ou B&B ou meublés pour un budget supérieur
à celui que j'avais sur les chemins en Espagne ou même en France, mais je pouvais après les efforts de l'étape
en apprécier la tranquillité et le confort !


Il  reste alors une semaine de marche pour arriver à Assise
où j'irai me prosterner devant le tombeau du Poverello... 
Ce moment sera d'autant plus emprunt d'émotion que j'associerai à ma rencontre
avec François d'Assise, un autre François, l'un de mes frères décédé en début de semaine... 


Les 2 chemins, Assise et Francigena se séparent avant Sienne et se recroisent à Buoncovento
et Torrenieri avant de se séparer définitivement après San Quirico d'Orcia qui est une cité touristique
située dans le Val d'Orcia classée au patrimoine mondial de l'UNESCO et qui offre des paysages de collines
sillonnées de routes blanches bordées de cyprès, contrée de Toscane qui a inspiré les artistes de l'école de Sienne.


    
La Mairie de Buonconvento                                Collegiata dei Santi Quirico e Giulitta à San Quirico d'Orcia

Ces dernières étapes se déroulent au milieu de vastes plaines agricoles où je peux imaginer au mois de juin
l'immensité des champs de blé ondulant au gré des vents... Il y a aussi de grandes étendues de vignobles
 dont les grappes de raisin sont bien tentantes, avant que les vendanges qui ont commencé ne les fassent
 disparaître. Les Anges du Chemin sont toujours bien présents comme cette femme qui a ouvert
spécialement pour moi, pour y passer la nuit, un Agriturismo fermé depuis 18 mois.


         

                    
En quittant San Quirico d'Orcia....                                                     Cappella Della Madonna Vitaleta



L'Archange Michaël

     
La cité de Pienza que j'ai traversée...                                                         Montepulciano où j'ai dormi                    

              


 Quelques Photos de Montepulciano
qui est un des plus beaux villages de la Toscane.
Situé au sommet d'une colline dans la province de Sienne,
il domine
le Val di Chiana et le 
Val d'Orcia offrant ainsi un magnifique panorama..


                             


Montepulciano : La Piazza Grande


Lac de Chiusi

  

C'est la dernière étape en Toscane qui m'emmène à Chiusi Scalo
qui est à la limite entre Toscane et Ombrie.



    Ci-dessous deux textes extraits du très beau livre de André Weill :
    "Sur le chemin d'Assise, présence et simplicité" :


    Aulla

    "Nous sommes en Toscane. Les villages en terrasse plein sud se succèdent, Biolano, Podenzana.
    A droite, à gauche figuiers et oliviers annoncent les saveurs. Bonjour la Toscane éternelle.
    Sous la pluie mon cœur désormais franciscain se divertit dans l’allégresse du pas.
    La route descend jusqu’à la rivière Magra. Les nuages se dissipent, le soleil revient.
    Tout en bas dans la vallée, à seulement soixante mètres d’altitude, Aulla est une ville étape,
    sans âme et vite oubliable, nonobstant bien utile en ce qui concerne la logistique ordinaire du
    voyageur : carte topographique, banque, poste, ravitaillement. Beaucoup de gente pèlerine ce soir
    à l’hébergement de l’Abbazia di Caprasio, moderne et parfaitement opérationnelle pour recevoir
    le flot des pèlerins de la Via Francigena. Le tronçon italien de la Via Francigena emmène des Alpes
    jusqu'à Rome. Le personnage emblématique ne s’appelle ni Jacques, ni François mais Sigéric, du nom
    de cet évêque de Canterburry venu à Rome pour faire acte d’allégeance au pape un peu avant l’an mille.
    J’avais parcouru ce chemin depuis le Val d’Aoste jusqu’à Rome en 2005. Depuis Aulla, l’itinéraire de la
    Via Francigena évite la montagne et longe la côte méditerranéenne. Il passe par les cités touristiques de
    Sarzana, Carrare, Pietrasanta et Lucca. Son tracé direct et très plat offre une bonne alternative à ceux
    qui hésitent à continuer le chemin d’Assise à travers les Alpes Apuanes.
    Les deux itinéraires se rejoignent à Fucecchio, entre Florence et Pise."



    Buonconvento


    "Alors, et seulement alors, pousser quelques longs soupirs, s’ébrouer, se lever  et accueillir l’inévitable
    sourire qui constate le banal de la situation. Puis finalement entamer la descente vers le village de
    Buenconvento, le bien nommé. Passer sous la porte en brique rouge, entrer dans l’église, allumer une bougie,
    s’assoir en silence, poser les lunettes de soleil et la casquette auprès de l’ange portant l’inscription
    « Dio ti ama ». Se laisser couler dans le temps. S’effacer dans les larmes à la vue des châles de prières
    hébraïques recouvrant le lutrin. Quand vous pardonnez, vous avez pris le contrôle sur votre vie,
    vous avez cessé d'en être une victime. Émotion persistante face au grand vitrail qui domine l’autel.
    Lumières de paix et d’universalité avec les visages de Charles de Foucaud, Gandhi, Martin Luther King,
    John Fitzgerald Kennedy, Jean XXIII. Et puis celui de Maximilien Marie Kolbe, ce franciscain polonais,
    qui s'est offert de mourir à la place d'un père de famille dans le camp de concentration nazi à Auschwitz.
    Merci François, tu as fait du bon boulot. Aujourd’hui encore des franciscains
    suivent tes pas dans la grande geste de l’amour, celle de l’ultime don de soi."

     

 

 

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