Mardi 29 Avril 2008  -  Villafranca de los Barros > Torremegia - 28 km



Partir. Mon cœur bruissait de générosités emphatiques.
Partir...j'arriverais lisse et jeune dans ce pays mien et je dirais à ce pays
dont le limon entre dans la composition de ma chair :
"J'ai longtemps erré et je reviens vers la hideur désertée de vos plaies."
Je viendrais à ce pays mien et je lui dirais :
"Embrassez-moi sans crainte...Et si je ne sais que parler, c'est pour vous que je parlerai."
Et je lui dirais encore :
"Ma bouche sera la bouche des malheurs qui n'ont point de bouche,
ma voix, la liberté de celles qui s'affaissent au cachot du désespoir."
Et venant je me dirais à moi-même :
"Et surtout mon corps aussi bien que mon âme,
gardez-vous de vous croiser les bras en l'attitude stérile du spectateur,
car la vie n'est pas un spectacle, car une mer de douleurs n'est pas un proscenium,
car un homme qui crie n'est pas un ours qui danse..."


Et voici que je suis venu !


Extait du "Cahier d'un retour au pays natal"  -  Aimé Césaire



  •                   
    Chaque matin c'est un émerveillement d'assister au lever du soleil...


                      
    Le Chemin s'étend rectiligne pendant la plus grande partie de cette étape





                      
    On marche sur tes pas...Federico !

    Romance de la lune

    La lune vient à la forge
    avec sa tournure en nards.
    L'enfant la fixe, la fixe,
    l'enfant la regarde fixe.
    A travers l'air tout ému,
    la lune étire ses bras
    et montre, lubrique et pure,
    ses seins durs de dur étain.


    -- Hou ! fuis, lune, lune, lune !
    Car si les gitans venaient,
    ils feraient avec ton coeur
    blancs colliers et blancs anneaux.

    -- Enfant, laisse-moi danser.
    Lorsque viendront les gitans
    te trouveront sur l'enclume
    et tes petits yeux fermés.
    -- Hou ! fuis, lune, lune, lune !
    déjà j'entends les chevaux.
    -- Laisse, enfant, ne foule pas
    ma blancheur amidonnée.
    Le cavalier se rapproche,
    faisant sonner le tambour,
    le grand tambour de la plaine
    et,  dans la forge, l'enfant
    a ses petits yeux fermés.
    Par les champs d'oliviers viennent
    -- bronze et rêve -- les gitans,
    la tête très haut levée
    et les yeux, les yeux mi-clos.
    Comme chante la chouette,
    comme elle hulule sur l'arbre !
    A travers le ciel chemine
    la lune avec un enfant
    qu'elle emmène par la main.

    Et dans la forge, les pleurs
    les pleurs et cris des gitans
    et le vent qui veille, veille,
    le vent qui fait la veillée.

    Romancero Gitan  - 
    Federico Garcia Lorca

    (Traduit par Mathilde Pomès)



      Je quitte la Casa Perin à 6h avec Raphaël. Le Chemin est large et rectiligne et s'allonge
      entre les vignobles et les champs d'oliviers sur presque tout le parcours...
      Je laisse Raphaël partir devant moi et préfère continuer seul.
      Il fait un temps idéal, un peu de fraîcheur et un beau soleil.
      C'est l'étape idéale pour continuer à apprendre mes poèmes en espagnol...
      Le temps passe vite et les 28 km sont avalés en un peu plus de 6 heures.
      J'arrive à Torremegia avec Raphaël et 2 allemands et nous allons directement
      à l'Hôtel Milenium, ayant appris que l'auberge pèlerins était fermée.
      Je prends un bon temps de repos avant d'aller à La Casa de la Cultura,
      puis dîner à l'Hôtel avec un couple de parisiens.

       

     


    L'albergue Turistico del Alba-Plata étant fermé,
    je prends une chambre à l'Hôtel Milenium

    - 3 Coquilles

     

     


      Béni de Dieu, déni du diable
      Incapable d'être coupable
      Tu es belle
      Indéniable.
      Tu es belle comme la mer et la Terre
      Avant la prolifération humaine.
      Et pourtant tu es femme.
      Tu es belle comme le vent qu'on ne peut voir
      Belle comme le matin et le soir.
      Tu es belle et tu n'es pas la seule
      Tu es belle entre les belles,
      mais dans la ribambelle des belles, tu n'es pas l'étoile.
      Tu es l'une d'elles
      La mienne
      Et pourtant tu ne m'appartiens pas
      Mais tu es la seule île déserte où je pourrais vivre avec toi.


      Belle  -  Jacques Prévert



    A mi-chemin, pause en compagnie de ces 2 pèlerins allemands
     

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