Extrait du Topo de Jacques Castonguay, mon ami québecois qui a fait ce Chemin en Mai 2007
Aujourd’hui balisé, entre Le
Puy-en-Velay et Alès, « le Chemin de Stevenson »
est référencé comme sentier de grande randonnée GR 70 et il traverse la Haute-Loire,
l’Ardèche, la Lozère et le Gard. Ce GR n’est pas sur toute sa
longueur le chemin précis emprunté par Stevenson. C’est néanmoins un
fait avéré qu’il a bien débuté sa marche à Monastier-sur-Gazeille le 22
septembre 1878 pour arriver après 252 km et 12 jours plus
tard à Saint-Jean-du-Gard avant de prendre une diligence pour Alès.
Pour moi, c’est une marche de 240
km en neuf jours, du 16 au 24 mai 2007 qui m’amène du Puy-en-Velay
jusqu’à Saint-Jean-du-Gard. Tout comme Stevenson, je traverse
et séjourne dans le Velay et ses vastes plateaux volcaniques, dans les
hautes terres rudes du Gévaudan et finalement entre le mont Lozère aux
rochers dénudés et les Cévennes avec ses crêtes, ses vallées, ses forêts
et ses villages protestants. Dans un hameau dont le nom m’échappe, je demande
un jour à un homme âgé assis sur un banc sous un beau
platane: « C’est bien ici le Chemin de Stevenson ? ». Avec une moue
et en hochant la tête, il me répond : « il faut reprendre au carrefour,
d’autres disent que c’est plus loin…vous savez, Stevenson, il est bien passé
par où il a voulu et par où il a pu ». En lisant le livre de Stevenson, je ne peux m’empêcher
de comparer mes bagages avec ceux de Stevenson car dans son livre, une
description détaillée en est faite. Sa liste comprend notamment une batterie de
cuisine, un revolver, une lampe à alcool, une lanterne, une large gourde en
peau, deux assortiments complets de vêtements de rechange, des habits de
voyage, un paletot de marin, un chandail en tricot, une casquette en poil de
lapin, quelques livres, une réserve de tablettes de chocolat et de boîtes de
saucisses et une couverture de voyage en forme de sac de couchage. Cet item est
décrit comme « une sorte de long rouleau en bâche verte imperméable à
l’extérieur et en fourrure de mouton bleu à l’intérieur ». Confortable
sûrement mais encombrant évidemment. Que de bagages même avec l’assistance d’un
âne pour le transport. Au départ, lui-même qualifie son attirail de
« monstrueux chargement » et il y ajoute un gigot d’agneau et des
bouteilles de vin. Quant à l’inventaire de mon propre et modeste sac à dos, il
se résume à une trousse de toilette, un canif, du savon, une chemise, deux
paires de chaussettes, deux tee-shirts, deux caleçons, un poncho et un
coupe-vent imperméable. Pour ménager mes jambes et mon dos, j’ai d’expérience
appris à voyager « léger » avec l’essentiel et le strict minimum.
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