Vendredi 20 Août 2021 - Toleto > Tiglieto - 18 km
10ème étape (
Piémont --> Ligurie)



    Les Fioretti de Saint François d'Assise

    De merveilleux repas que fit Saint François avec Sainte Claire à Sainte-Marie des Anges

    Quand saint François se trouvait à Assise, il visitait souvent sainte Claire, lui donnant de saints enseignements.
    Et elle avait un très grand désir de manger une fois avec lui et, pour cela l'en priait bien des fois, mais lui ne voulait
    jamais lui donner cette consolation. D'où, ses compagnons, voyant le désir de sainte Claire, dirent à saint François :
    "Père, il nous semble que cette rigueur n'est pas selon la divine charité, que tu ne veuilles exaucer sœur Claire, vierge
    aussi sainte et aimée de Dieu, en une si petite chose que celle de manger avec toi, et spécialement considérant qu'à ta
    prédication elle abandonna les richesses et les pompes du monde. Et en vérité, si elle te demandait une grâce plus grande
    encore que celle-là, tu devrais l'accorder à ta plante spirituelle". Alors saint François répondit: "Vous semble-t-il que je
    doive l'exaucer?" Et les compagnons: "Oui, Père, c'est une chose juste que tu lui fasses cette consolation".

    Alors saint François dit : "Dès lors qu'il vous le paraît à vous il me le paraît aussi. Mais afin qu'elle soit plus consolée,
    je veux que ce repas se fasse à Sainte-Marie des Anges, parce qu'il y a longtemps qu'elle est recluse à saint Damien,
    de sorte que, le couvent de Sainte-Marie où elle eut les cheveux coupés et où elle fut faite épouse de Jésus-Christ,
    la réjouira un peu, et ici nous mangerons ensemble au nom de Dieu". Le jour choisi pour cela étant donc arrivé,
    sainte Claire sortit du monastère avec une compagne, et escortée des compagnons de saint François, elle vint à
    Sainte-Marie des Anges. Elle salua dévotement la Vierge Marie devant son autel où elle avait eu les cheveux coupés
    et avait reçu le voile, puis ils la menèrent voir le couvent jusqu'à ce qu'il fût l'heure de dîner. Et pendant ce temps,
    saint François fit préparer la table sur la terre, comme c'était l'usage. E quand fut venue l'heure du dîner, ils s'assirent
    ensemble, saint François et sainte Claire, et un des compagnons de saint François avec la compagne de sainte Claire,
    et puis tous les autres se mirent à table humblement.
     

 


                     
Jolis sanctuaires pour commencer l'étape...
 
 




Un bel environnement de collines et de villages...





Au loin les montagnes de Ligurie









La rivière l'Orba avec ses belles vasques








Parc naturel régional de Beigua


L'église de l'abbaye cistercienne Santa Maria Alla Croce de Tiglieto


Le pont roman du 12ème siècle sur l'Orba


L'église paroissiale de Tiglieto 
 



    Étape avec un cumul de dénivelés :  + 600  /  - 600 (approximatif...)

    Je quitte le local de Toleto à 7h. Pour commencer, un bon dénivelé assez raide en suivant des balises R/B qui me mène
    à un premier village Abasse. De là, je prends la "Strada Valle Verde" toujours en montée. C'est une petite route qui

    devient vite un chemin qui s'enfonce à travers bois. Par moments, il y a de belles échappées sur les collines et les
    montagnes au loin et aussi de superbes points de vue sur des villages pittoresques comme Pian Castagna.

    J'arrive à une aire de pique-nique propice à un bon temps de repos. Arrive un pèlerin que je n'avais pas encore rencontré.
    Après quelques échanges, je le laisse continuer en sachant que nous allions sûrement nous retrouver à l'étape.
    Commence alors une longue descente en suivant un chemin forestier avec des passages pentus et caillouteux jusqu'à
    Olbicella, localité que je vais laisser sur ma gauche pour continuer sur une route peu circulante en balcon dominant

    la rivière l'Orba. Il y a de belles vasques qui donneraient bien envie d'aller se baigner, mais c'est en contrebas et pas
    facile d'accès.

    C'est entre Olbicella et Tiglieto que je quitte la région du Piémont pour entrer en Ligurie
    Après 4 à 5 kilomètres sur cette petite route, je rentre dans le "Parco Naturale Regionale del Beigua" où je fais le plein

    d'eau fraîche. Je fais un petit détour pour aller jusqu'à l'Abbaye Cistercienne mais je ne souhaite pas faire la visite,
    désireux d'arriver au plus vite à l'étape pour me reposer...


    Peu après, j'arrive en vue de Tiglieto que j'aperçois sur une hauteur. Je traverse l'Orba par un beau pont roman du
    12ème siècle, et je continue sur un sentier assez long et épuisant qui domine la rivière sur l'autre rive. Je termine par
    une petite route en montée qui m'ammène au centre de Tiglieto. Il y a encore une bonne demi-heure de marche pour
    arriver à mon hébergement "L'hôtel Villa Margherita".


    A l'entrée, une dame de la famille du propriétaire m'interpelle et me propose une bière ce qui évidemment n'est pas
    de refus. Le patron arrive et me propose un plat de pâtes au pistou qui est le bienvenu car je commençais à avoir un
    petit creux. Le soir je vais dîner avec Xavier, ce pèlerin rencontré au cours de l'étape. Il vient de Nantes et marche
    pendant huit jours sur ce Chemin. Dîner copieux et bien arrosé avec une bouteille de vin rouge San Rocco !



Hébergement à l'Hôtel Margherita
Via Francia, 37 (En haut de la commune)
Très bon accueil - Le patron parle français
Dîner et petit-déjeuner sur place

5 coquilles




 
L'église de l'abbaye cistercienne Santa Maria Alla Croce de Tiglieto



    COMMENT, EN 1219, FRANÇOIS COMPRIT ET ACCUEILLIT LA DIFFÉRENCE

    François a gardé de ses rêves de jeunesse un esprit chevaleresque ! Comme ses contemporains, il a été bercé par la Chanson
    de Roland et par la légende du Roi Arthur et des Chevaliers de la Table ronde. C’est pourquoi il n’est pas étonnant que les
    Croisades aient provoqué dès le début un véritable engouement : aller délivrer Jérusalem et tous les endroits où avait vécu
    Jésus, c’était s’assurer le chemin vers le ciel ! Et de plus, on pensait que les autres religions ne pouvaient être que l’œuvre
    du Diable.

    Comme tout le monde, François écoute avec attention tout ce qui est rapporté par ceux qui ont la chance de revenir de
    Terre Sainte. Il rêve alors d’aller porter l’Evangile aux Sarrazins ! L’image du chevalier intrépide revient en lui, mais avec
    les années, elle s’est modifiée. « Le monde est déchiré, dit-il. D’un côté la Chrétienté, de l’autre l’Islam.
    Où sont donc les fils de la Paix, animés du désir de rencontrer les autres hommes, tous les autres, pour former avec eux la
    grande famille du Père ? » Oui, verrait-on un jour la fin des Croisades ?... la fin de ce qu’on appelait « la guerre sainte »,
    deux mots qui ne vont pas ensemble. Ses deux premières tentatives de voyage échoueront : en cause, la tempête puis la
    maladie. Mais il ne désarme pas, et à 37 ans, il embarque enfin pour les terres lointaines. Beaucoup de frères veulent le
    suivre mais il n’y a pas assez de place. Alors, François appelle un enfant qui se trouvait là et lui demande de désigner du
    doigt ceux qui partiront : 11 frères sont désignés, ce qui fait 12 avec lui. François sait que ce voyage est insensé.
    On le traite de fou, d’illuminé, mais cela ne le trouble pas.

    Enfin, la côte égyptienne apparaît, puis Damiette, ce port où campe l’armée des Croisés. C’est le meilleur chemin pour aller
    jusqu’à Jérusalem. Et derrière ces murs immenses, le Sultan Malik-al-Kamil et ses troupes. Malik-Al-Kamil a le même âge
    que François. Ce n’est pas un tyran sanguinaire mais un lettré, un poète, un intellectuel entouré de savants et de médecins.
    Grand seigneur, il aime la politique et la diplomatie, et se dit volontiers libéral. Cependant, François va devoir attendre
    l’autorisation de rencontrer le Sultan. Et pendant ce temps, il s’emploie dans le camp des Croisés à soulager les souffrances
    de toutes sortes, physiques et morales. Il y a ceux qui se battent par conviction religieuse, et ceux qui n’ont vu là qu’une
    occasion de s’enrichir… Il est écœuré par les brutalités qu’il constate, mais il découvre en même temps des trésors
    d’héroïsme. La guerre, « c’est la plus sauvage histoire des hommes » Cette présence attentive des frères mineurs est
    une vraie bénédiction… et certains de ces guerriers viendront un jour prier François de les accepter dans son Ordre.


    Extrait de Saint-François d'Assise, le Troubadour de Dieu (Texte de Aline Racheboeuf)
     

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