Mercredi 1er Septembre 2021 - Massa > Pietrasanta - 18 km
22ème étape
(Toscane)



    Les Fioretti de Saint François d'Assise

    Comment frère Bernard entendant la Messe fût ravi en esprit


     La grâce que Dieu, souventefois, accorde aux pauvres évangéliques, qui, pour l'amour du Christ, abandonnent le monde,
    nous est démontrée en frère Bernard de Quintavalle. Après qu'il eut pris l'habit de saint François, il était très souvent
    ravi en Dieu par la contemplation des choses célestes. Entre autres, il advint une fois, que, étant dans l'église à entendre
    la Messe, l'esprit suspendu en Dieu, il devint si absorbé et ravi en contemplation, qu'au moment de l'élévation du Corps
    du Christ, il ne s'aperçut de rien, il ne s'agenouilla pas, il ne retira pas son capuchon, comme le faisaient les autres qui
    étaient là, mais sans cligner des yeux, le regard fixe, il demeura insensible du matin jusqu'à None. Et après None,
    revenant à lui, il allait par le couvent, criant avec admiration: "Ô frères! Ô frères! Ô frères! Il n'est personne, si grand
    et si noble en cette contrée, qui, s'il lui était promis un très beau palais rempli d'or, il ne lui fût aisé, de porter un sac
    plein de fumier pour garder un trésor aussi noble".

    A ce trésor céleste, promis à ceux qui aiment Dieu, le susdit frère Bernard fut élevé en esprit, à tel point que pendant
    quinze années continues, il allait toujours avec l'esprit et avec le visage levés au ciel. Et dans ce même temps, jamais
    à table il n'assouvit sa faim, bien qu'il mangeât un peu de ce qui était posé devant lui. Parce qu'il disait que l'homme
    ne fait pas parfaite abstinence de ce qu'il ne goûte pas, mais que pour être vraie l'abstinence doit être tempérée des
    choses qui sont bonnes au goût. Et avec cela, lui vint encore tant de clarté et lumière d'intelligence, que même les plus
    grands clercs recouraient à lui pour avoir les solutions des questions difficiles et des passages obscurs de l'Ecriture,
    et il les éclairait sur chaque difficulté.

    Et parce que son esprit était tout à fait dégagé et distrait des choses terrestres, lui, à la manière des hirondelles, volait
    en haut par la contemplation ; aussi, restait-il parfois vingt jours, parfois trente jours, seul, sur les cimes des plus hautes montagnes, contemplant les choses célestes.

    C'est pourquoi frères Gilles disait de lui qu'il n'était pas donné aux autres hommes, ce don qui était donné à frère Bernard
    de Quintavalle c'est-à-dire de se nourrir en volant comme les hirondelles. Et à cause de cette grâce éminente qu'il recevait
    de Dieu, saint François, volontiers et, souventefois, parlait avec lui de jour et de nuit, aussi furent-ils parfois trouvés
    ensemble, ravis en Dieu toute la nuit, dans le bois où ils s'étaient réunis pour parler de Dieu.
     

 





                                        

Au départ de l'étape, en grimpant les marches pour sortir de Massa...







                                 



Une belle vue sur le Méditerranée qui n'est pas bien loin...







J'arrive dans la zone des entreprises de taille de marbre...















Galerie de sculptures en marbre de Carrare

        




Pietrasanta

                                     
Le "Guerrier" du sculpteur Fernando Botero                                                                                                

                                    

Quelques œuvres contemporaines...




                                 









L'église de Sant'Agostino


La Cathédrale de Pietrasanta


                              


                              






    Étape avec un dénivelé de 200 m entre le kilomètre 5 et le kilomètre 10.


    Je quitte le Palazzo Nizza à 7h. Je vais juste à côté dans un bar pour le petit-déjeuner. Ensuite je gravis les marches
    qui se trouvent juste après le Palazzo et je prends une petite route pour sortir de Massa. Il y un passage sur une route
    assez fréquentée, la Via Aurelia SS1, puis une autre route moins circulante avec un dénivelé de 200 m ce qui permet au
    point haut d'avoir une belle vue sur Marina di Massa et la Méditerranée.

    Le chemin est bordé de belles propriétés. La descente sur Strettola est tranquille. Je m'arrête dans un bar boire un Coca.
    Je traverse ensuite une zone avec beaucoup d'entreprises de taille de marbre, car Carrare est encore tout proche.
    Il faut être assez vigilant en ce qui concerne la signalisation, car l'itinéraire est loin d'être rectiligne, il y a des dérivations
    dans tous les sens, mais dans l'ensemble c'est un cheminement agréable. De plus il y a de nombreux points d'eau.

    A l'entrée de Pietrasanta, je prends des photos de statues en marbre dans un jardin devant ce qui semble être une sorte
    de musée. La piazza del Duomo est magnifique avec au fond l'église Sant'Agostino et sur la droite la Cathédrale.
    Il y a de nombreuses sculptures sur la place et à tous les coins de rue, dont la plupart sont contemporaines.
    Pietrasanta est une ville d'art où de nombreux artistes de renommée mondiale viennent travailler. Le plus connu est
    Fernando Botero, artiste colombien dont on peut voir plus haut un guerrier avec son bouclier.

    Je m'arrête à un bar où je rencontre des cyclistes français venus de Nantes et qui se dirigent vesr Rome. Puis je monte
    à la Casa Diocesana la Rocca où je dispose d'un lit dans un petit dortoir situé dans un bâtiment indépendant.
    C'est tranquille et comme il est tôt, j'ai du temps devant moi pour la douche, la lessive et un bon temps de repos.

    Un peu plus tard arrive un cycliste, Valéry de nationalité biélorusse, mais habitant à Pavie.
    En fin d'après-midi je sors visiter la ville, puis sur cette même place du Duomo, je vais dans un bar boire
    un Spritz Apérol et je finis la soirée sur la terrasse d'une Pizzeria où Valéry me rejoint un peu plus tard.
     



Hébergement à la Casa Diocesana la Rocca
Via della Rocca, 10
En haut de la Piazza del Duomo
Participation libre

4 coquilles




La Casa Diocesana la Rocca où se trouve l'hébergement



    Texte extrait du très beau livre de André Weill :
    "Sur le chemin d'Assise, présence et simplicité" :


    Monzone

    Il est cinq heures ce matin, le nomade est parti. Très tôt. A l’ombre des hautes crêtes, on ne voit rien.
    Pour cause de nouvelle lune. Seule Vénus et quelques étoiles résistent encore. On n'entend rien.
    Par discrétion pour les habitants de Monzone, le bâton se retient de frapper le bitume. Un souffle d’air
    chaud remonte de la vallée. Sentiment étrange. Le noir s’effiloche. Dans le jour naissant, la nuit se perd
    en lambeaux. Le jour naissant ne sait encore rien de lui. Moi non plus.

    Une sorte d’apesanteur apparait. Le corps effleure le sol, zigzague doucement sans tomber. Comme lors
    de très longue méditation, sauf que, là, le corps n’est pas en assise, mais vers Assise.
     

                                                                                                            
    Là où sont mes pieds je suis à ma place.

    L’apesanteur est un ressenti tout à fait étonnant. Pour ne pas m’être inconnue, cette légèreté soudaine,
    perte d’incarnation, ne m’est pas fréquente durant la marche. Et, si elle est agréable, elle est de toute façon
    éphémère. A chacune de ses apparitions, le réflexe c’est de ne plus bouger, ne rien accomplir qui puisse faire
    écrouler le château de cartes. Respirer à minima, ne rien faire, ne rien dire qui puisse effrayer. Juste sourire
    et constater que le goût du mystère qui traverse l’instant n’est pas dangereux, voire même plutôt agréable.
    Sourire et se dire que rien ne peut se dire du mystère.

    Même si ce type d’expérience peut générer une part d’inquiétude, elle reste finalement insignifiante quant
    à ses conséquences. Bien sûr la tête tente souvent de prendre les commandes, de faire des commentaires sur
    le devant de la scène à propos de l’être spirituel. Et alors ? On ne peut pas empêcher un ours d’aimer le miel !
     

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