Jeudi 12 Août 2021- Bruzolo >  Chiusa di San Michele
Certosa - 23 km
2ème étape
(Piémont)



    Les Fioretti de Saint François d'Assise

    Comment frère Bernard abandonna le monde pour servir Dieu


    Le premier compagnon de saint François fut frère Bernard d'Assise, qui se convertit de cette façon.
    Saint François étant encore en habit séculier, bien qu'il eut déjà dédaigné le monde, allant tout méprisable et mortifié
    par la pénitence, de sorte que, beaucoup le tenaient pour un insensé ; comme un fou, il était bafoué et chassé avec des
    pierres et de la boue par ses parents et les étrangers, mais en chaque injure et moquerie, lui, s'en allait avec patience
    comme un sourd et muet.

    Messire Bernard d'Assise, qui était l'un des plus nobles, riches et sages de la ville, commença à considérer avec sagesse
    en saint François le mépris si excessif du monde, la grande patience dans les injures, et que depuis deux ans, ainsi abominé
    et méprisé de tous, il paraissait toujours plus constant et patient; il commença à penser et à se dire en lui-même :
    "En aucune façon il ne se peut que ce François n'ait une grande grâce de Dieu". Et il l'invita le soir à souper et à dormir
    et saint François accepta et soupa le soir et logea chez lui. Alors messire Bernard se proposa de considérer attentivement
    sa sainteté. Aussi il lui fit préparer un lit dans sa propre chambre, dans laquelle une lampe brûlait toujours durant la nuit.

    Et saint François, pour cacher sa sainteté, aussitôt qu'il fut entré dans la chambre, se jeta sur le lit et fit semblant de
    dormir. Et messire Bernard, de même, après quelque temps, se coucha et commença à ronfler avec force comme s'il
    dormait très profondément. Alors saint François, croyant vraiment que messire Bernard dormait, se leva du lit sur le
    premier sommeil et se mit en oraison, levant les yeux et les mains au ciel; et avec une très grande dévotion et ferveur,
    il disait : "Mon Dieu ! Mon Dieu !" Et ainsi parlant et pleurant abondamment, il demeura jusqu'à Matines, répétant
    toujours : "Mon Dieu! Mon Dieu!", et rien d'autre. Et cela, saint François le disait, contemplant et admirant l'excellence
    de la divine Majesté, qui daignait condescendre aux torts du monde qui périssait et par son serviteur François le petit
    pauvre, se disposait à pourvoir au remède du salut de son âme et de celle des autres. Et pour cela, illuminé de l'esprit
    de prophétie, prévoyant les grandes choses que Dieu devait faire par lui et par son Ordre, et considérant son insuffisance
    et son peu de vertu, il appelait et priait Dieu que, par sa pitié et sa Toute-Puissance, sans laquelle ne peut rien l'humaine
    fragilité, il suppléât, aidât et accomplît ce qu'il ne pouvait par lui-même. Messire Bernard, voyant à la lumière de la
    lampe, les actes très pieux de saint François et considérant avec attention les paroles qu'il disait, fut touché dans son
    cœur par l'Esprit-Saint et inspiré à changer sa vie.

    C'est pourquoi, dès le matin, il appela saint François et lui parla ainsi :
    "Frère François, j'ai bien décidé dans mon coeur d'abandonner le monde et de te suivre en ce que tu me commanderas".
    Entendant cela, saint François se réjouit en esprit et parla ainsi : "Messire Bernard, ce que vous dites est une oeuvre si
    grande et difficile, qu'il nous faut demander conseil à notre Seigneur Jésus-Christ et le prier qu'il lui plaise de nous montrer
    sur cela sa volonté et de nous enseigner comment nous pouvons la mettre à exécution. Pour cela, allons ensemble à l'évêché,
    où il y a un bon prêtre, et nous ferons dire la messe; puis nous resterons en oraison jusqu'à Tierce, priant Dieu qu'au moyen
    de trois ouvertures du missel, il nous montre la voie qu'il lui plaît que nous choisissions". Messire Bernard répondit que
    cela lui plaisait beaucoup. Ils se mirent alors en route et allèrent à l'évêché; après qu'ils eurent entendu la messe et qu'ils
    furent restés en oraison jusqu'à Tierce, le prêtre, à la prière de saint François, prit le missel et, ayant fait le signe de la croix,
    l'ouvrit trois fois au nom de notre Seigneur Jésus-Christ.
     

 


                                        

                                                                                                                Forteresse de San Didero

 




Le soleil éclaire les sommets...


La rivière Dora Riparia affluent du fleuve Pô


La vallée ensoleillée



Sant'Antonino di Susa




Église de Sant'Antonino

                                                  
Statue de Saint-Roch                                                                                                   Le clocher médiéval


Toujours agréable de trouver une fontaine...


Première vue sur la Sacra di San Michele




                                                    
L'église de
Chiusa di San Michele localité qui se trouve à 4 kilomètres de Sant'Antonino


Voilà, c'est le départ de l'ascension...




Sacra di San Michele


J'arrive au sommet, face à l'imposante masse de l'abbaye



                                            





Quelques statues de l'Archange Michaël

           




Autres perspectives sur ce haut-lieu spirituel...






L'entrée de l'hébergement à Certosa 1515 di San Francesco






 



    Je quitte l'accueil pèlerin de Luca Ravetto à 6h30 après le petit-déjeuner que je prends seul, mon hôte n'étant pas encore

    levé. L'itinéraire commence par une suite de petites routes tranquilles qui traversent plusieurs localités, San Didero où je
    passe au pied du château (Casaforte) et plus loin Borgone. Ensuite je traverse la nationale SS25, je passe sous l'autoroute
    et j'arrive à Villar Focchiardo. Après cette localité je retrouve un chemin de terre qui m'emmène à  Sant'Antonino.
    J'ai la surprise de trouver dans l'église une belle statue de Saint-Roch. Dans le lointain, dominant la vallée j'aperçois
    au sommet du mont Pirchiriano à une altitude de 962 m la Sacra di San Michele.

    Après la deuxième église de cette localité, je prends le chemin empierré qui monte vers ce haut-lieu piémontais.
    Il doit y avoir à peu près 600 m de dénivelé, ce qui n'est pas énorme, mais comme c'est le premier dénivelé important
    que je rencontre sur ce Chemin j'ai besoin de faire plusieurs pauses... Ainsi je vais mettre près de 2 heures pour
    effectuer cette ascension d'à peine 3 kilomètres ! Mais arrivé en haut, la récompense est à la hauteur des efforts fournis.
    Cette abbaye que l'on découvre au détour du chemin est impressionnante de par sa majestuosité, son architecture à la fois

    dépouillée et grandiose. Elle a été bâtie à la fin du 10ème siècle et a été le lieu d'inspiration pour le très beau roman
    d'Umbert Eco, "Le Nom de la Rose". Tout alentour, le panorama qui s'offre au pèlerin comme aux touristes nombreux
    en ce mois d'Août est superbe, panorama qui s'étend du Val de Susa jusquà Turin et la plaine du Pô.

    Je laisse mon sac à l'entrée, là où on prend les billets et je vais prendre un bon temps de visite parcourant les différents
    niveaux de l'édifice, les chapelles et l'église, avec tout au long du parcours de belles statues de l'Archange Michaël.
    Avant de reprendre le chemin, je fais une pause au bar et je continue mon étape en suivant la Via dei Pellegrini.
    C'est un beau parcours qui est en descente jusqu'à la fontaine de San Francesco avec tout le long de l'itinéraire
    de superbes vues sur la Sacra di San Michele. J'arrive vers 16h30 à mon hébergement "Certosa 1515 San Francesco",
    un ancien couvent franciscain transformé en hôtellerie. C'est vaste, les chambres sont grandes et agréables et juste
    à côté se trouve un restaurant avec une grande terrasse où je vais m'offrir un bon dîner dans un cadre magnifique !



Hébergement à Certosa 1515 di San Francesco : 
Complexe hôtelier - Belle chambre avec Salle de Bains
Restaurant haut de gamme avec des prix corrects

4 coquilles




Le Val di Susa



    COMMENT ENTRE 1202 ET 1205, FRANCOIS DECOUVRIT LA JUSTICE SOCIALE…

    Un matin de 1202, étendards au vent, une belle armée sort de la ville d’Assise au son des trompettes et François Bernardone
    est au départ, heureux et fier ! Mais bientôt, c’est le choc entre l’armée d’Assise et celle de Pérouse. François reçoit un coup
    et tombe de cheval. Quand il se réveille (combien de temps après ?), il est dans un sombre cachot avec ses frères d’armes.
    Certains sont blessés, d’autres mourants… Il va rester là pendant un an, découvrant les horreurs de la guerre, les privations,
    la crasse, la souffrance, toutes les mortifications possibles… Mais il s’accroche car il veut s’en sortir ! On dit même qu’il
    essayait de remonter le moral des autres, et qu’il leur chantait des chansons ! Enfin la paix revient, les prisonniers sont
    libérés, François rentre à la maison. A peine revenu, voilà qu’il tombe malade et se trouve entre la vie et la mort.
    A force de soins, il renaît peu à peu à la vie, doucement, lentement… si lentement qu’une année encore va passer.
    François se sent triste, délabré… il n’a plus envie de sa vie d’avant, il passe sans raison de la tristesse à l’excitation …
    Alors, le père s’énerve, il voudrait bien que son fils se remette au travail pour de bon… la mère pleure, les frères se
    moquent… les compagnons de fête sont moins nombreux, évidemment… certains sont morts à la guerre ou bien revenus
    estropiés. Et puis un matin du printemps 1205, au réveil, François se sent pousser des ailes : « Je veux devenir chevalier !
    je veux retourner au combat ! », dit-il à ses parents médusés. De nouveau le voilà en armure sur le magnifique cheval blanc
    offert par son père ! En cours de route, il retrouve un chevalier pauvre, borgne et minable qu’il a connu dans la prison
    de Pérouse. Emu de compassion, il se dépouille et lui donne tout son équipement. Puis il continue son voyage…
    jusqu’à Spolète où un accès de fièvre le terrasse et où, dans la nuit, une voix lui dit de retourner à Assise.

    Alors, sous le soleil du printemps italien, François reprend la route ; il est heureux et il chante quand, d’un seul coup son
    cheval fait un écart. Devant lui, se dresse une horrible silhouette : UN LEPREUX ! ... et il n’a pas fait crisser sa crécelle
    pour l’avertir ! Pris de nausée, François éperonne son cheval et fait demi-tour ! Mais quelques secondes après – c’est plus
    fort que lui ! – il revient sur ses pas, vers la hideuse silhouette, saute à terre et lui tend sa bourse. L’autre hésite, le regarde,
    mais François prend dans sa main la main pourrie par la lèpre… et l’embrasse ! Puis il remonte sur son cheval, salue ce
    pauvre qui pleure de joie, et continue sa route jusqu’à Assise, le cœur dilaté par un grand élan de joie indescriptible.
    A partir de ce moment, il se sent entraîné vers les plus déshérités : il va dans les léproseries, soigne les malades avec
    tendresse. Les exclus, les petits et les pauvres deviennent son univers. Adieu les fêtes et la dolce vita ! Sa vie a changé,
    il a pris conscience des inégalités, de l’injustice et jusqu’à sa mort, ce sera un inlassable voyage vers les autres, tous les
    autres. Il écrira plus tard, dans son Testament : « Je fis miséricorde avec les lépreux. Et en m’en allant de chez eux,
    ce qui me semblait amer fut changé pour moi en douceur de l’esprit et du corps.


    Extrait de Saint-François d'Assise, le Troubadour de Dieu (Texte de Aline Racheboeuf)
     

 Etape suivante 

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