Mardi 24 Août 2021 - Colle di Creto > Passo della Scoffera - 15 km
14ème étape
(Ligurie)



    Les Fioretti de Saint François d'Assise

    Du merveilleux chapitre fait à Sainte-Marie des Anges (Suite)


    Et tous, tant qu'ils étaient, ils reçurent ce commandement avec un cœur plein d'allégresse et le visage joyeux.
    Et le sermon de saint François terminé, ils se mirent tous en oraison. De quoi, saint Dominique, qui était présent
    à toutes ces choses, s'étonna fortement du commandement de saint François et le trouvait indiscret, ne pouvant penser
    comment une telle multitude pût se soutenir sans avoir nul souci ou sollicitude des choses nécessaires au corps.
    Mais le pasteur suprême, le Christ béni, voulant montrer comment il a soin de ses brebis et quel amour singulier
    il a pour ses pauvres, inspira aussitôt aux gens de Pérouse, de Spolète, de Foligno, de Spello et d'Assise et de tous les
    autres lieux d'alentour de porter à manger et à boire à cette sainte assemblée. Et soudain, voici venir des dits lieux des
    hommes avec des bêtes de somme, des chariots, des chargements de pain et de vin, de fèves et de fromage, et d'autres
    bonnes choses à manger, selon qu'il était nécessaire aux pauvres du Christ.

    Outre cela, ils apportaient des nappes et des cruchons et des verres et autres vases qui étaient nécessaires pour une telle
    multitude. Et bienheureux s'estimait qui pouvait apporter le plus de choses ou servir avec le plus d'empressement si bien
    que même les chevaliers, barons et autres gentilshommes qui venaient voir, les servaient avec grande humilité et dévotion.
    C'est pourquoi, saint Dominique voyant ces choses et reconnaissant que vraiment la providence divine s'employait pour
    eux, reconnut humblement que c'est à tort qu'il avait jugé indiscret le commandement de saint François, et s'agenouillant
    devant lui, il avoua humblement sa faute et ajouta : "Vraiment Dieu a un soin spécial de ces saints petits pauvres et je ne
    le savais pas. Et, dorénavant, je promets d'observer l'évangélique pauvreté; et je maudis de la part de Dieu tous les frères
    de mon Ordre qui auront dans le dit Ordre la présomption d'avoir quelque chose en propre".

    Ainsi, saint Dominique fut très édifié de la foi du très saint François et de l'obéissance et de la pauvreté d'une assemblée
    si grande et si bien ordonnée et de la providence divine et de la copieuse abondance de tous biens. Dans ce même chapitre,
    il fut dit à saint François que beaucoup de frères portaient une sorte de chemise de crin et des cercles de fer sur les chairs,
    que, à cause de cela, beaucoup en tombaient malades et que quelques-uns en mouraient, et que beaucoup en étaient
    empêchés de prier. De cela, en père discret, saint François commanda par la sainte obéissance, que quiconque portait
    cette chemise ou ces cercles de fer, les retirât et les posât devant lui. Et ainsi firent-ils. Et l'on compta bien cinq cents
    chemises de fer et encore plus de cercles de fer, portés aux bras et comme ceintures. Et il y en avait tant qu'ils en firent
    un grand tas. Et saint François les fit laisser là. Puis, le chapitre terminé, saint François les encouragea tous dans le
    bien et leur enseigna comment ils devaient échapper sans péché à ce monde mauvais, et, avec la bénédiction de Dieu,
    et la sienne, il les renvoya dans leur province, tout consolés de joie spirituelle.


 




Magique..magique..la forêt est vivante et me parle...





                                



Les monts de Ligurie


Beau village niché au creux d'un vallon



Les chemins sont parfois à peine tracés...





Vue sur Gênes et la méditerrannée



Encore quelques villages perdus dans les montagnes...








J'arrive en vue de Passo della Scoffera



    Étape avec un cumul de dénivelés : + 625  / - 570 


    Je quitte le gîte à 7h30 après le petit-déjeuner. L'itinéraire commence par un sentier en forêt agréable avec quand même

    quelques suites de dénivelés assez prononcés. Il fait frais et l'environnement sombre et austère a quelque chose de magique.
    Je traverse une forêt de hêtres et de sapins en montant régulièrement pour arriver à une petite aire de pique-nique où je

    fais une première pause.

    Ensuite il y a quelques passages difficiles sur un sentier en dévers au milieu de hautes herbes avec sur le côté un talus
    en
    pente assez raide. Il faut parfois s'accrocher aux rochers pour escalader. Maintenant, l'environnement est découvert et
    le panorama est superbe avec les montagnes alentour et au loin la Méditerranée et le golfe de Gênes. J'arrive à une deuxième
    aire de pique-nique propice à une nouvelle pause. Je suis maintenant à une altitude d'environ 1.000 m.

    Je croise 2 fois des randonneurs italiens venus marcher pour la journée. Je continue toujours sur ce sentier qui enchaîne une
    suite de montées et de descentes. Je suis accompagné par une multitude de papillons comme je n'en avais pas vu depuis

    longtemps ! À croire qu'ils me prenaient pour François !...

    J'entame alors la descente qui est assez raide mais heureusement c'est un chemin de terre peu caillouteux.
    J'arrive un peu avant 15h à Passo della Scoffera. Je vais directement au bar où le patron m'offre une bière et je prends
    rendez-vous pour le dîner à 19h30. Juste à côté se trouve mon hébergement qui est situé à l'étage d'une grande maison.
     



Hébergement Gîte chez Lia Fossa au Passo della Scoffera
Grande maison rouge à côté du Ristorante Alessandro
Chambre avec SDB commune
Cuisine à disposition pour le petit-déjeuner

4 coquilles




Le parking au pied la maison où se trouve mon hébergement



    COMMENT, EN 1225, FRANCOIS NOUS INVITE A L’EMERVEILLEMENT DEVANT LA CREATION  (Suite)

    Et c’est là que, du fond de sa souffrance, une nuit, à bout de forces, il appelle Dieu à son secours. Et c’est de cet immense
    cri de douleur que va jaillir le plus beau des poèmes ! François sait qu’il ne verra plus ni le soleil, ni la nature, ni la lumière,
    ni les étoiles, mais ce n’est pas une raison pour les ignorer. Au contraire, il faut leur adresser des louanges, les sublimer en
    quelque sorte ! De cette nuit dramatique où il a frôlé le désespoir, sort un Hymne à la Joie à nul autre pareil. François est
    transfiguré !

    Six cents ans plus tard, Beethoven écrira son Ode à la Joie alors qu’il est sourd ! François, lui, nous décrit la beauté de la
    Création alors qu’il est aveugle ! Puis il appelle ses frères, leur chante son poème, et leur demande de le chanter chaque jour
    et partout. La musique aussi peut servir de moyen de conversion. Car le
    Cantique des Créatures est écrit dans la langue de
    tous les jours, et non en latin comme d’habitude. François sait depuis longtemps que pour toucher le cœur des plus petits,
    des plus fragiles, des plus simples, il faut employer les mêmes mots qu’eux. Composé dans une profonde souffrance, ce chant
    n’est que Paix, Joie, Émerveillement. Soleil ! Lune ! Vent ! Eau ! Feu ! Terre ! François ne divinise pas les éléments, mais par
    eux il nous tourne vers quelque chose de plus grand : la Création, œuvre d’un Créateur à qui, seul, s’adresse toute louange.

    Puis il rend grâce pour ceux qui savent pardonner, souffrir tout en conservant la Paix. Enfin, il chante la Mort, accueillie
    comme une sœur dans la joie et la sérénité. Le dernier mot de ce cantique c’est :
    Humilité, un trait particulier de l’âme de
    François. C’est l’humilité qui permet une harmonie entre les personnes les plus différentes… c’est l’humilité de chacun qui
    entraîne, non seulement le respect de l’univers et de ses richesses, mais aussi le désir de vivre en paix avec toutes les
    créatures. Il faut sentir profondément la beauté du monde pour ressentir, profondément aussi la souffrance des hommes.
    Elles sont indissociables et François l’avait compris.

    Le soir du 3 octobre 1226, son âme s’envola telle une alouette.
    "Chacun ressentit soudain comme un immense vide."
    L’homme fraternel s’en était allé…
    Qui désormais ferait descendre la paix du ciel sur la terre ?
    Qui serait assez pauvre pour être le frère de tous ?
    Qui saurait dire, comme lui :
    Pace e bene, Paix et bien ?... »

    En 1979, le Pape Jean-Paul II déclarait Saint François patron des écologistes,
    et en 1986, il convoquait à Assise les représentants de toutes les religions.

    Extrait de Saint-François d'Assise, le Troubadour de Dieu (Texte de Aline Racheboeuf)
     

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