Mercredi 11 Août 2021- Susa > Bruzolo - 13 km
1ère étape
(Piémont)



    Les Fioretti de Saint François d'Assise


    Des douze premiers compagnons de Saint François

    En premier, il est à considérer que le glorieux messire saint François, en tous les actes de sa vie fut conforme au Christ :
    car, comme le Christ au début de sa prédication appela douze disciples à mépriser toute chose mondaine et à le suivre
    en pauvreté et dans les autres vertus, ainsi saint François choisit au début de la fondation de l'Ordre ses douze
    compagnons qui firent profession de la très haute pauvreté. Et comme un des douze apôtres du Christ, réprouvé de Dieu,
    finalement se pendit par la gorge, ainsi un des douze compagnons de saint François qui eut nom frère Jean de la Chapelle, apostasiant, finalement se pendit de même par la gorge. Et ceci est pour les élus grand exemple et motif d'humilité et de
    crainte, considérant que nul n'est certain de persévérer jusqu'à la fin dans la grâce de Dieu.

    Et comme ces saints apôtres furent pour tout le monde, merveilleux de sainteté et pleins de l'Esprit-Saint, ainsi ces très
    saints compagnons de Saint François furent des hommes de si grande sainteté, que depuis le temps des apôtres, le monde
    n'eut pas d'hommes aussi admirables et aussi saints : car l'un d'eux fut ravi jusqu'au troisième ciel, comme saint Paul,
    et celui-ci fut frère Gilles ; un autre des leurs, à savoir frère Philippe le Long, fut touché aux lèvres par l'ange avec un
    charbon ardent, comme le fut Isaïe le prophète ; un autre des leurs, à savoir frère Sylvestre, parlait avec Dieu comme le
    fait un ami avec son ami, à la manière de Moïse ; un autre volait, par la subtilité de son intelligence, jusqu'à la lumière
    de la divine Sagesse, comme l'aigle, l'évangéliste Jean, et celui-ci fut le très humble frère Bernard, qui expliquait avec une
    très grande profondeur la Sainte Ecriture; un autre des leurs fut sanctifié par Dieu et canonisé dans le ciel, alors qu'il
    vivait encore sur la terre, et celui-ci fut frère Rufin, gentilhomme d'Assise.

    Et ainsi tous furent privilégiés de signes particuliers de sainteté, comme il se verra par la suite...
     

 


Susa










Premier restaurant en Italie, sur la terrasse en libre accès...


Église de Santa Maria del Ponte (XIIIe siècle)

  
Le couple rencontré à Susa, en marche vers Vintimille


Premier balisage du Chemin d'Assise





Le Val de Suse (Val di Susa)

                                           

        A Bussoleno un clocher qui se fond avec la roche                                                    
  Le château de Bruzolo                                   






Bruzolo


Luca, mon hôte à Bruzolo


L'appartement de Luca avec en haut à droite la chambre pour les pèlerins
 



    Je suis arrivé le mardi soir à Susa après avoir fait plusieurs changements : Train de Toulon à Marseille, puis autobus
    de Marseille à Gap, puis train pour Briançon, autobus pour Oulx et autobus pour Susa et je suis allé directement à
    mon hébergement qui se trouve dans un ancien monastère transformé en hôtellerie.

    Ce Chemin d'Assise commence à Vézelay et traverse la France en diagonale pour franchir les Alpes en passant
    par Modane, Bramans, le col du Mont-Cenis et arrive en Italie à Susa, là où je commence mon Chemin.

    Me voilà donc au matin de cette première étape assez courte, le temps de me ré-habituer au poids du sac et à la chaleur.
    Après un bon petit déjeuner à la Casa San Francesco, je traverse la ville de Susa. La sortie est facile, je n'ai qu'à suivre
    les indications de la Via Francigena dont le parcours est identique à celui du Chemin d'Assise dont je vois les premières
    balises (Tau et colombe). Je marche sur une petite route le long de la voie ferrée, qui devient chemin, puis sentier
    serpentant au milieu de propriétés et de jardins. Puis je passe entre des bâtisses qui semblent abandonnées et à moitié
    écroulées. Ensuite, à nouveau des jardins et des prés où l'herbe vient d'être fauchée en vue de la récolte du foin .
    Le cheminement est agréable, sans difficultés avec de part et d'autre les montagnes qui entourent cette vallée de Susa
    avec des sommets dépassant les 3.500 mètres.

    Je fais plusieurs pauses et me rafraîchis aux fontaines que je trouve sur le parcours, car au fil des kilomètres il fait
    de plus en plus chaud. Sur cet itinéraire circulent quelques cyclistes et à la sortie de Susa, j'ai rencontré un couple
    qui marche vers Vintimille. J'espère touver un bar ouvert à Bussoleno qui est la première localité que je traverse,
    mais non, rien d'ouvert ! Je continue sur une petite route, puis 500 mètres sur une route assez circulante avant de
    me diriger vers Bruzolo où j'ai réservé mon hébergement. Je téléphone à mon hôte pour avoir l'adresse où je dois
    me rendre, mais comme j'ai mal compris le nom de la rue (J'ai compris Via Carlo Manuele au lieu de Via Carlo
    Emmanuele) avec mon application Maps, je tourne en rond un moment avant de demander à quelqu'un pour
    finalement arriver vers 15 h chez Luca Ravetto, Professeur de Religion et Apiculteur chez qui je trouve un bon accueil.
    J'ai une grande chambre et j'ai du temps pour me reposer avant le dîner préparé par mon hôte avec lequel je passe
    une bonne soirée.




Hébergement à Bruzolo : 
Accueil pèlerin chez Luca Ravetto, 40 Via Carlo Emmanuele
Grande chambre indépendante à l'étage avec une coursive extérieure.

3 coquilles




    « Tant me plaisent joie et amours et chants, et allégresse, divertissement et courtoisie,
       qu’il n’y a au monde richesse ni opulence qui feraient que je me sente encore plus fortuné !»

    C’est avec ces poèmes, qu’au Moyen-Age la jeunesse, « met le feu » dans les soirées, aidée par les troubadours !...
    ces poètes-chanteurs qui parcouraient les pays et s’arrêtaient dans toutes les cours pour gagner un peu d’argent…
    un genre de hippies des années 70, souvent poursuivis par les chevaliers du guet et la maréchaussée !
    En Italie, à Assise, il y a un jeune homme qui est particulièrement doué pour ce genre d’animation !
    Un vrai boute-en-train qui sait entretenir partout où il passe un climat de bonheur. Presqu’un vrai troubadour,
    qui sait jouer de la guitare (oui, elle existe déjà !) et du violon, et composer des poèmes qu’il chante lui-même
    car il a une très belle voix. Et puis, ce qui ne gâte rien, il connaît le latin, le provençal (la langue de sa mère)
    et il se débrouille bien en français. Ce garçon, c’est François di Bernardone, le fils d’un des plus riches drapiers
    de la région. Il a 20 ans, un avenir plein de promesses et des parents tellement fiers de lui qu’ils lui passent toutes
    ses fantaisies. Il a 2 jeunes frères. Son père s’est littéralement entiché de la France où il fait de belles et bonnes affaires.
    Il est d’ailleurs l’un des premiers à utiliser les Lettres de Crédit qui viennent de faire leur apparition et permettent
    aux marchands de ne plus se faire voler leur argent pendant les voyages.

    De France, il a ramené sa seconde épouse et, en rentrant d’un de ses voyages, il a même débaptisé son fils, prénommé
    Jean à la naissance pour le renommer François, ce qui signifie français à l’époque et que l’on prononcera Françoué
    jusqu’au XVIIIè siiècle. Notre François rêve de promotion sociale, de devenir chevalier (avec un cheval blanc et une
    armure étincelante !), de guerroyer et d’être ainsi anobli. Un tout autre destin que de vendre des tissus ! Ses deux frères
    s’en chargeront ! Pour lui, l’important, ici et maintenant, c’est la joie de vivre, les bonnes farces, les nombreux amis
    ( les copains !), choisis parmi les plus riches, … et d’aller chanter la sérénade à toutes les jolies filles ! Il a commencé
    à faire la fête à 14 ans, âge de la majorité légale à cette époque. Et comme deux fois par an, son père va jusqu’en
    Belgique pour ses affaires, alors, c’est la Dolce Vita, avec toutes ses folies… vestimentaires et autres.  

    François a un cœur d’or. Même s’il dépense énormément d’argent pour sa vie de festivités, il ne manque jamais de faire
    l’aumône à celui qui tend la main, pauvre, misérable, estropié, mendiant, tout être sur qui une terrible malédiction semble
    peser… il n’y a qu’une catégorie de malheureux qui le rebute : les lépreux, qui d’ailleurs font horreur à tout le monde,
    avec leurs plaies et leurs odeurs épouvantable


    Extrait de Saint-François d'Assise, le Troubadour de Dieu (Texte de Aline Racheboeuf)
     

 Etape suivante 

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