COMMENT FRANÇOIS, DES 1209, VOULUT RÉPANDRE LA
FRATERNITÉ
Evoquons maintenant le cœur de François d’Assise, avec tout ce qu’il
a pu contenir d’amour sans limites. Nous savons que la société de l’époque est
traversée par des bouleversements, des évolutions, et surtout par des guerres.
Même l’Eglise connait des remous, des scandales : les sectes se multiplient,
les évêques sont de vrais seigneurs féodaux qui possèdent un pouvoir temporel
sur toutes les populations. Le Pape Innocent III, élu à 37 ans, a une poigne de
fer ; c’est lui qui va initier l’Inquisition. On ne badine pas plus avec le
tribunal ecclésiastique qu’avec l’autre ! On vit dans la crainte, les
interdits, les menaces de punitions, de représailles et même de tortures !
Certes, comme toujours, il y a des prêtres parfaits et des chrétiens fidèles,
mais, comme toujours, ce ne sont pas eux qui « font la une des journaux » !
Même quand il vivait dans l’opulence, François voyait bien toutes ces lèpres
qui ruinaient tant de vies autour de lui. Alors, il se met à prêcher la
pénitence, la paix, la fraternité : ses mots sont simples, accessibles à tous,
surtout aux plus petits, aux plus humbles ! Beaucoup sont en admiration devant
lui, c’est comme une bouffée d’air frais qui arrive ! D’autres l’accueillent
avec des quolibets, bien sûr… on ne saurait contenter tout le monde ! Et très
vite, viennent à lui les premiers auditeurs, prêts à renoncer à tout pour le
suivre : ils deviennent frère Pierre, frère Bernard (2 notables d’Assise),
frère Sylvestre (le prêtre), frère Gilles (le paysan illettré), frère Léon
(l’ami de la première heure), frère Philippe (qui parle avec tant de douceur),
frère Ange Tancrède (le chevalier)… et puis ils se comptent peu à peu par
centaines.
Dix ans plus tard, ils seront plus de 5000 au Chapitre général dans
la plaine d’Assise, à camper dans des cabanes de feuillage, d’où le nom de
Chapitre des Nattes qui lui fut donné. Et ils iront partout dans le monde :
St Jacques de Compostelle, Jérusalem, l’Angleterre, la Hongrie, l’Afrique,
etc…et puis, bien sûr, 300 ans après, le continent américain récemment
découvert. Un grand élan de communion fraternelle se fait jour dans ce monde en
pleine mutation. On a dit que François était dur avec lui-même et humain avec
les autres, tous les autres sans exception. On le décrit comme « bienveillant,
pacifique, secourable, compréhensif et indulgent… ayant pour chacun d’exquises
délicatesses ». Les disputes, les mésententes lui vrillent le cœur ; aussi
fait-il le maximum pour les apaiser et faire se réconcilier les adversaires.
Il
répète inlassablement à ses frères - qu’il faut aller vers les gens et non pas
attendre qu’ils viennent à vous, - que c’est là le seul moyen de toucher les
cœurs, - qu’il faut percer les carapaces les plus dures avec la tendresse et la
douceur, - que, plus une parole est chargée d’amour, plus elle donne la vie, -
que la rencontre, c’est l’écoute, le partage, le dialogue, - que même le pire
des brigands peut changer de vie !...
Avec eux, il va faire du porte-à-porte et
parler à tout le monde ! Et tout le monde se demande : « Qui sont ces vagabonds
aux pieds nus qui crient « Pace e bene » (Paix et bien) partout où ils passent
? » Et parce qu’ils se font tout proches de la vie des gens, le monde les
écoute, étonné par cet enthousiasme capable de secouer et retourner les pires
esprits chagrins.
Extrait de Saint-François d'Assise, le Troubadour de Dieu (Texte de Aline Racheboeuf)
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