Je quitte cette belle Albergue de Retortillo à 7h. Je fais un petit détour pour admirer la belle porte médiévale à la sortie du pueblo "La Puerta de Sollera". Le chemin passe près de la Ermita de la Virgen del Prado et plus loin je rejoins une petite route que je vais suivre jusqu'à Tarancueña, pueblo situé à un peu plus de 7 kilomètres. Je profite de cet itinéraire sans difficultés pour me rémémorer quelques poèmes dont "La Prose du Transsibérien" de Blaise Cendrars, "Les Bijoux" de Charles Baudelaire et "Le Saut du Tremplin" de Théodore de Banville. Après une légère descente, la route monte jusqu'à près de 1300 m pour passer un petit col et ensuite elle redescend pour arriver à Tarancueña. Là, je fais une pause sur une aire de repos où se trouve une belle fontaine en pierre avec 2 oiseaux qui viennent s'y désaltérer.
Très vite à la sortie de ce pueblo, le chemin s'engage dans cet impressionnant Canyon de Caracena que je vais traverser pendant près de 8 kilomètres... Le chemin se transforme peu à peu en sentier qui, soit longe l'arroyo bordé de belle végétation principalement composée de roseaux, soit affronte les pentes rocheuses avec quelques passages délicats. Je franchis 2 fois l'arroyo, qui finalement sur la fin du parcours se trouve asséché. Des vautours tournent dans le ciel au-dessus de moi ce qui donne à cet environnement un côté à la fois magique et funèbre... Non, ce n'est pas moi qui leur offrirait ma carcasse !
Sur quelques passages en équilibre sur les rochers, il vaut mieux s'assurer, car avec le poids du sac on pourrait très vite être déséquilibré. La traversée de ce canyon est assez longue et nécessite 3 heures en comptant quelques pauses. Je rencontre 2 randonneurs lorsque j'arrive à une arche tout à fait spectaculaire et je profite de cette rencontre pour me faire prendre en photo devant cette architecture rocheuse naturelle.
Arrivé presqu'à la sortie du Canyon, j'aperçois sur la hauteur le pueblo de Caracena dominé par son clocher. Une dernière grimpée un peu raide et me voilà sur la Plaza Mayor de cette localité. Un peu plus haut, je vais à l'unique bar du village pour boire une cerveza et manger des oeufs avec du chorizo.
D'après les indications que m'avait fournies un ami Jean-Hugues qui a parcouru ce Chemin avec son frère quelques mois avant moi, il y a une Albergue privée tenue par la patronne de ce bar. C'est une grange aménagée avec SDB et cuisine. Mais quand je demande au jeune homme qui me sert si je peux dormir dans cette Albergue, il me fait comprendre qu'elle n'est pas disponible. Je suppose qu'il est le fils de la patronne et que c'est lui pendant l'été qui occupe ce logement. Il me propose de dormir dans l'église où il n'y a ni matelas, ni eau, ni WC...
Je décide alors de continuer jusqu'à Fresno de Caracena, pueblo situé à 8,5 kilomètres. Je reprends mon sac, je fais une halte dans l'église tout en haut du village et je continue la route qui porte bien son nom "La route des fontaines" car ce n'est pas moins de 5 fontaines que je vais trouver sur cet itinéraire et cela pour mon plus grand plaisir, car la chaleur est à nouveau au rendez-vous et j'aurai de quoi me rafraîchir !
Après 3 kilomètres, comme je marche sur une petite route qui longe une propriété, une femme en train de jardiner m'interpelle et me demande si j'ai besoin de quelque chose... Devant mon hésitation, elle m'invite à entrer et à prendre un moment de repos à l'ombre d'une pergola. Pendant ce temps elle me prépare 2 belles tranches de melon dont je vais me régaler pendant que nous échangeons quelques paroles. Elle est madrilène et vient ici en vacances. Son mari et ses fils sont partis pour une randonnée à bicyclette et elle les attend pour déjeuner. On fait un selfie et je ne m'attarde pas car je voudrais arriver à l'étape de bonne heure.
Un peu plus loin, à Carrascosa de Abajo je fais une nouvelle pause assis sur les marches de l'église. La dernière partie de l'étape en suivant cette petite route est agréable. C'est souvent ombragé et tout le long il y a de l'eau qui coule. J'en profite pour faire une nouvelle pause et pour rafraîchir mes pieds en les plongeant dans l'eau.
Enfin arrivé à Fresno de Caracena, terme de mon étape, je demande à une dame où se trouve l'Acogida Municipal qui est mentionné dans le Guide Espagnol. Comme elle m'indique la direction de la maison où habite le Maire, un jeune garçon à bicyclette me propose de m'y accompagner. Il est aussi en vacances ici avec sa famille et comme il étudie le français à l'école, il est tout content de pouvoir échanger quelques mots avec moi.
Je rencontre le maire qui me conduit à un premier local où sont entassés des matériaux et des détritus et restes de soirées bien arrosées... Devant ma mine déconfite, il m'emmène à un autre local où il y a une banquette pour dormir, une table, un lavabo et des WC. Bon, cela me conviendra et de plus c'est gratuit !
Entre temps ce jeune garçon demande à son père s'ils peuvent m'apporter à dîner, car il n'y a ni tienda, ni bar dans ce pueblo ! Le père me propose gentiment de m'apporter des crudités, du poulet et du vino tinto ! Bon, tout se présente bien et vers 20h, je commence à attendre ce dîner surprise ! 20h30...21h...21h30...Personne n'est venu ! Je ne comprends pas ce qui s'est passé...mais la réalité est bien là ! Pas de dîner ! Bon, je mange l'orange que la dame rencontrée dans son jardin m'avait donnée et je me couche... Je ne saurai jamais la raison pour laquelle ce dîner proposé si gentiment n'est jamais arrivé !!!
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