Mercredi 25 Août 2021 - Passo della Scoffera > Cabanne 25 km
15ème étape
(Ligurie)



    Les Fioretti de Saint François d'Assise

    Comment saint François pacifia le loup avec le peuple de Gubbio.

    Au temps où saint François demeurait dans la ville de Gubbio, apparut un très grand loup, terrible et féroce, qui
    dévorait non seulement les animaux, mais aussi les hommes; en sorte que tous les habitants étaient dans une grande
    peur, parce qu'il s'approchait souventefois de la ville. Et tous allaient armés quand ils sortaient des terres, comme s'ils
    allaient au combat, et malgré tout cela, qui le rencontrait seul ne pouvait se défendre de lui. Et par peur de ce loup ils en
    vinrent au point que personne n'était assez hardi pour sortir hors de la ville. C'est pourquoi saint François ayant
    compassion des hommes de la ville, voulut sortir face à ce loup, bien que les habitants le lui déconseillassent tout à fait,
     et ayant fait le signe de la sainte croix, il sortit hors de la ville, lui et ses compagnons, mettant en Dieu toute sa confiance.

    Et les autres, hésitant à aller plus loin, saint François prend le chemin vers le lieu où était le loup. Et voici que, devant
    beaucoup d'habitants qui étaient venus voir ce miracle, le dit loup alla à la rencontre de saint François, la gueule ouverte,
    et saint François s'approchant de lui, fit sur lui le signe de la croix, l'appela à lui et lui parla ainsi: "Viens ici, frère loup,
    je te commande de la part du Christ de ne faire de mal ni à moi, ni à personne".

    Admirable à dire ! Aussitôt que saint François eut tracé la croix, le terrible loup ferma la gueule et cessa de courir.
    Et, le commandement fait, il vint paisiblement comme un agneau, se jeter couché aux pieds de saint François. Alors
    saint François lui parla ainsi : "Frère loup, tu fais beaucoup de dommages en ces endroits, et tu as commis de très grands
    méfaits, abîmant et tuant les créatures de Dieu sans sa permission. Et non seulement tu as tué et dévoré les bêtes, mais
    tu as eu la hardiesse de tuer et d'abîmer les hommes faits à l'image de Dieu. Pour cela tu mérites les fourches comme un
    voleur et un assassin très méchant et tout le monde crie et murmure contre toi, et toute cette contrée t'a en inimitié.
    Mais je veux, frère loup, faire la paix entre toi et ceux-ci, que tu ne les offenses plus, et qu'ils te pardonnent chaque offense
    passée, et ni les hommes, ni les chiens ne te persécuteront plus".

    Ces paroles dites, le loup, par les mouvements de son corps, de sa queue et de ses oreilles et en inclinant la tête montrait
    qu'il acceptait ce que saint François disait et qu'il voulait l'observer. Alors saint François dit : "Frère loup, puisqu'il te
    plaît de faire et de tenir cette paix, je te promets de te faire donner toujours ce qu'il te faut, tant que tu vivras, par les
    hommes de cette ville, et ainsi tu ne pâtiras plus de la faim, car je sais bien que c'est la faim qui t'a fait commettre tout
    ce mal. Mais puisque je t'obtiendrai cette grâce, je veux, frère loup, que tu me promettes de ne plus jamais nuire à aucun
    homme, ni à aucun animal. Me promets-tu cela ?"

    Et le loup, en inclinant la tête, fit le signe évident qu'il promettait. Et saint François dit : "Frère loup, je veux que tu me
    fasses foi de cette promesse, afin que je puisse m'y fier". Et saint François étendant la main pour recevoir sa foi, le loup
    leva sa patte droite de devant et la posa familièrement sur la main de saint François, lui donnant ainsi le signe de foi
    qu'il pouvait. Alors saint François dit : "Frère loup, je te commande, au nom de Jésus-Christ, de venir avec moi
    maintenant, sans rien craindre, et nous allons conclure cette paix au nom de Dieu".....
     

 



Quelques beaux passages en sous-bois...



Panorama sur les monts de Ligurie...









Un environnement sauvage...


...et toujours ces villages perdus dans les vallons...





Cette femelle sanglier (Laie) avec ses petits qui traverse le chemin...


On retrouve l'itinéraire de l'Alta Via


Tout au long de l'étape on domine au loin la Méditerranée


C'est vraiment une super belle étape...


Quelques randonneurs...


Cette Ligurie est somptueuse...


Petite chapelle au Passo del Portello


Une rencontre inattendue...





Les papillons m'ont accompagné sur le chemin...


Un couple de randonneurs italiens


Monument à la mémoire de résistants au fascisme

                 
L'église de Barbagelata                                                                                                 

 


    Étape avec un cumul de dénivelés : + 700 / - 600


    Je quitte le gîte à 6h15. Je prends la petite route à côté du bar en montée qui très vite devient un sentier qui commence

    assez raide puis s'étire sur une crête ventée d'où j'ai une belle vue sur les monts de Ligurie et au loin la Méditerranée.
    Beau cheminement au milieu des fougères et comme je marche tranquillement sur ce chemin plutôt agréable, j'aperçois
    à une vingtaine de mètres devant moi un sanglier, je dirai plutôt une laie, femelle avec ses petits qui détale dès lors
    qu'elle a détecté ma présence.

    Le sentier arrive à un point haut d'où j'ai une superbe vue ! Là, je m'assieds pour faire une pause.
    Je continue en traversant une forêt de hêtres et j'arrive au Colle del Monte Lavagnola à 1080 m et peu après je descends
    vers le Passo del Portello à 1032 m.

    Ensuite ça grimpe assez raide par un chemin de terre. Je rencontre un couple d'italiens venus randonner pour la journée.
    Avant de redescendre vers Barbagelata, je fais une nouvelle pause. Une fois arrivé dans cette localité, je cherche un point
    d'eau et je trouve une fontaine à la sortie du village. L'église est délabrée et d'après le topo-guide il y a une très belle église
    moderne que j'aperçois sur les hauteurs.

    Après avoir fait le plein d'eau, je fais demi-tour pour prendre un chemin en descente jusqu'à une route peu circulante
    qui doit me mener à Cabanne. Ensuite, je ne sais pas ce qui s'est passé... J'ai sans doute mal interprété les indications,
    je fais plusieurs kilomètres avant de m'apercevoir que je marche dans la direction opposée ! Il y a 5 à 6 kilomètres à
    refaire pour retrouver la bonne direction. La pluie menace et commence à tomber assez fort. J'appelle Monica mon
    hôtesse de l'Auberge Paretin où j'ai réservé une chambre. Vingt minutes plus tard elle arrive en voiture pour me chercher
    et ainsi
    j'ai évité une fin d'étape qui aurait sans aucun doute été plutôt galère ! !

    J'ai une grande chambre avec salle de bains. Le dîner est copieux et l'ambiance plutôt chaleureuse.
     

 


    Ci-dessous un texte extrait du très beau livre de André Weill :
    "Sur le chemin d'Assise, présence et simplicité" :


    "De par son profil sans concession, le Chemin d'Assise en Ligurie prend de la hauteur".
    La montagne, ardue et exigeante, lui rappelle sa pauvreté franciscaine.
    Chemin engagé avec peu d'assistance.
    Chemin transpirant, discret, enraciné au cœur de l'humain.
    Ici pas de bobos, pas de citadins grince dents, pas de compétiteurs sportifs,
    pas de taxis providentiels, pas de transporteurs de bagages.
    C'est là que le Chemin d'Assise se différencie, sans conteste possible, de son frère galicien,
    à mon goût trop aménagé, banalisé, balisé, assisté, commenté, glorifié, médiatisé.
    Chemin d'Assise,
    tu es grand, tu es beau.
     

 


Hébergement à l'Auberge Paretin à Cabanne
Chambre avec SDB commune
Dîner et Petit-déjeuner sur place

4 coquilles



£
L'Albergo-Ristorante Paretin à Cabanne



    Extrait du livre "Sagesse d'un pauvre" d'Eloi Leclerc sur la vie de Saint François d'Assise.

    « - Sais-tu, frère, ce qu'est la pureté du coeur ?
    - C'est de ne pas avoir de faute à se reprocher, répondit Léon sans hésiter.
    - Alors, je comprends ta tristesse, dit François. Car on a toujours quelque chose à se reprocher.
    - Oui, dit Léon, et cela précisément me fait désespérer d'arriver un jour à la pureté du coeur.
    - Ah ! frère Léon, crois-moi, repartit François, ne te préoccupe pas tant de la pureté de ton âme.
    Tourne ton regard vers Dieu.
    Admire-le. Réjouis-toi de ce qu’il est, lui, toute sainteté.
    Rends-lui grâce à cause de lui-même.
    C’est cela même, petit frère, avoir le coeur pur.

    Et quand tu es ainsi tourné vers Dieu, ne fais surtout aucun retour sur toi-même. Ne te demande pas où tu en es
    avec Dieu. La tristesse de ne pas être parfait et de se découvrir pécheur est encore un sentiment humain, trop humain.
    Il faut élever ton regard plus haut, beaucoup plus haut. Il y a Dieu, l’immensité de Dieu et son inaltérable splendeur.
    Le coeur pur est celui qui ne cesse d’adorer le Seigneur vivant et vrai. Il prend un intérêt profond à la vie même de
    Dieu et il est capable, au milieu de toutes ses misères, de vibrer à l’éternelle innocence et à l’éternelle joie de Dieu.
    Un tel coeur est à la fois dépouillé et comblé. Il lui suffit que Dieu soit Dieu. En cela même, il trouve toute sa paix,
    tout son plaisir. Et Dieu lui-même est alors toute sa sainteté.

    - Dieu, cependant, réclame notre effort et notre fidélité, fit observer Léon.
    - Oui, sans doute, répondit François. Mais la sainteté n’est pas un accomplissement de soi, ni une plénitude que
    l’on se donne. Elle est d’abord un vide que l’on accepte et que Dieu vient remplir dans la mesure où l’on s’ouvre à
    sa plénitude. Notre néant, vois-tu, s'il est accepté, devient l'espace libre où Dieu peut encore créer. Le Seigneur ne
    laisse ravir sa gloire à personne. Il est le Seigneur, l'Unique, le seul Saint. Mais il prend le pauvre par la main,
    le tire de sa boue et le fait asseoir parmi les princes de son peuple afin qu'il voit sa gloire. Dieu devient alors
    l'azur de son âme. Contempler la gloire de Dieu, frère Léon, découvrir que Dieu est Dieu, éternellement. Dieu au
    delà de ce que nous sommes ou pouvons être, se réjouir à plein de ce qu'il est, s'extasier devant son éternelle
    jeunesse, et lui rendre grâce à cause de lui-même, à cause de son indéfectible miséricorde, telle est l'exigence la
    plus profonde de cet amour que l'Esprit Saint ne cesse de répandre en nos coeurs.  C'est cela avoir le coeur pur.
    Mais cette pureté ne s'obtient pas à la force des poignets et en se tendant.

    - Comment faire ? demanda Léon.
    - Il faut simplement ne rien garder de soi-même. Tout balayer même cette perception aiguë de notre détresse.
    Faire place nette. Accepter d’être pauvre. Renoncer à tout ce qui est pesant, même au poids de nos fautes.
    Ne plus voir que la gloire du Seigneur et s’en laisser irradier. Dieu est, cela suffit. Le coeur devient alors léger.
    Il ne se sent plus lui-même, comme l’alouette enivrée d’espace et d’azur. Il a abandonné tout souci, toute inquiétude.
    Son désir de perfection s’est changé en un simple et pur vouloir de Dieu. »

     

 Etape suivante 

Retour à la page des étapes