Mercredi 15 Sept. 2021 - Tavernelle > San Martino in Campo - 28 km
 >>> Ponte San Giovanni en taxi
36ème étape
(Ombrie)



    Les Fioretti de Saint François d'Assise


    Comment la Vierge Marie mit son Fils béni dans les bras de frère Conrad d'Offida


    Au temps de ce saint frère Pierre, vivait frère Conrad d'Offida. Alors qu'ils étaient ensemble de compagnie dans le
    couvent de Forano, de la Custodie d'Ancône, ledit frère Conrad s'en alla un jour dans le bois pour contempler Dieu,
    et frère Pierre le suivit secrètement pour voir ce qui lui adviendrait.

    Et frère Conrad commença de se mettre en oraison et de prier très dévotement la Vierge Marie avec de grands pleurs,
    qu'elle lui obtint cette grâce de son Fils béni : qu'il sentît un peu de cette douceur qu'éprouva saint Siméon le jour de
    la Purification, quand il porta dans ses bras Jésus-Christ, le Sauveur béni. Et cette oraison faite, la miséricordieuse
    Vierge Marie l'exauça, et voici apparaître la Reine du ciel avec son Fils béni dans les bras, au milieu d'une lumière
    très éclatante. Et s'approchant de frère Conrad, elle lui posa dans les bras ce Fils béni. Il le reçut très dévotement et,
    l'embrassant, il le posa sur sa poitrine, et le serrant il se consumait entièrement et se fondait en amour divin et en
    inexplicable consolation. Et frère Pierre, pareillement, qui, caché, voyait toute chose, sentit dans son âme une très
    grande douceur et consolation. La Vierge Marie ayant quitté frère Conrad, frère Pierre retourna en hâte au couvent,
    pour n'être pas vu de lui. Mais ensuite, quand frère Conrad y retournait tout joyeux et de belle humeur, frère Pierre
    lui dit: "Ô Ciel, tu as eu une grande consolation aujourd'hui". Frère Conrad répondit: "Que dis-tu là, frère Pierre ?
    Que sais-tu que j'ai eu ?" "Je sais bien, je sais bien", dit frère Pierre, "Que la Vierge Marie avec son Fils béni t'a
    visité". Alors frère Conrad, qui, vraiment humble, désirait garder secrètes les grâces de Dieu, le pria de ne le dire
    à personne. Et il y eut depuis lors, un si grand amour entre eux deux, qu'il semblait qu'il n'y eût entre eux qu'un
    cœur et qu'une âme en toutes choses.


    Ledit frère Conrad, une fois, dans le couvent de Sirolo, délivra par ses prières une femme possédée du démon, priant
    pour elle toute la nuit et apparaissant à sa mère; et le matin il s'enfuit pour n'être pas trouvé et honoré par le peuple.



    Dudit frère Conrad d'Offida

    Ledit frère Conrad d'Offida, admirable zélateur de l'évangélique pauvreté et de la Règle de saint François, fut de si
    religieuse vie et de si grand mérite auprès de Dieu, que le Christ béni l'honora de beaucoup de miracles, pendant sa
    vie et après sa mort. Parmi lesquels, celui-ci : étant une fois, venu au couvent d'Offida, en hôte de passage, les frères
    le prièrent pour l'amour de Dieu et de la charité, d'avertir un jeune frère qui était dans ce couvent et qui se comportait
    d'une façon si enfantine et si déréglée et si désordonnée, qu'il troublait les vieux et les jeunes de cette famille, et il
    n'avait nul ou peu de souci de l'Office divin et des autres observances régulières. Aussi, frère Conrad, par compassion
    pour ce jeune homme et à cause des prières des frères, appela à part ledit jeune homme, et en ferveur de charité il lui
    dit des paroles d'avertissement si efficaces et si pieuses que, par l'opération de la grâce divine, celui-ci, d'enfant qu'il
    était, devint subitement un vieillard par sa manière de vivre, si obéissant et bienveillant et empressé et pieux, et
    ensuite si pacifique et serviable et si appliqué à toute chose vertueuse, que, de même qu'avant la famille était troublée
    par lui, ainsi, tous en étaient ensuite contents et consolés et l'aimaient beaucoup.

    Comme il plut à Dieu, il advint que peu de jours après sa conversion, ledit jeune homme mourut, ce dont les frères
    eurent beaucoup de peine. Et peu de jours après sa mort, son âme apparut à frère Conrad qui se tenait pieusement
    en oraison devant l'autel dudit couvent, et le salua dévotement comme son père.

    Et frère Conrad lui demande : "Qui es-
    tu?" Celui-ci répond : "Je suis l'âme de ce jeune frère qui mourut ces jours-ci".
    Et frère Conrad dit : "Ô mon fils bien-aimé, qu'en est-il de toi?" Il répondit : "Mon Père bien-aimé, par la grâce de
    Dieu et par votre doctrine, ça va bien, car je ne suis pas damné, mais pour certains de mes péchés, que je n'ai pas eu
    le temps d'expier suffisamment, je supporte les très grandes peines du purgatoire. Mais je te prie, Père, que, de même
    que par ta piété tu m'as secouru de mon vivant, ainsi il te plaise de me secourir maintenant dans mes peines, en disant
    pour moi quelques "Notre Père", parce que ta prière est très bien acceptée en présence de Dieu".

    Alors frère Conrad consentant à ses prières avec bienveillance et disant pour lui une fois le "Notre Père" avec le
    "Requiem aeternam", c'est-à-dire: "Donne-lui, Seigneur, le repos éternel", cette âme dit : "Ô mon père bien-aimé,
    quel bien et quel rafraîchissement je sens ! Maintenant, je te prie de dire ces prières une autre fois". Et frère Conrad
    les récita, et dès qu'il les eut récitées, l'âme dit : "Père saint, quand tu pries pour moi, je me sens tout soulagé, aussi
    je te prie de ne pas cesser de prier pour moi". Alors frère Conrad voyant que cette âme était ainsi aidée par ses oraisons,
    dit pour elle cent fois le "Notre Père". Et quand il les eut achevés, cette âme dit : "Je te remercie, mon père bien-aimé,
    de la part de Dieu, de la charité que tu as eue envers moi, car par ta prière, je suis libéré de toutes les peines et je m'en
    vais au royaume céleste". Et ceci dit, cette âme s'en alla. Alors frère Conrad, pour donner aux frères allégresse et
    réconfort, leur raconta toute cette vision.
     

 


Moment d'émerveillement au lever du soleil...












Meules de foin compressé


Quelques vues en allant vers Castiglione della Valle...




                                       






Castiglione della Valle





Statue du Padre Pio à San Biagio della Valle


Église de San Biagio





Une vue de Pérouse distante de Ponte San Giovanni de seulement 6-7 km


 Une salle du restaurant attenant à l'hôtel "Déco Hôtel" à Ponte San Giovanni
 



    Étape avec un cumul de dénivelés :
    + 250  - 250 (Approximativement)

    Je quitte le local paroissial à 6 h et je m'arrête au premier bar rencontré pour prendre un petit-déjeuner.
    Après la sortie de la localité, je prends un chemin qui va et vient, passe plusieurs fois sous une voie rapide, puis suit
    une ancienne voie ferrée, longe un cours d'eau et me mène jusqu'à Castiglione della Valle où je fais une première
    pause dans un bar.

    La deuxième partie de l'étape alterne petites routes et chemins agricoles. J'arrive à San Biaggio della Valle où se trouve
    une grande statue du Padre Pio. Je continue sur une petite route en descente, puis un chemin gravillonné en ascension
    jusqu'à un petit sanctuaire. À nouveau descente puis remontée et je prends un chemin agricole qui débouche sur la route
    nationale SS317 et j'arrive à San Martino in Colle.

    Je ne sais pas encore quel sera mon hébergement ce soir. Je m'arrête dans un bar pour boire un thé glacé et j'en profite
    pour me renseigner sur les possibilités d'hébergement dans cette localité. Comme je n'obtiens pas de renseignements
    satisfaisants, je décide de continuer vers San Martino in Campo. Je vais à la gare qui est fermée, puis dans un bar tout
    proche. Là, une jeune femme (C'est mon ange du jour), la serveuse du bar se démène en passant plusieurs appels
    téléphoniques et finalement me trouve une possibilité d'hébergement dans un hôtel à Ponte San Giovanni.
    Ce n'est pas situé dans la direction que le Topo-guide m'indiquait, mais comme il n' y avait pas de chambre disponible
    dans les hôtels à Torgiano qui normalement aurait dû être mon étape de ce jour, je finis par me résoudre à accepter la
    proposition qui m'est faite d'aller à Ponte San Giovanni.

    Cette jeune femme appelle pour moi un taxi et vingt minutes plus tard, je me trouve à l'entrée d'un hôtel situé dans
    un oasis de verdure et qui me paraît de premier abord plutôt au-dessus de mes moyens... Mais je n'ai pas le choix, 
    j'arrive à la réception et je bénéficie sans doute d'un "prix pèlerin" car le montant est tout à fait correct. On me donne
    une belle grande chambre où je vais profiter d'un bon moment de repos après cette étape assez fatigante.

    Le soir je dîne dans le restaurant attenant à l'hôtel dans un magnifique cadre romantique et le dîner qui m'est servi
    ainsi que les vins qui l'accompagnent me font vite oublier les vicissitudes de cette journée...




Hébergement à l'hôtel "Déco Hôtel"

Ponte San Giovanni
Belle chambre et dîner somptueux

4 coquilles




Une vue de l'hôtel "Déco Hôtel" situé dans un magnifique parc

 


    Texte extrait du très beau livre de André Weill :
    "Sur le chemin d'Assise, présence et simplicité" :



    Castiglione


    Le parfum des arrivées continue à se fait sentir ce samedi 29 août. Peu dormi cette nuit, d’autant plus que
    sœur la lune se montrait dans sa plénitude. Il est six heures trente, sa ronde nocturne se termine. Sans heurt,
    elle disparait dans le vide derrière l’horizon. Ainsi le chemin vers Marie.


    Au même instant, à l’orient, le soleil prend la relève. Incroyable boule de feu qui se lève et nous infiltre
    jusqu’au cœur. Dans un éblouissement des yeux, les balises disparaissent. Expérience directe de notre
    véritable origine. Lumière née de la Lumière. Ainsi le chemin vers François.


    En plein et en délié, en zoom et en grand-angle, l’appareil photo intérieur se régale. Depuis deux heures,
    le chemin d’Assise s’écoule en modestie, dégagé du regard sur le monde. Amnésiques et aveugles, il marche
    vers le seul levant qui vaille, celui du jour. Cet espace naissant que nous sommes à chaque instant, cet
    espace qui ne sait rien mais qui connaît tout. Le bon chemin est là, sous les pieds, nous guidant, nous
    accueillant, en toute simplicité.


    Carmen a retrouvé le goût de la solitude. Alléluia ! Ses pieds sentent, ressentent, perçoivent, avancent
    en toute bonne foi. Elle marche avec assurance, loin devant. Je la vois émerger sur la crête au sommet
    de la colline. Dernière nous, au fond du vallon, les pans de brumes s’étirent et s’emmêlent les uns les
    autres amoureusement. La terre s’humidifie à leur contact. Elle sourit aux anges. Les yeux aussi.
    Fraternité des personnages. Célébration de la vie. Ainsi les Laudes de François.



    Il restera de toi


    Le chemin de terre se termine. Merci Carmen. Je l’ai senti hier, ton besoin de guide extérieur a disparu.
    Aujourd’hui, liberté et solitude te reprennent. Merci et salut à toi !
    Pace e Bene !
    On se recroisera sûrement dans les rues françoisiennes. Il me restera de toi une porte qui s’ouvre, une main
    tendue, un
    Tau autour du cou. Et d’irrésistibles fous rires. La pudeur de tes jardins secrets. Tes silences dans
    lesquelles nos personnalités s’effaçaient. Tes bras le matin ouverts au soleil. La fleur de tournesol cherchant
    l’au-delà du rond-point de Chiusi. Tes inquiétudes innocentes. Tes repas vegan. Le Vino nobile. Un piano
    au coucher du soleil. Et un Ave Maria qui ne saurait se faner.

                                                                                                                           
     Il restera de toi ce que tu as semé
                                                                                                                                        et qui en d'autres germera
     

 Etape suivante 

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