Vendredi 13 Août 2021 -  Certosa > None  - 30 km
3ème étape
(Piémont)



    Les Fioretti de Saint François d'Assise

    Comment saint François par humilité se fait poser un pied sur la bouche
    et l'autre sur la gorge par frère Bernard, premier-né de son Ordre

    Le très dévot serviteur du Crucifié, messire saint François, par l'âpreté de la pénitence et les pleurs continuels était devenu
    presque aveugle et voyait à peine la lumière. Une fois, entre autres, il partit du couvent où il était et alla dans un autre
    couvent où était frère Bernard pour parler avec lui de choses divines. Et arrivant en cet endroit, il trouva en oraison dans
    la forêt, frère Bernard tout élevé vers Dieu et uni à lui. Alors, saint François alla dans le bois et l'appela :
    "Viens, dit-il, et parle à cet aveugle".

    Et frère Bernard ne répondit rien, parce que, étant homme de grande contemplation, il avait l'esprit ravi et élevé vers Dieu.
    Et parce qu'il avait une grâce singulière à parler de Dieu, comme l'avait plusieurs fois éprouvé saint François, il désirait
    pourtant parler avec lui. Après quelque intervalle, il appela une seconde et une troisième fois de la même manière; et aucune
    fois, frère Bernard ne l'entendit; pour cela, il ne lui répondit pas et n'alla point vers lui. De quoi, saint François s'en alla un
    peu désolé ; et il s'étonnait et s'affligeait en lui-même que frère Bernard, appelé trois fois, n'était pas allé à lui.

    S'en allant avec cette pensée, saint François, quand il fut un peu éloigné, dit à son compagnon: "Attends-moi ici".
    Et il s'en alla près de là dans un lieu solitaire et se jeta en oraison ; il priait Dieu qu'il lui révélât pourquoi frère Bernard
    ne lui avait pas répondu. Et étant ainsi, une voix lui vint de Dieu qui lui dit : "Ô pauvre et chétif petit homme, de quoi te
    troubles-tu ? L'homme doit-il laisser Dieu pour la créature ? Frère Bernard, quand tu l'appelais, était uni à moi ; pour cela,
    il ne pouvait ni venir à toi, ni te répondre. Donc, ne t'étonne pas s'il n'a pas pu te parler, il était si hors de lui, qu'il
    n'entendait rien de tes paroles". Saint François, ayant reçu cette réponse de Dieu, retourna aussitôt en grande hâte vers
    frère Bernard, pour s'accuser humblement à lui de la pensée qu'il avait eue à son égard.

    Le voyant venir vers lui, frère Bernard alla à sa rencontre et se jeta à ses pieds. Alors saint François le fit se relever et lui
    raconta avec grande humilité la pensée et le trouble qu'il avait eus envers lui et comment, de cela, Dieu l'en avait repris.
    D'où il conclut ainsi: "Je te commande par la sainte obéissance de faire ce que je t'ordonnerai". Frère Bernard, craignant
    que saint François ne lui commandât quelque chose d'excessif comme il en avait l'habitude, voulut esquiver honnêtement
    cette obéissance; d'où il lui répondit ainsi : "Je suis prêt à vous obéir, si vous me promettez de faire ce que je vous
    commanderai". Saint François le lui promettant, frère Bernard lui dit : "Dites, Père, ce que vous voulez que je fasse".
    Alors saint François dit : "Je te commande par la sainte obéissance que, pour punir ma présomption et la hardiesse
    de mon coeur, dès que je me jetterai à terre sur le dos, tu me poses un pied sur la gorge et l'autre sur la bouche et qu'ainsi
    tu passes trois fois sur moi d'un côté à l'autre, me faisant honte et me disant des injures. Dis-moi spécialement :
    "Reste étendu, rustre, fils de Pierre Bernardone. D'où te vient tant de superbe, à toi qui es la plus vile des créatures ?"
    Frère Bernard, entendant cela, bien que cela lui fût très dur à faire, néanmoins, par la sainte obéissance, accomplit,
    le plus courtoisement qu'il le put, ce que saint François lui avait commandé.
     

 



 Première rencontre matinale...

                                        
 Beaucoup de sanctuaires tout au long du chemin...



 Cet itinéraire est agréable entre rivière et forêt...






 C'est le jour des sanctuaires...

                                


                                
               Une belle représentation de l'Archange Michaël au milieu des champs de maîs









None
 



    Je préfère partir avant le petit-déjeuner qui n'est pas servi avant 7h30. Donc à 6h15 je suis sur le chemin.

    La première partie de l'étape me conduit à Trana en suivant en pente douce la Via dei Pellegrini. Quelques passages
    en forêt en alternance avec des petites routes. C'est dans l'ensemble un itinéraire agréable et assez bien balisé.
    Arrivé dans cette localité, j'espère trouver un bar, mais rien d'ouvert. J'achète dans une épicerie 2 morceaux de pizza
    et une bouteille de Coca, ce qui me tiendra lieu de petit-déjeuner.

    La deuxième partie me conduit à Piossasco ou à défaut de bar, je vais dans une gelateria pour déguster une glace,
    et je fais le plein d'eau, car il commence à faire très chaud.

    La troisième partie se déroule au milieu de grandes étendues de maïs entourées de canaux pour l'arrosage avec des
    tuyaux pour les alimenter et j'en profite
    pour me rafraîchir et y plonger ma casquette. Je fais de nombreuses pauses,
    car je n'ai pas encore trouvé un bon rythme de marche et le soleil qui tape fort avec peu de zones ombragées m'oblige
    à puiser dans mes ressources d'énergie.

    Tout au long du parcours, il y a des petits sanctuaires, dont un dédié à l'Archange Michaël qui se trouve au milieu
    des champs de maïs. J'arrive au dernier village Volvera qui se trouve à 4 ou 5 kilomètres de None. Là je demande de
    l'eau à une habitante de cette petite localité afin de pouvoir terminer l'étape sans être dans le rouge, car la température
    au soleil est proche des 40°.
    Contrairement aux étapes précédentes, je n'ai pas vu de fontaine tout au long du parcours.

    Une fois arrivé à None, grâce à mon smartphone je trouve facilement mon hébergement que j'ai réservé dans un hôtel
    situé un peu à l'extérieur de la ville. J'apprécie un bon moment de détente devant une bière bien fraîche avant d'aller
    me reposer dans la chambre et récupérer de ma fatigue du jour avant de trouver un restaurant pour le dîner.
     



Hébergement à None
Hôtel "Quo Vadis", Via Sestriere, 71
(Prix pèlerin)
Bruyant et pas de restaurant à proximité

2 coquilles




    COMMENT, EN 1208, FRANCOIS, COMPRIT LA VRAIE PAUVRETÉ

    Maintenant François Bernardone fait partie du monde des exclus, des SANS VOIX. Il a rejoint ceux que l’on rejette depuis
    la nuit des temps. Il mendie sa nourriture et, pour toute réponse, certains lui jettent les déchets qu’on ne voudrait même
    pas donner aux chiens. Et il les remercie ! et il leur dit « Paix à votre maison » ! Mais il ne parvient pas à voir où tout cela
    va le mener… On est en 1208, il a 26 ans. Depuis 2 ans, il a réparé 3 églises car un jour, il a entendu une voix qui lui disait :
    « François, répare ma maison ». Il a obéi et s’est mis au travail sous l’œil goguenard de beaucoup de ses anciens amis et
    concitoyens. Or, un matin qu’il assiste à la Messe, il entend 3 phrases de l’Evangile de St Matthieu qui vont faire éclater
    d’un coup ce projet qu’il porte confusément tout au fond du cœur : « Si tu veux être parfait, va, vends tout ce que tu
    possèdes et donne-le aux pauvres et tu auras un trésor dans le ciel… N’emportez rien sur la route, ni bâton, ni besace,
    ni chaussures, ni argent… Qui veut venir après moi, qu’il renonce à soi-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive. »

    « Voilà ce que je veux ! s’écrie-t-il ! Voilà ce que je cherche ! Voilà ce que je désire réaliser ! » François est transporté,
    ébloui ! « Oui, c’est cela : simplifier sa vie, c’est devenir de plus en plus libre. Car la possession de biens entraîne forcément
    l’envie d’en avoir encore plus et par conséquent, l’envie de protéger ce que l’on a, et par tous les moyens. Le détachement
    comme un atout de justice sociale, voilà le chemin à prendre ! » Certes, pour François, la pauvreté, sous toutes ses formes,
    reste un mal mais il rêve d’une forme de société où simplicité et partage seront l’essentiel, et d’où l’intolérance,
    la domination par l’argent, la violence seront exclues. Autour de lui les marchands et les bourgeois s’enrichissent de plus
    en plus, au point de dépasser les nobles et les seigneurs qui sont, eux, appauvris par les guerres et les rivalités.

    Ce sont déjà les lois de l’économie de marché et la course à la concurrence dans des villes qui commencent à s’agrandir
    sérieusement. Le monde rural, quant à lui, reste pauvre et peu valorisé. Pour François, qui vit avec les exclus,
    les marginaux, les lépreux, c’est une urgence que de lutter pour cette justice sociale dont il perçoit maintenant le profil.
    Mais il faut une sacrée bonne raison pour y arriver, pour se dire qu’on n’a pas de temps à perdre à se laisser aller à toutes
    ses envies !. Il en sait quelque chose, lui qui gaspillait tant il y a quelques années…
    Alors, il va prendre une attitude radicale : quitter Assise.


    Extrait de Saint-François d'Assise, le Troubadour de Dieu (Texte de Aline Racheboeuf)
     

 Etape suivante 

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