Conclusion
La nature et les paysages que
Stevenson a vus et que moi j’ai découverts, sont sensiblement les mêmes. En
effet, il y a eu peu de changements car depuis 130 ans, les montagnes, les
vallées, les forêts, les rivières et les champs sont toujours là. La nature est
à toute fin pratique la même étant donné qu’elle a été très peu affectée et
transformée par le développement urbain, la création d’industries et la
construction d’autoroutes. Les mêmes petits villages et hameaux sont toujours
là avec leurs vieilles pierres et leurs solides résidences même si elles sont
moins animées. En effet, de nos jours, les familles sont moins nombreuses,
beaucoup de jeunes ont quitté pour la ville et plusieurs maisons sont des
résidences secondaires inhabitées pendant de nombreux mois.
Stevenson a réussi à laisser
une image unique et précieuse d’une belle région de France qui déjà en 1878
était à l’écart des grands courants économiques et qui laissait probablement le
reste du pays indifférent. Il avait une bonne plume et les pages qu’il a
écrites sur l’histoire et la vie des gens d’ici, ont plu à de nombreux lecteurs
et ont incité beaucoup de personnes comme moi à venir visiter et découvrir
cette région. Stevenson était doué pour le dessein et il a crayonné beaucoup
durant sa marche de douze jours. Il a donc laissé des croquis de gens du pays,
de rencontres paysannes, de montagnes, de bâtiments etc. qui tous témoignent de
la vie d’ici à cette époque.
Moi, j’ai apprécié et aimé ce
que j’ai vu et vécu. Encore une fois, j’ai arpenté une région de France que je
ne connaissais pas et j’y ai trouvé une bonne qualité de vie. J’y ai rencontré des
gens accueillants et découvert une nature belle et généreuse. La région que
j’ai visitée a un riche passé mais est peu peuplée et peu industrialisée. Elle
peut offrir beaucoup à ceux qui aiment les grands espaces, le calme, la marche
et le vélo. J’ai marché de beaux sentiers et traversé de belles forêts,
probablement plus grandes et en meilleure santé qu’autrefois car elles font
l’objet d’une meilleure gestion. Enfin, comme ailleurs en France, on mange bien
ici et on apprécie tout autant le bon vin.
Je termine en soulignant
certaines autres raisons plus spirituelles ou philosophiques qui ont motivé
cette dernière marche comme d’autres entreprises auparavant. Comme l’a déjà
écrit le grand écrivain argentin Jorge Luis Borges, je marche « pour adoucir le cours du temps »,
pour occuper une vie parfois vide depuis la retraite. Aussi comme l’a si bien
dit déjà Paul-Emile Victor, le grand explorateur polaire des régions
polaires, je marche pour goûter à la satisfaction d’avoir encore une fois
« volé du temps à la mort » et pour me montrer que je résiste de mon
mieux à la fuite du sable dans le sablier. Enfin je fais mienne la phrase du
grand aventurier et randonneur qu’est Sylvain Tesson qui dit marcher
« pour se prouver qu’il est encore capable d’atteler lui-même la troïka du
courage, de l’effort et de la curiosité et pour éprouver la simple
jouissance de se sentir en vie et en mouvement ». Comme cela
est bien dit et comme cela résume tout et dit tout…. A une prochaine
marche….Ultreïa….
Jacques Castonguay
Paris le 10 juin 2007
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