Lundi 13 Septembre 2021 - Montepulciano > Chiusi Scalo - 29 km
34ème étape
(Toscane)



    Les Fioretti de Saint François d'Assise

    De frère Simon d'Assise

    Vers le début de l'Ordre, du vivant de saint François, vint à l'Ordre un jeune homme d'Assise, qui fut appelé frère
    Simon. Dieu l'orna et le dota de tant de grâce et d'une telle contemplation et élévation d'esprit, que toute sa vie était
    un miroir de sainteté. Selon que je l'ai entendu de ceux qui vécurent longtemps avec lui, celui-ci n'était vu que très
    rarement hors de sa cellule ; et, si parfois il restait avec ses frères, il parlait toujours de Dieu.

    Celui-ci n'avait jamais appris la grammaire et néanmoins il parlait de Dieu et de l'amour du Christ si profondément
    et si hautement que ses paroles paraissaient paroles surnaturelles. Aussi, étant allé un soir dans le bois avec frère
    Jacques de Massa pour parler de Dieu, et parlant avec une extrême douceur de l'amour divin, ils restèrent toute la
    nuit en cet entretien, et le matin il ne leur parut être restés là que très peu de temps, selon que me le rapporta ledit
    frère Jacques. Ledit frère Simon recevait avec une telle suavité et douceur de l'Esprit-Saint les divines illuminations
    et les visites d'amour de Dieu, que, souventefois, quand il les sentait venir, il se mettait sur le lit, parce que la paisible
    suavité de l'Esprit-Saint exigeait en lui non seulement le repos de l'âme, mais aussi celui du corps. Et pendant ces
    visites divines il était souvent ravi en Dieu et devenait tout insensible aux choses corporelles. Une fois donc qu'il était
    ainsi ravi en Dieu et qu'insensible au monde, il brûlait au dedans du divin amour et ne sentait rien au dehors avec les
    sens corporels, un frère voulant savoir par expérience qu'il était bien tel qu'il paraissait, s'en alla et prit un charbon
    ardent et le posa sur son pied nu. Et frère Simon ne le sentit en rien et il ne lui laissa aucune marque sur le pied, bien
    qu'il y restât si longtemps qu'il finit par s'éteindre de lui-même.

    Ledit frère Simon, quand il se mettait à table, avant de prendre la nourriture corporelle, prenait pour lui et donnait aux
    autres la nourriture spirituelle, en parlant de Dieu. Par ses pieux discours, il convertit une fois un jeune homme de San
    Severino, qui était dans le siècle un jeune homme très vain et mondain, il était de sang noble et très délicat de corps.
    Et frère Simon recevant ledit jeune homme dans l'Ordre, conserva près de lui ses vêtements séculiers, et lui, demeurait
    avec frère Simon pour être instruit par lui dans les observances régulières.

    Mais le démon, qui s'ingénie à empêcher tout bien, mit en lui un si fort aiguillon et une si ardente tentation de la chair,
    qu'il ne pouvait en aucune façon lui résister. Pour cela, il alla trouver frère Simon et lui dit: "Rends-moi mes vêtements
    que j'apportai du siècle, car je ne puis plus résister à la tentation charnelle". Et frère Simon, ayant grande compassion
    de lui, lui disait: "Assieds-toi ici un peu, mon fils, avec moi"; et il commençait à lui parler de Dieu et toute tentation
    disparaissait. Et puis, la tentation revenant avec le temps, et lui, redemandant ses vêtements, frère Simon la chassait
    en lui parlant de Dieu. Et ce fut ainsi plusieurs fois. Finalement une nuit, la tentation revint et le serra si fort, beaucoup
    plus qu'elle n'avait coutume que, ne pouvant plus y résister, il s'en alla trouver frère Simon et lui redemanda tous ses
    vêtements séculiers, car en aucune manière il n'y pouvait plus tenir.

    Alors frère Simon, selon qu'il avait coutume de le faire, le fit asseoir à côté de lui, et pendant qu'il parlait de Dieu,
    le jeune homme pencha la tête dans le sein de frère Simon par mélancolie et tristesse. Alors frère Simon, par la grande
    compassion qu'il avait pour lui, leva les yeux au ciel et, priant Dieu très dévotement pour lui, il fut ravi en extase et
    exaucé par Dieu. Aussi, quand il revint à lui, le jeune homme se sentit tout à fait libéré de cette tentation, comme s'il
    ne l'avait jamais sentie. Au contraire, l'ardeur de la tentation s'étant transformée en ardeur de l'Esprit-Saint parce
    qu'il s'était approché de ce charbon embrasé, c'est-à-dire de frère Simon, il devint tout enflammé de l'amour de Dieu
    et du  prochain, à tel point qu'un malfaiteur ayant une fois été pris, et à qui l'on devait retirer les deux yeux, celui-là,
    par compassion, s'en alla hardiment trouver le recteur et, en plein conseil, avec beaucoup de larmes et de pieuses prières,
    demanda qu'il lui fût retiré un oeil et au malfaiteur l'autre, afin qu'il ne restât pas privé de toute sa vue. Mais le recteur
    et son conseil, voyant la grande ferveur de la charité de ce frère, firent grâce à l'un et à l'autre.

    Le susdit frère Simon étant un jour en oraison dans le bois et sentant une grande consolation dans son âme, une bande
    de corneilles commencèrent à l'ennuyer avec leurs cris. Aussi, il leur commanda au nom de Jésus de partir et de ne plus
    revenir. Et lesdits oiseaux s'en allant, depuis lors ils ne furent plus vus ni là, ni dans toute la contrée d'alentour.
    Et ceci fut connu dans toute la Custodie de Fermo, où se trouvait ledit couvent.
     

 


En quittant Montepulciano, à l'aube...

         
En face de l'église Sant'Agostino se trouve, au sommet d'une tour médiévale,
un polichinelle en bois recouvert de tôle sonnant l'heure toutes les heures.



La Porta al Prato



Et le soleil émerge...





En me retournant, vue sur Montepulciano après 1h30 de marche


En me retournant, vue sur Montepulciano après 2 h de marche


Région viticole mondialement connue pour le Brunello di Montalcino ou le Vino Nobile di Montepulciano



Longue piste le long de ce canal












Le lac de Chiusi









Un peu agressives les oies...






Deux tours de guet médiévales situées dans le Val di Chiana,
près de la frontière ombro-toscane, entre Lac Trasimène et Chiusi.



La Torre di Beccati,  tour octogonale construite en 1279 sur le territoire de la municipalité de Chiusi
témoignant d'une forte présence des Siennois dans le Val di Chiana.

 



    Étape avec un cumul de dénivelés : + 140  / - 400


    Je quitte la chambre à 6h15. Je prends un thé dans un bar et je cherche l'église Ste Agnese, d'où je prends la route qui
    mène à Cervognano et qui est peu fréquentée à cette heure matinale. Après 3 ou 4 kilomètres, je retrouve le chemin
    et je vais suivre une piste caillouteuse et sablonneuse qui s'étend entre des champs d'oliviers et des vignobles.
    Il y a de grands domaines viticoles tout du long, et étant donné ces belles rangées de vignes qui couvrent tout l'horizon
    je peux en déduire que c'est une région importante de production. Après recherche d'information j'ai vu qu'on y produit
    le Vino Nobile di Montepulciano, vin rouge d'appellation d'origine contrôlée et que c'est une destination touristique
    pour dégustation et déjeuner.

    La piste est agréable pour marcher, sauf quand passe un véhicule, à cause de la poussière. Il y a de légers dénivelés.
    Après 2-3 heures de marche, j'arrive sur une route circulante que je vais suivre pendant 1 kilomètre, puis je prends un
    chemin au sommet d'une digue avec des canaux d'irrigation de chaque côté. Ensuite je prends une piste caillouteuse
    et j'arrive à Montalese où je m'arrête dans un bar boire un Coca, manger un sandwich et faire le plein d'eau.

    Aprè un bon temps de repos, je reprends un chemin qui traverse des canaux qui sont à sec et j'arrive sur un sentier
    "Le Sentiero della Bonifica", que je vais suivre tout le reste de l'étape. Sur ma gauche il y a un canal avec un peu d'eau
    d'où j'ai vu s'envoler un héron.

    Longue, longue marche sur ce Sentiero et j'arrive au lac de Chiusi où se trouve un espace de détente et de pique-nique.
    Je fais encore une bonne pause et j'en profite pour faire quelques photos. Je vais boire un autre Coca au Bar qui se trouve
    au bord du lac.

    Je reprends ce Sentiero que je vais suivre jusqu'à l'entrée de Chiusi Scalo où j'arrive vers 16 h.
    Je vais directement à l'hôtel où j'ai réservé une chambre. C'est un peu vieillot, mais j'ai une
    belle chambre et le prix est correct. Le soir je vais dîner dans un restaurant proche de l'hôtel.
     



Hébergement à l'Hôtel I Longobardi

59 Via Leonardo da Vinci
Belle chambre et petit-déjeuner sur place

4 coquilles




Église San Francesco à Chiusi Scalo

 


    Texte extrait du très beau livre de André Weill :
    "Sur le chemin d'Assise, présence et simplicité" :



    Entrée en Ombrie


    Au milieu des tournesols et des maïs, des vignobles et des oliveraies. Pentes potelées en bordure du lac Trasimène.
    Longues pistes de terre qui naviguent entre barques et clapots, roseaux et nymphéas. Sieste goûteuse en ce sanctuaire
    paradisiaque, peuplé de canards sauvages, de cormorans, de milans et de martins-pêcheurs. Une étape de nidification
    importante pour des milliers d´oiseaux migrateurs.


    Chiusi


    Au troisième jour du co-pèlerinage, la météo relationnelle se main tient au beau fixe. Nous marchons à distance
    l’un de l’autre. Moments de complicité et de paix. Le chant intérieur de l’artiste résonne avec dame Nature.
    Carmen marche devant avec sérénité, sans hésitation. De sa démarche émane désormais une certaine assurance.
    Le sac ne semble plus lui peser. Bonheur que de voir la pèlerine en devenir trouver son juste pas.


                                                                                                                                               
        Dieu a créée la musique
                                                                                                              pour que l’homme garde souvenir du paradis.


    Au commencement de toute œuvre musicale, il y a d’abord le travail manuel, l’intégration du geste. Puis, un jour,
    l’artiste n’est plus le maître de l’instrument mais simple en vie de Dieu. L’œuvre trouve sa tonalité, sa signature.
    Ainsi ce matin la marche qui s’est emparée de Carmen. Authenticité, spontanéité, simplicité, naturel.
    Quand le cœur est au diapason de tout ce qui l'entoure, il écrit la plus belle des œuvres, celle de la liberté.


    Oui, aussi lointain qu’il me souvienne, ce qui me touche particulièrement dans la marche, c’est la liberté.
    Comme la musique, la marche invente la liberté. A chaque pas, à chaque silence.
    Allez savoir d’où vient la liberté.
    Allez savoir d’où vient l’oiseau dans le ciel.
    Allez savoir d’où vient le chant du silence.
    Non, assurément, la tête du pèlerin ne saura jamais où ses pieds emmènent son cœur.
    Ainsi le secret de François.


    La tradition rapporte que François séjourna en l’année 1211 sur une ile au milieu du lac. Aux approches du carême,
    il souhaitait se recueillir en solitaire afin de commémorer la Passion du Christ, par le jeûne et par la méditation.
    Il partit avec deux pains pour unique provision sur
    l’Isola Maggiore , à l’époque inhabitée. La tradition montre,
    encore de nos jours, les empreintes de ses pieds et de ses genoux, gravées sur la pierre. François serait resté dans la
    contemplation mystique pendant quarante jours. Si intense fut sa méditation qu’il mangea seulement la moitié
    d’un pain.


    Action ou contemplation ? Assise ou bien assise ? Bâton ou tapis ? Horizon ou grotte ? Marche ou immobilité ?
    Deux cheminements que certains opposent, et pourtant aussi complémentaires que le jour et la nuit. Quelque soit
    le choix, ce qui importe c’est de se taire et de
      commencer à pratiquer avec pauvreté, régularité, sans orgueil ni
    intention de résultat. Si ce n'est de se dévêtir des croyances et de s’abandonner en confiance à Ce qui nous aspire,
    quel qu’en soit le nom que nous lui attribuions. Quel que soit son nom, Dieu est Dieu.
     

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