Chemin Intérieur ou Via de Bayona Du 30 Août au 9 Septembre 2019 De Irún à Burgos
Irún, Hernani, Tolosa, Segura, Salvatierra,Vitoria, La Puebla de Arganzón, Miranda de Ebro, Pancorbo, Briviesca, Monasterio Burgos
Synthèse en quelques lignes et quelques photos de cette pérégrination
Après avoir terminé ma pérégrination sur la Ruta de la Lana et pris le bus de Burgos à Irùn me voilà parti pour une nouvelle pérégrination sur le Chemin Intérieur ou Via de Bayona ou encore Chemin Royal ou Chemin Antique.. Tels sont les noms que l’on donne à ce Camino qui relie Irùn
à Burgos, en traversant l’intérieur du Pays Basque (Provinces du Guipúzcoa et de l’Alava)
et passant par le tunnel de San Adrián avant de rejoindre la Province de Burgos.
Au départ de l'Albergue de Irún avec les hospitaliers
La Première étape (26 km) qui mène à Hernani est
d’une grande beauté et aussi assez sportive…
Près de 2000 m de dénivelés cumulés en additionnant les positifs et les négatifs…
C’est une suite de bosses avec montées sévères et descentes parfois très raides
au milieu d’un décor champêtre où vous côtoyez des fermes, des vergers de pommiers, des pâturages ou
paisiblement paissent moutons, vaches et chevaux…
Parfois chemins de terre ou sentiers herbeux, parfois passages en forêt avec de
nombreux arroyos que vous traversez sur de petits ponts de bois, ou alors petites routes où vous trouvez des
Tabernas pour boire un verre ou vous restaurer…
C’est un enchantement, mais qui nécessite quelques efforts, car il n’y a
quasiment pas de portion plate pour souffler un peu…
Le Chemin est généreux et vous offre pommes et mûres à volonté, vous n’avez
qu’à tendre la main…
Les nombreux vergers de pommiers tout au long du chemin...
Vers la fin de l’étape en montant vers l’Ermita Santiago, vous avez en prime
une super vue panoramique sur l’océan et les villes de San Sebastián (Donostia) et Hondarribia.
La vue sur l'océan, San Sebastián et Hondarribia...
La 2ème étape (20 km) est plus facile et vous mène
à Tolosa.
C’est presque exclusivement un cheminement le long d’une voie ferrée et de zones industrielles, avec traversée de plusieurs
localités, ce qui vous permet de voir la vie des gens de ce pays et de découvrir l’importance des sites industriels qui font la
richesse de cette région.
Il y a des points d’eau ou des fontaines assez régulièrement et des bancs pour
se reposer.
Le contraste avec la Ruta de la Lana est énorme !… 2 Chemins… 2 mondes…
Seul point commun, la solitude, car il y a peu de pèlerins qui s’aventurent sur
ce Camino !
La cité de Tolosa au bord du rio Oria
3ème étape - De Tolosa à Segura (30 km). Une étape qui
suit tout du long le Rio Oria en empruntant des voies piétonnières et cyclables… L’environnement est plutôt urbain car on traverse de nombreuses
localités dont principalement deux sont assez importantes, Ordizia et Beasain… Comme j’ai quitté Tolosa à 5h30, les
premiers pueblos sont encore endormis quand je les traverse, puis peu à peu, les gens sortent, il y a les marcheurs du
dimanche, les joggeurs et les cyclistes qui trouvent
dans ce parcours un itinéraire agréable et sans difficultés…
Les tabernas peu à peu se remplissent, et je n’ai que l’embarras du choix pour
m’arrêter boire un verre et manger des Pinchos... Je pense à d’autres chemins où trouver un bar ouvert était comme un miracle !
Pas besoin d’emporter d’eau, il y a des fontaines au moins tous les kilomètres…
Vers la fin de l’étape je traverse une zone industrielle importante avec de
grosses usines comme Arcelor Mittal.
Et puis c’est l’arrivée à Segura, une
charmante localité de cette province du Gipuzkoa qui est perchée sur une
colline.
Et comme récompense de ce long cheminement, une Casa Rural très accueillante…
Le pèlerin aime bien de temps à autre quelque confort !
Le superbe panorama vu depuis l'entrée du tunnel de San Adrián
4ème étape - De Segura à Salvatierra en passant par le Tunnel
de San Adrián (26 km) C’est l’étape phare de ce Camino.
Après quelques kilomètres de piste le long du Rio Oria qui se
transforme petit à petit en torrent, j’aborde l’ascension de cette montagne mythique traversée par ce tunnel spectaculaire, lieu
historique, fréquenté au cours des siècles par les pèlerins, les marchands et les rois et qui est documenté comme le
chemin naturel de communication entre la plaine d’Alava et la vallée en Gipuzcoa de la rivière Oria, un point de
passage entre la Castille et le reste de l’Europe.
La montée à travers pâturages, forêts de hêtres et ronciers chargés de mûres
demande au pèlerin courbé sous le poids du sac quelque effort, mais la récompense est à chaque détour du chemin : En se
retournant, la vue sur la vallée et les chaînes de montagnes au loin est spectaculaire… Face à soi, le mont Araz
semble inaccessible et mystérieux..
Le Chemin, tantôt piste forestière, tantôt sentier herbeux ou rocailleux,
tantôt chemin au milieu de vieux hêtres cauchemardesques aux formes étranges, vous emmène inexorablement vers ce trou dans la montagne qui est devenu l’un des hauts-lieux des Chemins de Compostelle.
Le tunnel de San Adrián qui traverse la montagne...
Après 800 mètres de dénivelé le voilà enfin ce tunnel qu’on aperçoit de loin et
qui vous appelle pour vous absorber et vous faire oublier tous les efforts que cette montée vous a demandé !
Devant l'entrée du tunnel...
Le traverser, c’est comme un plongeon dans un gouffre marin et vous ne savez
pas comment vous en sortirez.
Mais de l’autre côté, un nouveau monde s’offre à vous, une voie romaine ou
médiévale va vous emmener vers un inconnu, une autre province, une autre vallée, un autre destin…
De l'autre côté du tunnel, l'itinéraire suit une voie romaine...
5ème étape - De Salvatierra à Vitoria-Gasteiz – (29 km)
Quel contraste avec l’étape d’hier (Tunnel de San Adrián). L’itinéraire au
long de la plaine d’Alava nous emmène de pueblo en pueblo, d’ermita en ermita en suivant des petites routes alternées
avec des pistes agricoles.
Très peu de dénivelés, des mûres en abondance, des points d’eau dans chaque
pueblo, mais pas de bar !
Encore quelques sites industriels assez éloignés du Chemin !
À 6 km de Vitoria, on traverse un bois qui offre une bonne ombre et change un
peu du parcours monotone suivi jusqu’alors. J'arrive alors à Vitoria-Gasteiz, la capitale de la province d’Alava
et de la Communauté autonome du Pays Basque.
La Plaza de España à Vitoria-Gasteiz
6ème étape - De Vitoria-Gasteiz à La Puebla de Arganzón situé dans la Province de
Burgos – (20 km).
Je vais donc au cours de cette étape quitter le Pays Basque pour retrouver la
communauté de Castille-et-León.
A la sortie de Vitoria, on passe devant l’admirable Basilique
San Prudencio d’Armentia qui est l’une des constructions romanes les plus spectaculaires du territoire d’Alava.
Peu à peu, on s’éloigne des zones urbaines et des voies de circulation pour
retrouver un chemin de terre qui serpente au milieu des champs avec quelques haltes dans les petits pueblos traversés,
pour ensuite aller au sommet d’une colline dans un environnement de fougères, genévriers, végétation de maquis et pour
finir aller jusqu’à un point haut à près de 800 m et traverser une forêt de chênes… C’est ici que se trouve la frontière
entre les 2 Provinces.
Le reste du Chemin se fera dans la Province de Burgos..
Descente longue et caillouteuse pour arriver dans une nouvelle vallée très
vaste et qui rappelle ces immensités agricoles déjà traversées dans la Castille !
Je suis content de retrouver dans ce joli pueblo qu’est La Puebla
de Arganzón une Albergue,
car ces derniers jours, je n’avais le choix qu’entre Hostal, Pension ou Casa,
Rural…
7ème étape - De La Puebla de Arganzon à Miranda del Ebro-
(19,5 km)
A la cafétéria « La Flor del Trigo » qui ouvre à 7h, je prends un
desayuno, ce qui est exceptionnel, car rarement les bars ouvrent avant 8h… La serveuse est avenante et souriante ce qui éclaire ma
journée.
Comme quoi simplement un sourire suffit pour que la journée s’annonce claire et
lumineuse !
L’itinéraire se partage entre petites routes proches des grandes voies de
circulation et chemins agricoles qui jouent à saute-mouton… Les pueblos traversés sont
agréables, bancs et points d’eau à volonté.
Aujourd’hui, le camino est généreux… À profusion des mûres pour se barbouiller
de ces fruits délicieux
et des noisettes en abondance pour remplir les poches…
La ville-étape, Miranda
del Ebro est importante, 35.000 habitants !
Il y a une Albergue toute neuve en plein centre où je suis accueilli par le
Président de l’Association locale.
Un peu après mon installation arrivent trois espagnols qui font quelques étapes
sur ce Chemin et vont ensuite marcher sur la Voie du Batzan qui va de Bayonne à Pampelune…
La ville est traversée par le Rio Ebro… Souvenir de ma pérégrination en 2009
sur le Camino del Ebro qui côtoie ce fleuve presque tout le long du parcours entre Deltebre (Embouchure du Rio) et Logroño.
Elle est dominée par un Castillo et comporte 2 belles églises des 13ème et
16ème siècles…
Iglesia San Esteban de Orón en quittant Miranda de Ebro…
8ème étape - De Miranda del Ebro à Pancorbo- (17,5 km).
Petit-déjeuner dans l’albergue bien équipée de Miranda. Après 3,5 km je traverse Orón où se trouve l’église San Esteban de style
Renaissance qui apparaît comme une forteresse.
Après de longues pistes et la traversée d’un pueblo désert, j’arrive dans un
défilé rocheux où le chemin va se faufiler entre Nationale, Voie Ferrée, Autoroute et le Rio Oroncillo affluent du Rio
Ebro.
Défilé de Pancorbo
Malgré la proximité de ces voies de communication, le
chemin est pittoresque et agréable…
Il se faufile entre des noisetiers, des figuiers, des églantiers, des
pruneliers et des peupliers…
L’Albergue au-dessus d’un bar peut recevoir une colonie, elle n’est pas équipée
et peu entretenue,
mais j’y trouve l’essentiel, une douche et un lit…
Les 2 étapes suivantes (9 et 10) de Pancorbo à Briviesca –
(24 km)
et Briviesca à Monasterio de Rodilla – (20,5 km) présentent peu d’intérêt…
On côtoie les voies de communication, Autoroute, Nationale et Voie Ferrée entre
lesquelles le Chemin se faufile tant bien que mal. Il y a de part et d’autre ces grands espaces agricoles
où se côtoient champs de céréales et tournesols. Par contre la ville de Briviesca présente un grand intérêt. Son histoire a
toujours été liée à sa situation géographique de croisée de chemins : Voies Romaines, Chemin de Compostelle, couloir de la
Bureba, passage entre le Plateau Castillan
et la région Cantabrique et elle offre un riche patrimoine architectural.
Briviesca
Statue de Sain-Roch dans la Collégiale de Santa Maria la Mayor à Briviesca…
Monasterio de Rodilla
Et puis il y a tous ces pueblos traversés, dominés par les clochers qu’on
aperçoit de loin,
et où l’on trouve toujours des bancs et des fontaines…
Demain, dernière étape qui me ramène à Burgos où je suis arrivé il y a 12 jours
au terme de ma pérégrination
sur la Ruta de la Lana. Lever à 5h, car l’étape est longue (28 km) et je
voudrais arriver de bonne heure…
11ème étape - De Monasterio de Rodilla à Burgos (28 km).
Je termine ce Chemin par une super belle étape. A 5h30 quand je suis sur
le Chemin, il n’y a pas de lune et de ce fait, le ciel resplendit de ses milliards d’étoiles et je peux admirer une Voie
Lactée qui trace son sillon lumineux sur plus de 100.000 années lumière avec ses 200 à 400 milliards d’étoiles et
au minimum 100 milliards de planètes…
Comme je me sens tout petit au cœur de cette nuit profonde où seul le bruit de
mes bâtons vient troubler le silence.
Les constellations de Céphée et Cassiopée m’ouvrent la voie et elles
suffiraient à me guider.
Comme gardes du corps, j’ai sur ma gauche Pégase et sur ma droite Dragon !…
Long cheminement sur une meseta à près de 1000 m avec des centaines de moulins
à vent qui brassent l’air avec leur bruissement d’ailes… Comme ces géants d’acier impressionnent quand on marche à
leurs pieds et qu’ils sont beaux dans les premiers rayons du soleil qui les parent de belles couleurs…
Jusque sur ce vaste plateau, les terres agricoles, champs de céréales et de
tournesols, s’étendent comme à l’infini.
Plus loin, je traverse une zone historique, le Camino de Los Romanos, baptisé
« Via Italia » avec tout le long du parcours 13 panneaux explicatifs.
« L’importance et la richesse qu’implique cet itinéraire antique résident
dans le fait d’être l’une des premières artères de communication construites dans cette Hispanie lors de l’expansion de
l’empire romain, il y a plus de 2 000 ans.
Une route qui a parcouru d’Est en Ouest le nord de la péninsule, d’Astorga à
Tarragone et où les biens et les personnes ont circulé, favorisant ainsi le transit du savoir et de la culture du
moment. »
Borne romaine (Borne Milliaire) sur le Camino de los Romanos ou Via de Italia dans l’étape qui mène à Burgos…
Et puis c’est la descente vers Burgos que je retrouve pour la 3ème fois (La
1ère en 2005 et la 2ème il y a 12 jours au terme de mon chemin sur la Ruta de la Lana).
Cathédrale de Burgos...
A nouveau admiration et contemplation de cette belle Cathédrale et quelques
rencontres sympathiques
à l’Albergue Divina Pastora où je suis hébergé.
Dîner avec Rodrigo un jeune espagnol de Burgos rencontré sur la Ruta de la Lana
il y a 2 semaines…
Tympan de la Puerta Sarmental avec le Christ, Livre de la Sagesse dans la main, entouré des quatre évangélistes, Cathédrale Santa Maria de Burgos…
Voilà, la fin de ce Camino…
Cette Via de Bayona est pleine de contrastes… Les étapes se suivent et ne se
ressemblent pas…
Des étapes grandioses et d’autres moins spectaculaires au milieu des voies de
communication…
Découverte d’une région, de ses habitants, des coutumes et des modes de vie…
L’intérieur du Pays Basque est très industrialisé et cette région doit être une
des plus prospères de l’Espagne !
Statue de Saint-Jacques dans la cathédrale de Burgos...
Voilà… Ce n’est pas fini…
Je prends le bus pour San Sebastián afin de terminer ce périple de 2019 par 5
étapes sur le Camino del Norte jusqu’à Bilbao ! Ainsi dans ce bus, je revois le film à l’envers en accéléré de ce Chemin que je
viens de parcourir…
C’est comme un saut dans le passé et maintenant retour vers le futur
pour retrouver ce Camino del Norte déjà parcouru en 2006…
BURGOS
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