Samedi 21 Août 2021 - Tiglieto > Campo Ligure Gil Orti di Bertin - 18 km
11ème étape
(Ligurie)



    Les Fioretti de Saint François d'Assise


    De merveilleux repas que fit saint François avec sainte Claire à Sainte-Marie des Anges  (Suite)

    Et au premier mets, saint François commença à parler de Dieu si suavement, et si hautement et si merveilleusement
    que, l'abondance de la grâce divine descendant sur eux, ils furent tous ravis en Dieu. Et pendant qu'ils étaient ainsi
    ravis, les yeux et les mains levés vers le ciel, les gens d'Assise et de Bettona et ceux de la contrée environnante voyaient
    que Sainte-Marie des Anges et tout le couvent et le bois, qui était alors à côté du couvent, brûlaient entièrement et il
    leur semblait que c'était un grand feu qui occupât à la fois la place et de l'église et du couvent et du bois. Ce pourquoi,
    les gens d'Assise coururent là-bas en grande hâte pour éteindre le feu, croyant fermement que tout brûlait.
    Mais arrivant au couvent et ne voyant aucun feu, ils y entrèrent et trouvèrent saint François avec sainte Claire
    et tous leurs compagnons ravis en Dieu dans la contemplation et assis autour de cette humble table.

    De cela, ils comprirent avec certitude que c'était là un feu divin et non matériel que Dieu avait fait apparaître
    miraculeusement pour démontrer et signifier le feu de l'amour divin dont brûlaient les âmes de ces saints frères et
    saintes moniales. Aussi, ils repartirent le cœur rempli d'une grande consolation et saintement édifiés. Puis, après
    un grand moment, saint François et sainte Claire revinrent à eux en même temps que les autres et se sentant si bien
    réconfortés par la nourriture spirituelle, ne se soucièrent point de la nourriture corporelle. Et ainsi, ce repas béni étant
    terminé, sainte Claire, bien accompagnée, retourna à saint Damien. De quoi, les sœurs eurent, en la voyant, grande
    allégresse, car elles craignaient que saint François ne l'eût envoyée gouverner quelque autre monastère, comme il avait
    déjà envoyé sœur Agnès, sa sainte sœur, gouverner comme abbesse le monastère de Monticelli de Florence.
    Et saint François, quelque autre fois, avait dit à sainte Claire: "Tiens-
    toi prête, que je puisse t'envoyer en quelque
    couvent, s'il en était besoin", et elle, en fille de la sainte obéissance, avait répondu: "Père, je suis toujours prête à aller
    partout où vous m'enverrez". C'est pourquoi les sœurs se réjouirent beaucoup, quand elles la revirent, et sainte Claire,
    dorénavant, demeura très consolée.
     

 




À la sortie de Tiglieto, l'environnement promet une belle étape...





                              



Àprès 2 bonnes heures de marche...


Ce sont les montagnes de Ligurie que je vais traverser les jours suivants...

      
...et les chemins ombragés...


Première vue sur Campo Ligure...


Zoom-1


Zoom-2

Campo Ligure


Le pont médiéval...






Église paroissiale de la Nativité de la Vierge Marie





                                 
L'Archange Michaël et Saint Roch




Deuxième église avec un bel intérieur baroque et la statue de Saint-Roch




 


    Ci-dessous un texte extrait du très beau livre de André Weill :
    "Sur le chemin d'Assise, présence et simplicité" :


    "Magnifique et indomptable Ligurie, toute en vibration, fille du soleil et du magma terrestre.
    Ligurie, mère d’illustres voyageurs. Un chemin d’Assise tellement pénétrant, tellement actuel,
    tellement incarné, qu’il me replace en une fraction de seconde en ma vraie identité,
    à zéro centimètre de la Vie que je suis.
    A zéro centimètre de moi m’aime,
    en mes racines, en mon souffle, en ma filiation franciscaine.
    Un chemin fidèle à François, tellement sensible qu’il peut en un instant
    inverser le regard depuis le dehors vers le dedans.
    Tellement vaste qu’il fait passer de la petitesse du chemin qui est vu,
    à l’immensité de qui voit le chemin.
    Espace incommensurable, immatériel et impalpable, juste là au-dessus de nos épaules,
    toujours disponible, accueillant l’univers entier sans discrimination".
     

 


    Étape avec un cumul de dénivelés :  + 650  /  - 700

    Je quitte l'hôtel à 7h15 après après avoir salué notre hôte si prévenant et sympathique. L'itinéraire commence par une

    montée en suivant une petite route jusqu'à un groupe d'antennes. Puis c'est un chemin caillouteux jusqu'à un point haut
    à 800 m d'altitude d'où j'ai un superbe panorama avec une vision à 360°. Ensuite ce chemin continue au milieu d'un
    environnement sauvage où ne poussent que quelques arbustes, de la bruyère et des pins. Au balisage d'Assise s'ajoute
    un autre balisage composé de 2 carrés jaunes. Je continue en suivant un chemin de terre ombragé, puis c'est un long
    cheminement en crête.


    Ensuite l'environnement change, c'est de plus en plus boisé. Il y a des pâturages en contrebas, on entend le tintement
    des cloches des vaches. Je croise un homme en train de réparer des clôtures. Il m'interpelle pour me montrer le chemin

    qui part sur la gauche alors que j'allais continuer tout droit. C'est un sentier en balcon qui débouche sur un chemin plus
    large serpentant au milieu des pâturages. L'horizon est alors découvert avec au loin collines et montagnes qui annoncent
    la Ligurie, région dans laquelle je suis entré hier un peu avant Tiglieto.

    J'arrive sur une petite route goudronnée qui longe une grande étable et je subis alors une attaque de mouches qui n'auront
    de cesse de me tourner autour en venant contre mes yeux et ma bouche. C'est seulement lorsque je quitte cette route pour
    suivre un sentier ombragé qu'elles disparaissent.

    J'amorce alors la descente par un chemin qui s'enfonce au milieu des fougères puis traverse un sous-bois et un peu après,
    j'aperçois au fond de la vallée Campo Ligure. C'est une alternance de petites routes et de sentiers avec des pentes parfois
    un peu raides qui m'amènent à l'entrée de Campo Ligure. Il est juste midi. Je m'arrête à un bar pour manger un morceau
    de pizza avec un verre de vin blanc et je termine par une bonne glace italienne.

    Comme mon hébergement est seulement à 3 kilomètres de cette ville, je prends mon temps. Je rentre dans 2 églises qui
    sont sur mon passage. Sur la façade de la première, il y a une statue de l'Archange Michaël et dans la deuxième il y a une
    belle statue de Saint-Roch.

    À la sortie de la localité, je prends une route qui va bien grimper (240 m de dénivelé sur à peine 3 km) pour arriver à

    l'Agriturismo où j'ai réservé pour la nuit. J'y retrouve Xavier. Nous logeons dans un vaste dortoir où nous avons chacun
    un matelas. Nos hôtes, deux jeunes très sympa  vont nous préparer un bon dîner...



Hébergement dans l'Agriturismo "Gli orti di Bertin"
situé à 3 km de Campo Ligure
Bon accueil - Vaste dortoir - Dîner sur place
On retrouve facilement le Chemin balisé le matin suivant

4 coquilles




    COMMENT, EN 1219, FRANÇOIS COMPRIT ET ACCUEILLIT LA DIFFERENCE  (Suite)

    Enfin, c’est le grand jour ! François et Frère Illuminé vont pouvoir aller jusqu’au camp Sarrazin ! Ils y sont d’abord reçus
    sans douceur, saisis, ligotés, insultés. Puis, après bien des palabres (en français), ils se retrouvent devant Malik Al-Kamil.
    Alors, le Sultan leur demande qui les envoie et pourquoi. Et François se met à parler, avec tous ces mots qui lui sont habituels,
    simples, tendres, et tellement enthousiastes. L’autre l’écoute, visiblement impressionné et finit par lui dire :
    « Je me convertirais bien à votre religion qui est belle, mais je ne le peux pas car nous serions massacrés tous les deux. »

    Les deux hommes se séparent au bout de quelques jours dans une admiration réciproque. François s’est ouvert à une foi
    différente, il a découvert des hommes croyants, des croyants qui prient avec conviction. Avec sa sensibilité très profonde,
    il a découvert aussi que la différence est un enrichissement, et non un amoindrissement. Et que c’est le partage qui fait grandir,
    quand chacun donne à l’autre un peu de lui-même. Mais, malgré tout, il est déçu : sa mission de paix a rencontré des limites.
    Pouvait-il en être autrement ?... Quelques jours après, les Croisés prennent Damiette et ce sont des massacres épouvantables.
    La douleur de François est alors immense, lui qui avait tant rêvé de relier ces deux blocs en guerre par un pont de fraternité.

    A son retour en Italie, il dira : « J’étais là-bas au moment des combats… Ah ! Mon Dieu, quel abîme sépare les hommes ! »
    Armé du laissez-passer que lui a offert le Sultan, François est autorisé à se rendre dans les Lieux Saints : Bethléem, Nazareth,
    Jérusalem. Il y passera quelques mois. C’est en mémoire de ce temps que les Franciscains sont devenus les gardiens de tous
    ces lieux. Revenu au camp des Croisés, François s’adresse à tous : il leur demande d’être « simples comme des colombes,
    de ne faire ni procès, ni disputes », mais simplement d’affirmer qu’ils sont chrétiens. Il leur martèle que l’on peut cohabiter
    sans se massacrer, que ce qui peut les unir est bien plus fort que ce qui les sépare. Qu’il faut avoir le respect de l’autre,…
    et surtout, croire dans le dialogue. Mais un dialogue sincère, qui accepte les différences… et même les contradictions…
    et même les décisions prises par « l’autre », pourvu qu’il soit en accord avec sa conscience. Sortir des jugements et des
    a priori, être sincère. Ce qui lui fait dire, au retour, à lui, petit et humble :
    « Certains frères sont loin de moi parce que je suis sans doute encore trop loin d’eux »


    Extrait de Saint-François d'Assise, le Troubadour de Dieu (Texte de Aline Racheboeuf)
     

 Etape suivante 

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