Dimanche 22 Août 2021 - Gil Orti di Bertin> Passo della Bochetta >
Pietralavezzara - 25 km
12ème étape
(Ligurie)



    Les Fioretti de Saint François d'Assise.

    Du merveilleux chapitre fait à Sainte-Marie des Anges.


    Le fidèle serviteur de Jésus-Christ, messire saint François, tint une fois un chapitre général à Sainte-Marie des Anges.
    À ce chapitre se réunirent bien cinq mille frères et il y vint saint Dominique, chef et fondateur de l'ordre des frères
    Prêcheurs qui se rendait alors de Bourgogne à Rome. Et apprenant la réunion du chapitre que saint François faisait
    dans la plaine de Sainte-Marie des Anges, il l'alla voir avec sept frères de son Ordre. Il y eut encore au dit chapitre
    un cardinal très dévoué à saint François, à qui celui-ci avait prophétisé qu'il devait être pape, et ce fut ainsi.

    Ce cardinal était venu avec empressement de Pérouse - où était la cour - à Assise, et chaque jour il venait voir
    saint François et ses frères, et quelquefois il chantait la Messe, et quelquefois il faisait un sermon aux frères en chapitre.
    Et le dit cardinal éprouvait très grande consolation et plaisir quand il venait visiter ce saint collège, voyant dans cette
    plaine autour de Sainte-Marie les frères s'asseoir en groupes. Là, quarante, là, cent, là, deux cents, là, trois cents ensemble,
    tous occupés seulement à parler de Dieu, dans les prières, dans les larmes, dans les exercices de charité. Et ils se tenaient
    avec tant de silence et avec tant de modestie, qu'on n'entendait là ni bruit, ni frottement d'aucune sorte, et s'émerveillant
    de voir une telle multitude, ainsi ordonnée, il disait avec larmes et avec grande dévotion : "Vraiment, c'est ici le camp et
    l'armée des chevaliers de Dieu". On n'entendait personne, dans une telle multitude parler fables, ou mensonges, mais,
    partout où se réunissait un groupe de frères, ou ils faisaient oraison, ou ils disaient l'office, ou ils pleuraient leurs péchés
    et ceux de leurs bienfaiteurs, ou ils s'entretenaient de salut de l'âme. Et il y avait dans ce champ des abris faits de claies
    et de nattes, distincts par groupes, selon les frères des diverses provinces; et pour cela, ce chapitre s'appelait le chapitre
    des claies ou des nattes. Leurs lits étaient la terre nue, d'autres avaient un peu de paille, les oreillers étaient une pierre
    ou du bois.
     

 



Les montagnes de Ligurie






Les foins sont coupés et pressés en cylindres...





La Capella dell'Assunta


Sentier en forêt...


...A
u milieu des éboulis...


Le barrage du Lago Badana (à sec)

                   
Le tunnel, vestige d'une ancienne voie ferrée ?





Le Lago Bruno




                                          
Monument aux résistants de 1945 et monument à la mémoire du grand coureur italien Fausto Coppi



Le Lago Bruno





Un troupeau de vaches à l'heure de la sieste

                                                                    




Le chemin serpente entre brume et à-pics...











Un petit sanctuaire au Passo della Bocchetta


 
Xavier devant le restaurant de Pietralavezzara où nous avons dîné sur la terrasse...
 



    Étape avec un cumul de dénivelés :  + 1300  /  - 1200

    Je quitte l'Agriturismo à 6h15 après le petit-déjeuner. Xavier est parti un peu avant moi. Je reprends la même petite route

    que j'ai prise hier pour rejoindre cet hébergement à partir de Campo Ligure. Je fais 3 kilomètres sur un parcours en légère
    montée pour retrouver le chemin balisé. Ensuite c'est un sentier qui me mène à la Capella dell'Assunta où je fais une
    première pause.

    Je prends une petite route puis un chemin balisé avec 2 carrés jaunes qui va me conduire jusqu'au lac "Lago Bruno".
    Ce chemin passe au milieu d'éboulis de rochers qui nécessitent d'être assez vigilant pour éviter la chute. C'est un
    itinéraire assez accidenté et quand je trouve un banc, j'en profite pour faire une 2ème pause.

    Ce sentier descend ensuite assez fortement jusqu'au barrage du "Lago Badana" qui est à sec. Pluis loin je traverse un tunnel
    et je continue tranquillement par un chemin qui m'amène à un pont qui enjambe le "Lago Bruno". Je quitte alors le chemin
    balisé pour aller vers une grande maison orange au bord du lac avec des bancs et un point d'eau. Je fais alors une 3ème
    pause et je fais le plein d'eau.

    Ensuite c'est un long sentier en montée qui m'amène à une altitude avoisinant les 1.000 m. C'est un parcours balisé GR
    avec une suite de sentiers parfois assez raides. Je rejoins alors l'Alta Via que je vais suivre pendant un moment. Il y a des

    pâturages, de belles vues sur le lac en contrebas et un magnifique panorama sur les montagnes de Ligurie tout alentour.
    Je continue sur un sentier en balcon très étroit avec sur ma droite des à-pics. Un vent violent se lève alors avec des masses

    de nuages qui montent de la vallée. C'est éprouvant, car il y a des rafales assez fortes, mais heureusement le balisage est
    bien assuré et après ce cheminement qui me paraît bien long, j'arrive sur un chemin pavé en descente qui m'amène en une
    petite demi-heure au Passo della Bocchetta.

    De là, je prends une petite route pour rejoindre Pietralavezzara où se trouve mon hébergement. Après 500 mètres, j'ai la
    surprise de voir arriver Xavier dans une voiture avec une jeune femme qui viennent me chercher et m'éviter les kilomètres
    à faire sur cette route après une étape éprouvante.

    Une fois arrivé au Gîte d'étape, après la douche et le rituel de la lessive, je prends un bon temps de repos avant d'aller
    dîner avec Xavier dans une Trattoria.



Hébergement Gîte d'étape à Pietralavezzara
Gîte bien équipé
Il manque une cuisine pour le Petit-déjeuner
(Normalement l'accueil est assuré par Claudio qui
se trouve alors en vacances et c'est sa fille qui nous a accueilli)

3 coquilles




Le Lago Bruno



    COMMENT EN 1221, FRANCOIS APAISA LES PEURS ET FIT REGNER LA PAIX

    François d’Assise est le dernier des 150 saints dont la vie est racontée dans la Légende dorée, le livre le plus lu au
    Moyen Age après la Bible. On en connaît de nos jours 1.000 exemplaires manuscrits conservés depuis 1266.

    L’épisode du fameux loup apprivoisé par François est quelque chose d’infiniment touchant et qui sort en première ligne
    quand on évoque les faits et gestes du Pauvre d’Assise. Beaucoup de gens ne connaissent de lui que cet épisode peu
    banal. Y a-t-il au monde quelqu’un qui aime les loups ? Depuis la nuit des temps, le loup est un animal qui engendre
    la peur, la panique même, la détestation la plus totale chez la plupart d’entre nous. Rien n’y fait : ce magnifique animal
    sans collier, ni laisse, ni muselière ne sera jamais « compatible » avec la vie des humains ! Et tout simplement parce
    qu’il fait peur. Parce que, avoir peur, c’est voir un danger arriver sur nous sans que nous puissions l’éviter ou nous
    défendre. C’est avoir envie de fuir… et rester cloué sur place. La peur, elle existe depuis Adam et Eve.

    Or, voici qu’à Gubbio, petite cité très ancienne voisine d’Assise, on vivait dans la terreur !
    Un loup d’une taille exceptionnelle manifestait une faim tout aussi gigantesque, s’attaquant aussi bien aux troupeaux
    qu’à leurs bergers. Et il lui arrivait maintenant de « descendre en ville ».

    Un jour où François venait de prêcher, les habitants lui racontèrent leur souci, et François eut pitié. Ne tenant pas compte
    de leurs avertissements, il partit à la recherche du monstre, pieds nus et sans le moindre bâton. Les autres le suivaient,
    mais de loin, intrigués autant qu’apeurés. C’est sûr, il allait se faire dévorer ! Et François avançait tranquillement…
    Et tout à coup, ce fut la rencontre ! François fit le signe de la croix et dit à l’animal : « Frère Loup, viens près de moi,
    et je te demande de ne pas nous faire de mal ! Tu abuses de ta force, tu es méchant, tout le monde veut te voir mort !...
    Ecoute, frère Loup, je veux qu’il y ait la paix entre toi et tous les habitants et tous les animaux ! »
    Le loup s’était arrêté, il s’assit et pencha la tête…il pensait sûrement : « Ça veut dire quoi, ce discours ? ».
    Et François de continuer : « Les habitants de cette cité te fourniront chaque jour ta nourriture, et tu ne toucheras plus
    jamais à aucun être vivant. Tu me le promets ? » Alors, ce monstre qui faisait si peur leva la patte droite et la mit dans
    la main de François. Et François redescendit en ville accompagné de cet animal devenu doux comme un agneau.
    Le loup devint un familier de tous les habitants, il allait et venait chez eux sans problème. Il vécut parmi eux pendant
    deux ans et mourut de vieillesse… et il fut pleuré de tous.

    La peur engendre la violence, la méfiance, le repli sur soi, toutes sortes d’attitudes par lesquelles on croit se tirer d’affaire
    et se mettre à l’abri. Pour François, il n’y a qu’une attitude possible : le dialogue qui apportera la paix.
    La paix est un chemin parfois long et difficile, mais elle amène petit à petit à la collaboration si chacun se sent estimé,
    valorisé, respecté dans sa dignité. François ne capitule devant aucune difficulté, il démontre là que le pire ennemi peut
    devenir un frère : il faut simplement y croire ! L’humilité de chacun fera le reste. Lisons attentivement ces paroles
    d’Eloi Leclerc, grand spécialiste contemporain de la pensée franciscaine : « Nous connaissons tous ce loup cruel.
    Il est de tous les temps, il ne court pas seulement les bois. Il se cache aussi dans le fond des cœurs, il est en chacun de nous.
    François fut en son temps un semeur de paix, un créateur de fraternité. Il était devenu lui-
    même un être pacifié, un homme
    fraternel. Qui, aujourd’hui nous délivrera du loup cruel ? Qui saura l’apprivoiser ? Celui-là sera l’homme fraternel,
    l’homme des siècles à venir ! Comme François, il marchera au milieu de frères.
    Et à ses côtés, trottera, libre et joyeux, le grand loup apprivoisé".


    Extrait de Saint-François d'Assise, le Troubadour de Dieu (Texte de Aline Racheboeuf)
     

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