COMMENT, EN 1208, FRANÇOIS, COMPRIT LA VRAIE PAUVETÉ
(Suite)
Voici 2 anecdotes qui traduisent bien l’esprit (et aussi
l’humour) de François :
Un jour, un frère ramasse une bourse laissée à
l’église par un paroissien venu prier, et va la poser sur le bord de la
fenêtre. François apprenant cela lui ordonne d’aller prendre la bourse entre
ses dents, et de la déposer, toujours avec les dents sur un crottin d’âne un
peu plus loin. Et le frère obéit, devant les autres frères complètement ébahis
!!! Un autre jour, un jeune frère demande à François la permission de posséder
un livre de Psaumes. Catégoriquement, François refuse : « Quand tu auras ton
Psautier, qu’est-ce que tu en feras ? Tu iras t’asseoir dans un fauteuil ou sur
un trône, comme un évêque, et tu diras à ton frère : « Apporte-moi mon Psautier
» ! Devant la réponse de François, le frère sourit d’un air gêné : il n’avait
pas vu ça comme ça ! Alors François prend de la cendre dans la cheminée, et
s’en frictionne la tête en répétant : « Le voilà le Psautier ! le voilà le
Psautier ! »
Précisons qu’à cette époque, les livres coûtaient une petite
fortune, et qu’il faudra attendre encore 200 ans pour voir arriver l’imprimerie. Le psautier en question se composait donc d’une suite de petits parchemins écrits à la main et cousus ensemble. Tirage limité… évidemment !! Pauvreté
matérielle, d’accord… partage de tout ce que l’on reçoit, d’accord … Mais
François a découvert qu’il y a une autre forme de pauvreté : celle qui
s’adresse à notre vie même, qui bouscule toute notre vie quotidienne, notre
caractère, nos pensées et nos actes. Par exemple, dire du mal de quelqu’un,
c’est facile et souvent, ça nous donne de l’importance ! Comme pour nous
maintenant, envoyer les phares à celui qui se traîne devant nous sur la route
(en y ajoutant quelques noms d’oiseaux….) cela donne un sentiment de
supériorité… Eh bien ! Se priver de ces petites satisfactions égoïstes, c’est
aussi faire preuve de pauvreté ! Et François et ses frères arpentent les
chemins, les villes et les villages en répétant inlassablement qu’il faut
trouver une satisfaction plus profonde dans des biens plus élevés :
STOP à la
haine, à la discorde, à la violence ! STOP à l’orgueil, à l’égoïsme, au mépris
! STOP à la tristesse et au désespoir !
Apprenons à remercier, à pardonner, à
respecter ! Et les gens écoutent ce nouveau langage, simple, direct… des mots
qui vont se nicher tout droit dans les cœurs. Douze ans plus tard, François
lui-même accomplira le plus bel acte de pauvreté : il laissera à un autre frère
la direction de tout ce qu’il a créé et il se retirera dans un ermitage.
Dépouillement suprême qui durera 6 ans, jusqu’à sa mort à l’âge de 44 ans. Il
avait été ordonné Diacre, mais n’avait jamais voulu être prêtre, pour rester au
plus près des gens et les servir « dans le respect et l’estime ».
Extrait de Saint-François d'Assise, le Troubadour de Dieu (Texte de Aline Racheboeuf)
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