COMMENT,
EN 1219, FRANÇOIS COMPRIT ET ACCUEILLIT LA DIFFÉRENCE
François a gardé de ses rêves de jeunesse un esprit chevaleresque ! Comme ses
contemporains, il a été bercé par la Chanson de Roland et par la légende du Roi
Arthur et des Chevaliers de la Table ronde. C’est pourquoi il n’est pas
étonnant que les Croisades aient provoqué dès le début un véritable engouement
: aller délivrer Jérusalem et tous les endroits où avait vécu Jésus, c’était
s’assurer le chemin vers le ciel ! Et de plus, on pensait que les autres
religions ne pouvaient être que l’œuvre du Diable.
Comme tout le monde,
François écoute avec attention tout ce qui est rapporté par ceux qui ont la
chance de revenir de Terre Sainte. Il rêve alors d’aller porter l’Evangile aux
Sarrazins ! L’image du chevalier intrépide revient en lui, mais avec les
années, elle s’est modifiée. « Le monde est déchiré, dit-il. D’un côté la
Chrétienté, de l’autre l’Islam. Où sont donc les fils de la Paix, animés du
désir de rencontrer les autres hommes, tous les autres, pour former avec eux la
grande famille du Père ? » Oui, verrait-on un jour la fin des Croisades ?... la
fin de ce qu’on appelait « la guerre sainte », deux mots qui ne vont pas
ensemble. Ses deux premières tentatives de voyage échoueront : en cause, la
tempête puis la maladie. Mais il ne désarme pas, et à 37 ans, il embarque enfin
pour les terres lointaines. Beaucoup de frères veulent le suivre mais il n’y a
pas assez de place. Alors, François appelle un enfant qui se trouvait là et lui
demande de désigner du doigt ceux qui partiront : 11 frères sont désignés, ce
qui fait 12 avec lui. François sait que ce voyage est insensé. On le traite de
fou, d’illuminé, mais cela ne le trouble pas.
Enfin, la côte égyptienne apparaît,
puis Damiette, ce port où campe l’armée des Croisés. C’est le meilleur chemin
pour aller jusqu’à Jérusalem. Et derrière ces murs immenses, le Sultan
Malik-al-Kamil et ses troupes. Malik-Al-Kamil a le même âge que François. Ce
n’est pas un tyran sanguinaire mais un lettré, un poète, un intellectuel
entouré de savants et de médecins. Grand seigneur, il aime la politique et la
diplomatie, et se dit volontiers libéral. Cependant, François va devoir
attendre l’autorisation de rencontrer le Sultan. Et pendant ce temps, il
s’emploie dans le camp des Croisés à soulager les souffrances de toutes sortes,
physiques et morales. Il y a ceux qui se battent par conviction religieuse, et
ceux qui n’ont vu là qu’une occasion de s’enrichir… Il est écœuré par les
brutalités qu’il constate, mais il découvre en même temps des trésors
d’héroïsme. La guerre, « c’est la plus sauvage histoire des hommes » Cette
présence attentive des frères mineurs est une vraie bénédiction… et certains de
ces guerriers viendront un jour prier François de les accepter dans son Ordre.
Extrait de Saint-François d'Assise, le Troubadour de Dieu (Texte de Aline Racheboeuf)
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