PLAIN-CHANT (1923)
Plain-Chant occupe dans l'oeuvre poétique de Jean Cocteau une place centrale. Ceux
que rebutent les rouages si particuliers de son lyrisme se trouvent la
plupart du temps sans réserve devant ce vaste poème d'un ton et d'un
tour parfaitement classiques.
Plain-Chant énonce et dénonce le drame d'être trouble en soi, et de mal connaître cet étranger alors qu'il se repaît de vous tandis qu'on l'adore, le drame d'avoir en un seul destin des forces qui vous déchirent et finalement se fuient :
"Je mourrai, tu vivras et c'est ce qui m'éveille !"
Plain-Chant a su trouver en plein régime d'ironie à l'égard des grands effets lyriques, le moyen d'être un poème qui s'inscrit dans la tradition des morceaux les plus illustres de la poésie française : La Tristesse d'Olympio (Victor Hugo), La Maison du Berger (Alfred de Vigny), Le Bateau Ivre (Arthur Rimbaud), L'Après-midi d'un Faune (Stéphane Mallarmé), et de ne point être indigne d'eux. C'est en Angleterre que se termina la rédaction de ce poème, au cours de ce voyage dont il est question dans Opium et qui, extravagant, fut un des effets de cette méthode familière au poète qui consiste à ne jamais surseoir aux pressentiments, aux signes, à l'impulsion du désir...
(Texte extrait de la Collection Poètes d'Aujourd'hui - Pierre Seghers Editeur, écrit par Roger Lannes)
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