Jeudi 2 Septembre 2021 - Pietrasanta > Valpromaro - 18 km
23ème étape
(Toscane)



    Les Fioretti de Saint François d'Assise

    Comment saint François envoya frère Rufin, nu, prêcher à Assise

    Ledit frère Rufin par une contemplation continuelle, était si absorbé en Dieu, qu'il était devenu comme insensible et
    muet. Il ne parlait que rarement et puis, il n'avait pas la grâce pour prêcher, ni la facilité à parler. Néanmoins, une fois,
    saint François lui commanda d'aller à Assise prêcher au peuple ce que Dieu lui inspirerait. A quoi frère Rufin répondit :
    "Père vénéré, je te prie de me pardonner et de ne pas m'envoyer, parce que, comme tu le sais, je n'ai pas la grâce de
    prêcher et je suis simple et dépourvu d'intelligence". Alors saint François dit : "Puisque tu ne m'as pas obéi promptement,
    je te commande par la sainte obéissance, que, nu, avec seulement tes braies, tu ailles à Assise et entre dans une église et
    ainsi nu, de prêcher au peuple".

     A ce commandement frère Rufin se déshabille et, nu, s'en va à Assise, et entre dans une église. Il fait la révérence
    à l'autel, monte en chaire et commence à prêcher. De cela, les enfants et les hommes commencèrent à rire et ils
    disaient : "Voici maintenant, ceux-ci font tant de pénitence qu'ils deviennent sots et hors d'eux-mêmes".

    Pendant ce temps, saint François repensant à la prompte obéissance de frère Rufin, qui était un des hommes parmi
    les plus nobles d'Assise, et à la dureté de l'ordre qu'il lui avait donné, commença à se reprendre lui-même et à dire:
    "D'où te vient tant de présomption, fils de Pierre Bernardone, vil et chétif petit homme, de commander à frère Rufin,
    qui est un des gentilshommes d'Assise, d'aller nu, prêcher au peuple, comme un fou ? Pour Dieu, tu éprouveras sur
    toi-même, ce que tu commandes aux autres". Et de suite, dans la ferveur de l'esprit, il se déshabille et nu, pareillement,
    s'en va à Assise, et emmène avec lui frère Léon pour porter son habit et celui de frère Rufin. Les gens d'Assise le voyant
    dans le même état se moquaient de lui, considérant que lui et frère Rufin étaient devenus fous par trop de pénitences.

    Saint François entre dans l'église où frère Rufin prêchait en ces termes: "Ô mes bien
    aimés, fuyez le monde, laissez
    le péché, rendez le bien d'autrui si vous voulez éviter l'enfer. Observez les commandements de Dieu, aimant Dieu et le
    prochain, si vous voulez aller au ciel, et faites pénitence si vous voulez posséder le royaume du ciel". Et alors, saint
    François, nu, monte en chaire, et commence à prêcher si merveilleusement sur le mépris du monde, sur la sainte pénitence
    et sur la pauvreté volontaire, sur le désir du royaume céleste et sur la nudité et l'opprobre de la passion de notre Seigneur
    Jésus-Christ, que tous ceux qui étaient au sermon, hommes et femmes, en grande multitude, commencèrent à pleurer très
    fort avec une incroyable dévotion et componction de coeur.

    Et non seulement là, mais par tout Assise, il y eut ce jour-là tant de pleurs sur la passion du Christ,
    qu'il n'y en avait jamais eu de semblables.

    Et le peuple ainsi édifié et consolé par le geste de saint François et de frère Rufin. Saint François fit se rhabiller frère
    Rufin et se rhabilla lui-même, et ainsi vêtus ils retournèrent au couvent de la Portioncule, louant et glorifiant Dieu
    qui leur avait donné la grâce de se vaincre eux-mêmes par le mépris de soi, et d'édifier les brebis du Christ par le bon
    exemple et de montrer combien il faut mépriser le monde. Et ce jour-là, la dévotion du peuple s'accrut tellement envers
    eux, que s'estimait bienheureux quiconque pouvait toucher le bord de leur habit.
     

 



Il semblerait que ce soit une statue représentant Saint-Martin partageant son manteau avec un pauvre...



La Piazza del Duomo de Pietrasanta le matin de bonne heure...




                               
L'église dei Santi Giovanni e Felicita


Une chute sur la rivière Beccatoio


Un Cheval de Troie en marbre ?


Passage entre les bambous...


Un vieux pont avant d'arriver à Camaiore





Au centre de Camaiore

                               
Collegiata di Santa Maria Assunta à Camaiore

   
Pour nous rappeler qu'on est sur la Via Francigena qui va de Canterbury en Angleterre à Rome

                                     










L'accueil pèlerins "La Casa del Pellegrino"

 



    Petit dénivelé en début d'étape, puis + 200 en fin d'étape.


    Je suis sur le Chemin à 7h15 après le petit-déjeuner dans un bar sur la Piazza del Duomo. L'itinéraire commence par des
    petites routes qui vont alterner avec des chemins plutôt agréables.

    Après 8 km de marche j'arrive dans la première localité, Camaiore, où je m'arrête pour faire une pause et boire un Coca.
    Je continue vers Montemagno, localité située à 14 km et située sur une hauteur. Le chemin est assez raide pour y arriver.
    Plus on avance dans cette étape, plus on s'éloigne de la mer qu'on peut encore apercevoir dans le lointain...

    Pour terminer cette étape, il y a une descente en pente douce en suivant la route SP1 et c'est l'entrée dans Valpromaro.
    Je vais directement à l'accueil des pèlerins, la Casa del Pellegrino où je suis accueilli par un hospitalier.
    C'est l'ambiance des albergues privées qu'on trouve sur les chemins espagnols.

    Comme il y a un jardin avec tables et chaises ainsi qu'un fil pour étendre le linge et qu'il est de bonne heure, j'en profite
    pour faire une bonne lessive et aussi nettoyer mes chaussures sur lesquelles s'est accumulée au fil des jours une bonne
    couche de poussière... Je dispose d'un petit dortoir pour moi seul. Un peu plus tard arrivent 2 italiennes qui s'installent
    dans un autre dortoir et nous nous retrouvons pour le dîner préparé et servi par notre hôte.
     



Hébergement à la Casa del Pellegrino
Accueil par un hospitalier
Jardin avec tables et chaises
Petits dortoirs
Dîner et Petit-déjeuner sur place
Participation libre

4 coquilles



Après le dîner on a droit à un verre de limoncello...



    Texte extrait du très beau livre de André Weill :
    "Sur le chemin d'Assise, présence et simplicité" :


    Ugliancaldo 

    Le pesant incarné se fait à nouveau ressentir dans la traversée du village de
    Equi Terme et surtout durant
    la rude montée au milieu des châtaignes, des ronces et des champignons. Pesanteur du sac, pression sanguine
    qui augmente, les pulsations cardiaques aussi. Sourire du vivant qui se sourit à lui-même. Infini bonheur du
    chemin sur terre qui ne se prend pas la tête. Qui se voit et se sait seulement un chemin sur terre. 


    Pour être assez longue, la montée en lacet vers
    Ugliancaldo n’est jamais très pentue, mais lente et paisible.
    Les images des feuilles, des fleurs, des herbes et des arbustes sur le bord du chemin défilent dans la tête.
    Elles apparaissent, là, dans cet immense espace d’accueil juste au-dessus de mes deux épaules. Puis elles
    disparaissent. C’est tout. Ou plutôt, c’est Tout. Sentiment de vastitude qui ouvre les barreaux de nos prisons.
    Ainsi François.

                                                                                                                                          
      Mon Dieu et mon Tout


    Le chemin d’Assise est un chemin de sagesse. Il prend son temps. Il ne dit pas Tout tout de suite. Car dans
    l'instant le Tout a parfois si peu à dire. Et il le dit en silence. Ô François. Tu es mon muezzin bien aimé.
    Je t'aime dans ces instants inattendus qui me ramènent à la prière. Mes mots sur cette page sont pauvres,
    mais d’une pauvreté franciscaine. C'est-à-dire parfaite. Demeurent, François, ton regard, ton amour, ta
    présence. Venir vers toi, c’est venir vers la fleur qui jamais ne fane. Cette fleur sacrée que tu es, que je peux
    sentir, mais pas toucher, encore moins posséder. Le parfum en est la paix, la joie, le silence, l'espace.
    Pace e bene.  Merci François.
     

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