Lundi 23 Août 2021 - Pietralavezzara > Passo della Bocchetta >
Colle di Creto - 21 km
13ème étape
(Ligurie)



    Les Fioretti de Saint François d'Assise

    Du merveilleux chapitre fait à Sainte-Marie des Anges (Suite)


    C’est pourquoi, quiconque les entendait ou les voyait avait pour eux tant de dévotion, et si grande était la renommée de
    leur sainteté, que de la cour du pape, qui était alors à Pérouse, et des autres lieux du Val de Spolète, beaucoup de comtes
    et de barons et de chevaliers et autres gentilshommes et beaucoup de gens du peuple et de cardinaux et d'évêques et d'abbés,
    avec d'autres clercs, venaient pour voir cette assemblée, si sainte, si grande et si humble, que le monde n'eut jamais tant
    de saints hommes réunis. Et ils venaient principalement pour voir le chef et le père très saint de toute cette sainte gent,
    lui qui avait enlevé au monde une si belle proie et rassemblé un si beau et si dévoué troupeau pour suivre les traces du
    véritable pasteur, Jésus, le Christ béni.

    Tout le chapitre général étant donc réuni, le père saint, père de tous et ministre général, saint François, dans la ferveur
    de l'esprit, annonça la parole de Dieu et leur prêcha à haute voix ce que l'Esprit-Saint lui faisait dire. Et pour sujet du
    sermon, il prit ces paroles: "Mes fils, nous avons promis de grandes choses, mais bien plus grandes sont celles que Dieu
    nous a promises. Observons celles que nous avons promises et attendons avec certitude celles qui nous sont promises.
    Bref est le plaisir du monde, mais la peine qui le suit est perpétuelle. Petite est la peine de cette vie, mais la gloire de
    l'autre est infinie". Et prêchant très dévotement sur ces paroles, il réconfortait et exhortait tous les frères à l'obéissance
    et au respect envers la sainte Mère l'Eglise, à la charité fraternelle et à prier pour tout le peuple de Dieu, à avoir patience
    dans les adversités de ce monde et tempérance dans la prospérité, à garder une pureté et une chasteté angéliques, à avoir
    la paix et la concorde avec Dieu et avec les hommes et avec leur propre conscience, à aimer et à observer la très sainte
    pauvreté.

    Et ici, il dit: "Par le mérite de la sainte obéissance je vous commande, à vous tous qui êtes réunis ici, que nul de vous
    n'ait ni souci ni sollicitude d'aucune chose à manger ou à boire, ou des choses nécessaires au corps, mais appliquez-vous
    seulement à prier et à louer Dieu, et que toute la sollicitude de votre corps, vous la lui laissiez, parce qu'il a un soin tout
    spécial de vous".
     

 




 

Le gîte de Pietralavezzara








Randonneur franco-américain sur l'Alta-Via




                                                 



 
Les villages parsèment les collines boisées...

                                                 
                                                                                             Le Santuario della Vittoria


Sous-bois propice à un bon temps de repos...











La chapelle Madonna di Orero








Une belle vue sur Gênes et ses alentours...


 



    Étape avec un cumul de dénivelés : + 800 + / - 1025

    À 7h, Emilio le suppléant de Claudio vient me chercher au gîte pour me monter en voiture au Passo della Bochetta.
    Une fois là-haut, je prends un chemin facile avec de légers dénivelés. Je croise un marcheur franco-américain qui parcours
    l'Alta-Via (*) que je vais suivre pendant une bonne partie de cette étape.  Nous prenons un bon temps d'échanges et je
    continue sur un sentier ombragé. J'arrive à Passo dei Giovi où je me rafraîchis à une fontaine.

    Je traverse une nationale et je prends une petite route qui grimpe vers le Santuario della Vittoria. Je rentre dans l'église.
    À côté il y a un bar rempli d'enfants bruyants aussi je ne m'attarde pas et après un arrêt à une nouvelle fontaine pour faire
    le plein d'eau, je prends un chemin qui au départ est assez raide et ensuite devient un sentier en forêt.
    J'ai déjà parcouru une dizaine de kilomètres et c'est le moment de faire une bonne pause.

    Après ce temps de repos, je continue sur ce sentier et j'arrive à une zone découverte avec des pâturages. C'est un beau
    panorama avec les vues sur les collines et les montagnes, avec ici et là des villages qui émergent de ces grandes étendues
    boisées. Le temps est couvert. Je commence à descendre en suivant un sentier rocailleux. Je continue toujours au milieu
    de pâturages. J'aperçois au loin une femme qui promène ses chiens. Comme le tonnerre gronde, elle fait demi-tour.
    On échange quelques mots et je continue sur un sentier en sous-bois. Je suis toujours sur l'Alta-Via. Je passe au milieu
    de noisetiers sauvages et de châtaigniers. Il y a quelques bons dénivelés et j'arrive à Crocetta d'Orero.

    Je traverse la route et comme je sors de cette localité, je sonne à une des dernières maisons pour demander de l'eau.
    Une femme arrive et va me chercher une bouteille d'eau bien fraîche ainsi qu'une pomme et des biscuits.
    Un peu plus haut je fais une longue pause, car il reste encore 8 kilomètres à parcourir pour arriver à mon étape.

    Pour terminer, sentier qui grimpe en forêt jusqu'à la chapelle "Al Partigiano".  J'arrive à un point haut d'où j'ai une
    belle vue sur Gênes. Puis c'est une descente par moments assez raide qui m'amène à l'entrée de
    Colle di Creto.

    Je téléphone à mon hébergement pour savoir comment m'y rendre. Peu après un homme arrive et me conduit à la
    "Locanda dei Cacciatori" qui est une sorte d'auberge où j'ai une belle chambre avec salle de bains.
    J'aurai droit à un bon dîner servi sur place, copieux et bien arrosé !

    *
    Alta-Via : Chemin qui relie les extrémités de la Riviera ligure de Vintimille à Ceparana, de la province d'Imperia à la province de La Spezia.
     



Hébergement à la "Locanda dei Cacciatori" à Colle di Creto
Chambre avec SDB
Dîner et Petit-déjeuner sur place
Bon accueil

4 coquilles




Du haut des montagnes un beau zoom sur Gênes



    COMMENT, EN 1225, FRANCOIS NOUS INVITE A L’EMERVEILLEMENT DEVANT LA CREATION

    Nous sommes en 1225, François a 43 ans. Il lui reste une année à vivre, et cette année sera celle de la pire pauvreté :
    Il souffre de l’estomac, il est tuberculeux, et pour comble, il a contracté au Proche-Orient une infection oculaire appelée
    trachome qui le rend presque aveugle et le fait horriblement souffrir… et que l’on soigne par cautérisation au fer rouge !

    Il y a aussi les stigmates, c’est-à-dire les marques des plaies du Christ qui sont mystérieusement apparues sur ses mains,
    ses pieds et son côté un an plus tôt et qui saignent en permanence. Et voilà qu’un autre souci paraît : à son retour de Terre
    Sainte, François a découvert que l’Ordre qu’il avait créé avec tant d’amour, tant d’enthousiasme, cet Ordre des Frères
    mineurs lui échappait pour passer en des mains plus organisatrices, et surtout plus ambitieuses que lui. Il est tenté par la
    colère, par une sorte de règlement de comptes : après tout, ils ont profité de son absence pour refaire les choses à leur façon !
    Qui n’a pas, un jour, éprouvé cette impression d’être dépossédé de ce qu’il a aimé et vécu de tout son cœur et de toutes ses forces ?

    Parce qu’il a dû céder sa place, parce qu’on la lui a prise, parce qu’il est devenu inutile.
    Pour employer un mot d’aujourd’hui, François se retrouve au chômage.
    Il est torturé physiquement : Frère Ane, son pauvre corps, ne lui laisse aucun répit….
    Moralement : ces frères qui le lâchaient aujourd’hui, ils étaient ses frères…
    Spirituellement : comment continuer ce chemin pavé des pires tourments ?
    Un jour, il avait écrit : « Dieu n’a pas été en mesure de trouver un homme plus pécheur, plus incapable et plus inapte,
    et c’est justement pour cela qu’il m’a choisi ». Il est maintenant totalement pauvre, de cette pauvreté tant désirée…

    Alors, au milieu de ce désastre apparent, il se reprend, monte sur un âne et part sur les routes, lançant à tous un appel
    à la réconciliation, à la paix, à la fraternité, répétant à ses compagnons : « Nous n’avons encore rien fait, mes frères,
    alors commençons ! »

    François s’épuise chaque jour un peu plus… Il veut cependant passer par le couvent de St Damien, celui des Pauvres Dames
    de Sœur Claire. Mais il est en si mauvais état que pendant 50 jours, il y restera, cloîtré dans le noir car il ne supporte plus
    la lumière, lui qui l’aimait tant !


    Extrait de Saint-François d'Assise, le Troubadour de Dieu (Texte de Aline Racheboeuf)
     

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