Identification de saint Roch
L'Eglise catholique romaine a consacré
Roch de Montpellier saint Patron protecteur et guérisseur des maladies
contagieuses en raison de son charisme auprès des exclus de son
temps : les pestiférés. Antérieurement à lui,
c'était par l'intercession de Saint Sébastien que les malades
de la peste adressaient leurs suppliques à Dieu. La Vierge a toujours
eu une grande importance dans les secours pour les malheureux pestiférés.
Comment identifier Saint Roch qui est un
pèlerin par rapport notamment à St. Jacques ?
Il suffit de
repérer les éléments caractéristiques suivants
:
- Roch est en habit de pèlerin «
romieu ». - Il est allé en pèlerinage à Rome
sur les tombes des Apôtres Pierre et Paul, morts au nom de leur foi
pour le Christ ressuscité. - Le pèlerin de saint Jacques de Compostelle porte
le signe de la coquille. - Le signe du pèlerin à Rome : les
clés de saint Pierre, - Celui du pèlerin de Jérusalem
: les palmes. - Ceci dit, on représente souvent saint Roch avec la
coquille car à la fin du Moyen-Age, elle est devenue le signe de
tous les pèlerins. - Roch tient dans la main le bâton
du pèlerin, le « bourdon ».
- Il a parfois une besace, parfois la cape du pèlerin
: la pèlerine ; souvent le chapeau du pèlerin.
- Signes plus caractéristiques : un chien à
ses côtés portant parfois dans sa gueule un pain. - Un ange
lui soignant la plaie (peste) de sa jambe qu'il présente en relevant
un morceau de son vêtement. - Quelquefois la croix qui marque sa poitrine dès
sa naissance est représentée soit sur le corps ou à
l'extérieur sur le vêtement.
De la peste à… l'Amour
- Saint Roch de Montpellier Jeune pèlerin-médecin
Roch, enfant de l'amour, de la prière et de
la croix
Jean et Libère font partie de la riche
bourgeoisie de la ville de Montpellier. Les pauvres se plaisent à
exalter leur générosité, les étrangers leur
bonne hospitalité et tout le monde leur ardente dévotion.
Grand est leur amour conjugal, que la foi en Dieu unifie et fortifie spirituellement
! Leur plus cher désir est que ce bonheur soit couronné par
la venue d'un enfant. Mais Dieu met leur patience à l'épreuve.
Durant des années, dans la prière
fervente par l'intercession de la Vierge Marie, en l'église Notre-Dame
des Tables, ils se préparent à l'événement.
Leur prière finit par toucher le coeur
de Dieu et, vers 1350, Libère met au monde un bel enfant. Curieusement,
Roch porte sur la poitrine une marque rouge en forme de croix, présage
d'une vocation particulière au dévouement et au sacrifice.
Pendant son enfance, ses parents lui parlent
souvent des ravages occasionnés par la peste de 1348 : sur les 12
consuls de la ville, il n'en reste que 3 ! Chez les Dominicains, sur les
140 frères, seulement 8 survivent...
Lors de l'épidémie de 1361,
Roch assiste à l'atroce hécatombe. Pendant trois mois, près
de 500 personnes meurent chaque jour.
Partout il rencontre des petits orphelins
qu'il ramène à la maison pour être nourris, soignés,
hébergés...
En s'endormant le soir, Roch tourne son coeur
vers Celui qui a dans ses yeux toute la Lumière du monde et il lui
dit : " Jésus, donne-moi la force, lorsque je serai homme,
d'affronter ce terrible fléau ! Je veux être médecin
pour aller vers ceux que tout le monde fuit. Je les soignerai et, par ta
grâce, ils seront guéris... "
Son physique attachant, son tempérament
doux, sa perpétuelle bonne humeur, sa constante joie de vivre, le
font aimer de tous.
Ivre de joie de se savoir lui-même
aimé d'un amour fou par Quelqu'un, il chante les toutes-dernières
cantilènes apprises des troubadours, des baladins et des jongleurs
qui passent dans la capitale du Languedoc.
Roch adolescent : Devenir pauvre pour servir les pauvres !
Quand on a quinze ans au XIVème
siècle, on a l'âge d'homme. Si beaucoup de garçons
de son milieu et de son âge rêvent d'être professeurs
de Droit, chirurgiens ou chevaliers, lui a choisi d'aider, de réconforter,
de consoler ses frères exclus.
D'ailleurs, les événements vont bientôt se charger
de précipiter les choix faits dans le secret de son coeur.
Avant de mourir, le père gravement malade confie à son fils
: " Roch, mon cher enfant et mon seul héritier ! Je vais quitter
cette vie mortelle, dans l'espérance d'avoir part au Royaume des
cieux. Mon très doux enfant, voici ce que je te recommande : mets-toi
au service du Christ ! Sois bon pour les pauvres, multiplie les aumônes,
visite et soigne les malades, ce sont les frères de Jésus
! »
Terrassé par une forte fièvre, Jean rend son âme à
Dieu, suivi peu après par Libère.
Âgé de quinze ans, Roch a reçu de ses parents le modèle
de l'amour chrétien, le témoignage de leur charité,
authentique incarnation de leur foi rayonnante. Ils ont été
pour lui la première école de sainteté.
Maintenant c'est le passage à l'acte. Il lui faut entreprendre ce
qu'il porte depuis si longtemps dans son coeur : Servir ses frères
souffrants, les soigner, prier pour eux.
Il ne faut pas omettre de dire que Montpellier possède depuis 1141
des écoles de médecine et de droit, puis en 1289 une université
où, plus tard, Rabelais viendra y étudier. Sa faculté
de médecine est la plus ancienne et la plus prestigieuse d'Europe.
Là, Roch y côtoie les plus célèbres chirurgiens
et apothicaires du temps.
Peu à peu, Roch prend ses dispositions en vue du partage de ses
biens. En secret, il vend tout ce qu'il peut et en distribue le prix aux
jeunes femmes pauvres, aux veuves, aux cloîtres et aux hôpitaux.
Il cède ensuite à un frère de son père le reste
de ses biens et tous ses droits à la succession paternelle.
L'âme libérée des richesses de ce monde, Roch choisit
d'aller louer Dieu à Rome, sur les tombeaux des saints apôtres
Pierre et Paul. Après avoir obtenu les autorisations des autorités
ecclésiastiques et civiles, arrive le jour de l'envoi du pèlerin,
sanctifié par une bénédiction particulière
de l'Église.
Le prêtre consacre la besace : " Au nom de Notre Seigneur Jésus-Christ,
reçois cette besace, insigne de ta pérégrination aux
tombeaux des saints apôtres Pierre et Paul, où tu veux te
rendre. Et qu'ayant achevé ton voyage, tu nous reviennes en bonne
santé et joyeux, par la grâce de Dieu qui vit et règne
dans les siècles des siècles ! "
Puis il consacre le bourdon :
" Reçois
ce bâton, réconfort contre la fatigue de la marche dans la
vie de ton pèlerinage, afin que tu puisses vaincre toutes les embûches
de l'Ennemi et parvenir en toute tranquillité aux tombeaux des saints
apôtres Pierre et Paul. Et que, le but atteint, tu nous reviennes
avec la joie, par la grâce de Dieu ! "
Enfin le prêtre lui remet l'habit traditionnel du pèlerin
" Romieu " : Le chapeau rond à larges bords, droits
et relevés, et la cape.
Largement ouverte par devant, avec parfois un capuchon, elle couvre le
corps tout entier jusqu'aux pieds. C'est la pèlerine.
Roch a quitté ses habits de jeune nanti. Pour aller à la
suite du Christ pauvre, le voici maintenant revêtu de ceux du pèlerin.
Avant de quitter Montpellier, Roch se rend à l'église Notre-Dame
des Tables, prier la Vierge Marie. Il se souvient que Libère lui
avait souvent raconté que, avec Jean, c'était devant la Mère
de Miséricorde qu'ils avaient demandé à Dieu un enfant...
À elle encore aujourd'hui, Roch vient confier ses pèlerinages
: celui de Rome et celui de toute sa vie !
Comme tous les pèlerins
du Moyen Âge, il trouvera sur le parcours des « hospices »,
« hospitals » « aumôneries » ou « maisons-Dieu
», souvent édifiés hors les murs des remparts des villes.
Ainsi, même après la fermeture des portes de la ville, les
pèlerins y trouvent le gîte, le vivre et le couvert. Il faut
rappeler qu'au Moyen Âge, l'accueil du pèlerin est une des
cinq oeuvres de miséricorde.
Roch, jeune pèlerin de Dieu, secours des
malades
Sur son périple qui le conduit
à Rome, le jeune Montpelliérain fait étape à
Acquapendente, en Toscane, fin juillet.
Cette région d'Italie est alors ravagée par une effroyable
épidémie de peste qui décime la population. Là,
il demande le chemin de l'hôpital.
Il y est reçu par un nommé Vincent. Ému par son jeune
âge, ce dernier tente de le dissuader d'entrer dans ce lieu où
sévit la contagion. Mais Roch insiste : n'est-ce pas là que
sont ses frères en Christ ? La porte s'ouvre enfin...
Dès le lendemain, Roch se fait infirmier et serviteur de tous. Comme
les chirurgiens le lui ont appris, il ouvre les abcès à la
lancette, essuie et nettoie les plaies. Puis il prie et trace le signe
de la croix en invoquant Dieu, Trinité Sainte, pour la guérison
du malade : « Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit !
»
Roch sait qu'il n'est que l'humble instrument de la puissance régénératrice
du Dieu de bonté qui guérit.
Après l'hospice, il va visiter et soigner les malades de maison
en maison. Il reste trois mois dans cette ville, jusqu'à ce qu'elle
soit délivrée de l'épidémie. Mais au lieu de
repartir directement vers Rome, il se rend à Césène
en Romagne. Là, il se fait à nouveau infirmier et consolateur
des mourants. Après son passage, beaucoup sont guéris.
Rencontre du Pasteur de l'Église et de
Roch
Roch arrive à Rome au début
de l'année 1368. Il va trouver le responsable de la Sacrée
Pénitencerie qui lui confère le sacrement de pardon, avant
de recevoir le Corps du Christ. L'ecclésiastique lui demande sa
prière afin d'être préservé de la peste.
Roch l'assure de son intercession, s'avance et, pour le préserver
de la contagion, trace le signe de la croix sur le front du prélat
contrarié. Marque qui restera indélébile...
Soucieux de se ménager la protection du saint thaumaturge, le clerc
lui obtient une audience avec le pape Urbain V.
Urbain V, ancien Abbé de la Congrégation bénédictine
de Saint-Victor de Marseille, avait enseigné les disciplines du
Droit à Montpellier, Toulouse et Paris. Ordonné évêque
le 6 novembre 1362, puis intronisé Pape en Avignon par le Cardinal
de Maguelonne, son plus cher désir fut de ramener la papauté
à Rome. Il fallait en effet une personnalité exceptionnelle
pour présider aux destinées de la chrétienté,
en cette époque si sombre de son histoire : Guerres dévastatrices,
grandes compagnies, famines et épidémies.
Le retour - hélas temporaire ! - de la papauté à Rome
était signe d'une volonté de retrouver toute une dimension
spirituelle. Lorsque Roch s'avance et s'agenouille devant le Pasteur universel de l'Église,
celui-ci plein d'admiration lui dira : " Il me semble que tu viens
du paradis ! "
À nouveau, s'entredéchirent les factions romaines. Les princes
italiens menacent sans cesse le pouvoir d'Urbain V qui va devoir quitter
Rome pour retourner en Avignon.
Roch lui aussi va quitter cette ville où il est resté trois
ans. Il sait que les provinces italiennes qu'il va traverser pour regagner
son pays natal sont toujours la proie du fléau, mais qu'importe
! Conscient du charisme reçu de Dieu, et dans son ardente charité,
il veut secourir ses frères malades.
Une blessure providentielle d'amour
Sur le chemin du retour, Roch passe par
Rimini et retourne à Plaisance où sévit la peste.
Il se rend à l'hôpital Notre-Dame de Bethléem, où
il soigne les malades atteints de cette maladie. Une nuit, alors qu'il
dort profondément, il fait un songe : Une voix lui annonce qu'il
va à son tour souffrir du mal contagieux dont il soulage autrui.
Roch se réveille au matin, le corps en feu. La fièvre brûle
sa peau et l'étreint férocement. Le haut de sa cuisse le
fait horriblement souffrir. Le jeune pèlerin se réfugie dans
la forêt de Sarmato toute proche, et, paisible, attend de rencontrer
son Seigneur...
Pour étancher sa soif intense, le Ciel fait alors jaillir une source
d'eau vive du rocher où il s'est réfugié. Il s'y désaltère
à grands traits, louant la Providence secourable. Après l'eau,
elle placera près de lui un animal, fidèle compagnon de l'homme.
Notre ami le chien va être à l'origine d'une belle amitié
et d'une conversion de son maître à Jésus-Christ. Le
Seigneur ne se sert-il pas de ses créatures et même de sa
création pour le bonheur et la sanctification de l'homme ?
Roch, Gothard et le chien charitable
Ayant trouvé refuge dans
une anfractuosité naturelle du rocher, Roch se désaltère
et lave sa plaie avec l'eau fraîche de la mystérieuse source.
Non loin de là, habite Gothard Pallastrelli. Il a quitté
sa riche demeure de Plaisance pour se préserver de l'épidémie,
et il habite dans sa villa, près de la forêt de Sarmato. Depuis
quelques jours, il a remarqué qu'un de ses chiens, un jeune épagneul
noir et blanc, avec la queue en trompette, saisit dans sa gueule du pain
à sa table et l'emporte au dehors. Mais où court-il ainsi
? Intrigué par son manège, Gothard suit le chien et découvre
Roch...
À la vue de ce jeune homme en si grand dénuement, le coeur
de Gothard est ému. Il s'approche de l'inconnu et lui demande qui
il est et de quoi il souffre. "
Je suis un pestiféré, répond Roch, c'est pourquoi
je te demande de partir, car tu risques d'être contaminé,
toi aussi... "
Gothard retourne dans sa villa, en méditant sur ce qu'il a vu. Au
fait, son chien n'est-il pas plus charitable que lui ? Il a honte de sa
lâcheté et décide de revenir auprès du jeune
malade.
Surpris, Roch voit dans ce retour la volonté de Dieu. Il accepte
à ses côtés le riche seigneur qui se fait alors serviteur
du pauvre pèlerin. Craignant la contagion et ne voulant pas épouvanter
les siens, Gothard décide de ne pas retourner chez lui.
Mais voici que le chien n'apporte plus de nourriture aux deux amis. Le
seigneur est inquiet : "Comment allons-nous faire pour trouver à
manger ? ", interroge-t-il.
" Prends ton manteau, et va quêter dans les environs ",
répond Roch.
Humiliation sans nom pour ce haut personnage, notoirement connu ! Cependant,
encouragé par Roch, il part quêter pour l'amour de Dieu...
Devant chaque porte, il tend la main. Mais la besace reste vide, alors
que pleuvent à profusion refus, injures et mauvais traitements.
Paradoxalement, il accueille toutes ces épreuves avec un bonheur
qu'il n'avait encore jamais connu dans les plaisirs de ce monde.
Enfin, après une longue course, il rapporte au malade tout juste
deux petits pains. Mais Roch se réjouit de savoir que son bienfaiteur
a souffert pour l'amour de Jésus-Christ.
Dès lors, ils partagent le quotidien. Roch explique au jeune seigneur
la Sainte Écriture et lui enseigne la toute-puissance et la miséricorde
de Dieu. Comme le Précurseur Jean le Baptiste, il évoque
la pénitence, et comme le Christ, il rappelle le pardon de Dieu.
Du fond du coeur, il désire que son ami rencontre le Christ et sa
Bonne Nouvelle. Aussi prie-t-il dans le silence et la solitude de la forêt
de Sarmato.
Voyant son ami vivre ce qu'il enseigne, Gothard désire lui aussi
connaître la vie toute simple, toute sobre de pèlerin du Christ.
Un jour, tandis que Gothard revient de la ville et regagne la cabane, il
entend une voix appeller : " Roch ! " La voix mystérieuse
annonce au jeune malade qu'il est guéri et qu'il doit reprendre
le chemin de sa patrie.
C'est ainsi que Gothard découvre enfin le nom de celui qui avait
désiré rester un pèlerin anonyme, un serviteur inutile.
Arrive alors l'heure de la séparation dans une douleur réciproque. Mais dans les yeux et le coeur de Roch rayonne la joie d'avoir été
témoin de la conversion de son bienfaiteur à la foi en l'unique
Bon Pasteur.
Miraculeusement guéri, Roch reprend sa marche en direction de l'Hérault.
Mais ce sera en fait un chemin de croix vers le Ciel : de la souffrance
vers la Vie, de la mort à la Résurrection !
Prisonnier des hommes, libre pour Dieu
Traversant la Lombardie en direction de la province
d'Angera, aux environs de Voghera, Roch est arrêté par des
soldats qui le prennent pour un espion à la solde du Pape.
Conduit devant le gouverneur pour être interrogé, il déclare
être un humble serviteur de Jésus-Christ, et demande à
ce titre qu'on le laisse passer son chemin. Cette réponse jugée
équivoque, il est jeté dans un cachot. Cette épreuve
est un purgatoire où il va souffrir avec patience, dans l'abandon
et la prière, les cinq dernières années de sa vie.
Aussi Saint-Roch est-il le secours des prisonniers, des condamnés,
des oubliés de ce monde. Car jamais le jeune Montpelliérain
n'a décliné sa véritable identité qui aurait
pourtant pu le sauver, le gouverneur étant son oncle maternel. Fidèle qu'il fut à rester jusqu'à la fin le pèlerin
inconnu, humble et pauvre.
Pressentant que le Ciel l'appelle à quitter la terre, pour le grand
pèlerinage vers son Seigneur, Roch fait demander un prêtre
au gardien de la prison, pour recevoir le sacrement du pardon.
L'Ange de Dieu qui le réconforte en ses derniers moments lui dit
: " Roch, humble et loyal serviteur de Jésus, je suis envoyé
à toi de la part de Dieu le Père tout-puissant, afin que
tu lui présentes ton âme. Mais avant, fais-lui une requête,
car de lui tu obtiendras ce que tu demanderas. " L'Ami de Dieu demande alors que tous ceux qui, au nom de Jésus et
Marie, feront appel à son intercession, soient affranchis et délivrés
de toutes maladies contagieuses.
Vers 1379, le lendemain de la fête de l'Assomption de la Vierge Marie,
Roch entre avec joie dans sa pâque éternelle.
La veille, grâce à la croix rouge qui marque sa poitrine,
son oncle - le gouverneur - et sa vieille grand-mère maternelle
reconnaissent enfin l'illustre personnage dans l'anonyme prisonnier.
D'après les « Acta Breviora » (auteur anonyme latin),
un Ange inscrivit son nom en lettres d'or sur une tablette, auprès
de son corps transfiguré. Y était aussi contenu comment Dieu
avait accordé grâce à sa demande. À savoir :
Que tous ceux qui honoreraient avec foi et humilité le glorieux
Saint seraient protégés des épidémies de maladies
contagieuses.
Du coeur du peuple de Dieu à la gloire des autels
À ce jour,
aucun historien n'a pu - même approximativement - situer l'endroit
où se trouverait le tombeau du Saint, et l'église que l'on
y aurait construite, où immédiatement commença sa
dévotion. Nous avons seulement le témoignage que sa fête
était célébrée à Voghera.
À la fin du XVè siècle, les Vénitiens sont
sans cesse éprouvés par l'épidémie de peste.
Pour conjurer ce fléau, ils fondent des confréries dédiées
au Saint, avec la vocation toute spéciale de soigner et d'ensevelir
les pestiférés. Mais seules les reliques du saint thaumaturge
leur paraissent être d'une protection vraiment efficace. Ils souhaitent
donc les posséder pour la protection de leur cité. Selon
une pratique fréquente à cette époque, ils décident de s'en emparer furtivement. L'enlèvement est
opéré dans la nuit du 24 au 25 février 1485. En 1489,
pour abriter ce précieux dépôt, Venise fait ériger
un riche sanctuaire, qui sera décoré par les plus illustres
artistes du XVIè au XVIIIè siècle.
Au XVIè siècle, sur le Campo San Rocco, on élèvera
un somptueux palais : la « Scuola di San Rocco », siège
de la confrérie qui allait devenir un foyer artistique (oeuvres
du Tintoret) et centre d'oeuvres charitables, activités qui perdurent
jusqu'à ce jour.
Dans les régions méditerranéennes où Saint-Roch a pèleriné, la dévotion des fidèles se
porte de préférence vers les humbles ou bien les riches devenus
pauvres par choix délibéré, et qui se sont distingués
de leur vivant par leur charité, leur ascétisme, leur piété.
Roch est de ceux-là !
Même
en l'absence de toute reconnaissance officielle, le bon-sens baptismal
du peuple de Dieu a reconnu en Roch un témoin de Dieu proche des
petits, des malades, des exclus. Par sa bonté, sa ferveur et son
charisme de guérison, il conduisit à Dieu ceux qui étaient
abandonné de tous.
Son culte apparaît au début du XVè siècle et
il se propage avec une telle ferveur populaire, qu'il est rapidement invoqué
partout en Europe comme protecteur contre la peste et les maladies contagieuses.
Sous le pontificat de Grégoire XIII, Saint-Roch est introduit dans
le martyrologue romain à la date du 16 août. Il est alors fêté
non seulement à Maguelonne - son évêché d'origine
- mais jusqu'au Danemark. Enfin, Urbain VIII approuve solennellement son
culte, le 26 octobre 1629.
Roch rayonne dans toute l'Europe et ailleurs...
Comment ce jeune homme inconnu, qui n'a laissé
ni parole, ni écrit, a-t-il pu être invoqué comme un
saint dans tout l'Occident par vox populi, si peu de temps après
sa courte vie ?
Plusieurs facteurs ont
contribué à la propagation de ce culte :
- Le charisme que Roch avait reçu pour guérir ses contemporains
de la peste. - La grâce accordée par Dieu pour être le
saint protecteur des maladies contagieuses. -
Ses premiers témoins : la foule de tous ceux pour lesquels il a
demandé et obtenu la guérison. - Son ami et disciple Gothard,
ceux qui ont accompagné son séjour en prison. (Quarante ans
après sa mort, le lien est fait entre le guérisseur de Plaisance
et le prisonnier.) -
La décision du concile de Ferrare qui, menacé en 1439 par
une épidémie de peste, aurait prescrit des prières
publiques pour demander l'intercession du Saint montpelliérain. - La publication à une date inconnue de la première «
Vie de saint Roch », en italien, traduite en allemand dès
1484. - Un autre texte hagiographique d'un anonyme latin (fin XIVè
ou début XVè siècle) sera traduit en français
en 1494 par un Dominicain, Jehan Phélipot. - En 1483, parut à
Venise une « Vie de saint Roch » de François
Dideo, professeur de Droit à Padoue
. - Le transfert d'une grande partie des reliques du Saint de Voghera à
Venise, en 1485. - Les relations commerciales de ce port avec toute l'Europe
firent le reste...
- Le théâtre religieux contribue aussi à sa popularité
: en 1493, on joue un " Mystère de Monseigneur Saint-Roch
".
À Montpellier, sa ville natale, le culte de saint Roch fut assez
lent à se mettre en place. Cela s'explique par le fait que la partie
de la vie de Roch où sa sainteté s'est clairement manifestée
par un charisme, se déroula en Italie où il mourut.
Le chanoine Jean Segondy rattache la naissance du culte de Saint-Roch à
Montpellier, au passage du missionnaire dominicain saint Vincent Ferrier,
en 1408 et en 1416. Entre 1410 et 1420, la ville de Montpellier lui dédie
une chapelle qui se trouvait au couvent des Dominicains.
Une confrérie de Saint-Roch fut établie en l'église
Notre-Dame des Tables, en 1661. Lors de la peste de Marseille, en 1720,
il se fit à Montpellier des « processions, prières
et jeûnes » pendant deux mois, le tout placé sous l'intercession
de Saint-Roch.
Le plus ancien Ordo du diocèse conservé - celui de 1616 -
ne souffle mot de Saint-Roch qui, par contre, est mentionné dans
l'Ordo de 1748. Il faut attendre 1817 pour voir la publication à
Montpellier de la plus ancienne " Vie " du Saint. L'actuelle
église Saint-Roch a été construite en 1865 par l'Abbé
Recluz.
En 1832, une épidémie de choléra attire l'attention
sur Saint-Roch, protecteur de la peste et des maladies contagieuses.
C'est à la suite de l'impression d'un recueil intitulé " Prières à Jésus, à la Sainte Vierge et à
Saint-Roch pour tous les jours de la semaine contre les ravages du choléra-morbus
", que le clergé - c'est là un fait nouveau - va guider
la piété des fidèles et encourager la dévotion.
Aujourd'hui, chaque 16 août, la paroisse Saint-Roch de Montpellier
fête son jeune pèlerin guérisseur dans un grand élan
de ferveur populaire : messe chantée, vénération et
procession des reliques à travers la ville.
À Pont d'Ouilly (Calvados), un Grand Pardon de Saint-Roch se déroule
chaque année, le dimanche qui suit le 15 août.
En Lozère, un pèlerinage à Saint-Roch attirant des
milliers de personnes a lieu tous les ans à L'Hospitalet de Lajo,
près de Saint-Alban sur Limagnole. À Hergnies (Nord), l'Association des amis de Saint-Roch organise
chaque année une procession en l'honneur de Saint-Roch.
Dans
les pays du Tiers Monde christianisés aux temps modernes, le culte
du pèlerin guérisseur atteste la permanence de la foi en
son intercession victorieuse du mal.
(Textes empruntés au site Livres-mystiques.com)
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