Mercredi 28 Mai 2008  -  Laxe > Ponte Ulla > Outeiro (36 km)



    Romance somnambule

    Vert et je te veux vert.
    Vent vert. Vertes branches.
    Le bateau sur la mer,
    le cheval dans la montagne.
    L'ombre autour de la ceinture,
    elle rêve à son balcon,
    chair verte, verts cheveux
    avec des yeux d'argent froid.
    Vert et je te veux vert.
    Dessous la lune gitane,
    toutes les choses la regardent
    mais elle ne peut pas les voir.
    °°°
    Vert et je te veux vert.
    De grandes étoiles de givre
    suivent le poisson de l'ombre
    qui trace à l'aube son chemin.
    Le figuier frotte le vent
    à la grille de ses branches
    et la montagne, chat rôdeur,
    hérisse ses durs agaves.
    Mais qui peut venir ? Et par où ?
    Elle est là sur son balcon,
    chair verte, cheveux verts,
    rêvant à la mer amère.
    °°°
    L'ami, je voudrais changer
    mon cheval pour ta maison,
    mon harnais pour ton miroir,
    mon couteau pour ta couverture.
    L'ami, voilà que je saigne
    depuis les cols de Cabra.
    Si je le pouvais, petit,
    l'affaire serait déjà faite.
    Mais moi je ne suis plus moi
    et ma maison n'est plus la mienne.

    L'ami, je voudrais mourir dans
    mon lit, comme tout le monde.
    Un lit d'acier, si possible,
    avec des draps de hollande.
    Vois-tu cette plaie qui va
    de ma poitrine à ma gorge?
    Il y a trois cents roses brunes
    sur le blanc de ta chemise.
    Ton sang fume goutte à goutte
    aux flanelles de ta ceinture.
    Mais moi je ne suis plus moi et
    ma maison n'est plus la mienne.
    Laissez-moi monter au moins
    jusqu'aux balustrades hautes.
    De grâce, laissez-moi monter
    jusqu'aux vertes balustrades.
    Jusqu'aux balcons de la lune
    là-bas où résonne l'eau.
    °°°
    Ils montent déjà, tous les deux,
    vers les balustrades hautes.
    Laissant un sentier de sang.
    Laissant un sentier de larmes.
    Sur les toitures tremblaient
    des lanternes de fer-blanc.
    Mille tambourins de verre
    déchiraient le petit jour.
    °°°
    Vert et je te veux vert,
    vent vert, vertes branches.
    Ils ont monté, tous les deux.
    Le vent laissait dans la bouche
    un étrange goût de fiel,
    de basilic et de menthe.
    L'ami, dis-moi, où est-elle?
    Où est-elle, ta fille amère?
    Que de fois elle t'attendait!
    Que de fois elle a pu t'attendre,
    frais visage, cheveux noirs,
    à la balustrade verte!
    °°°
    Sur le ciel de la citerne
    la gitane se berçait.
    Chair verte, cheveux verts
    avec ses yeux d'argent froid.
    Un petit glaçon de lune
    la soutient par-dessus l'eau.
    La nuit devint toute menue,
    intime comme une place.
    Des gardes civils ivres morts
    donnaient des coups dans la porte.
    Vert et je te veux vert.
    Vent vert. Vertes branches.
    Le bateau sur la mer,
    le cheval dans la montagne.

     


    Romance Sonámbulo

    Verde que te quiero verde.
    Verde viento. Verdes ramas.
    El barco sobre la mar
    y el caballo en la montaña.
    Con la sombra en la cintura
    ella sueña en su baranda,
    verde carne, pelo verde,
    con ojos de fría plata.
    Verde que te quiero verde.
    Bajo la luna gitana,
    las cosas la están mirando
    y ella no puede mirarlas.

    Verde que te quiero verde.
    Grandes estrellas de escarcha
    vienen con el pez de sombra
    que abre el camino del alba.
    La higuera frota su viento
    con la lija de sus ramas,
    y el monte, gato garduño,
    eriza sus pitas agrias.
    ¿Pero quién vendra? ¿Y por dónde...?
    Ella sigue en su baranda,
    Verde came, pelo verde,
    soñando en la mar amarga.

    —  Compadre, quiero cambiar
    mi caballo por su casa,
    mi montura por su espejo,
    mi cuchillo per su manta.
    Compadre, vengo sangrando,
    desde los puertos de Cabra.
    —  Si yo pudiera, mocito,
    este trato se cerraba.
    Pero yo ya no soy yo,
    ni mi casa es ya mi casa.

    —  Compadre, quiero morir
    decentemente en mi cama.
    De acero, si puede ser,
    con las sábanas de holanda.
    ¿No ves la herida que tengo
    desde el pecho a la garganta?
    —  Trescientas rosas morenas
    lleva tu pechera blanca.
    Tu sangre rezuma y huele
    alrededor de tu faja.
    Pero yo ya no soy yo,
    ni mi casa es ya mi casa.
    —  Dejadme subir al menos
    hasta las altas barandas;
    ¡dejadme subir!, dejadme,
    hasta las verdes barandas.
    Barandales de la luna
    por donde retumba el agua.

    Ya suben los dos compadres
    hacia las altas barandas.
    Dejando un rastro de sangre.
    Dejando un rastro de lágrimas.
    Temblaban en los tejados
    farolillos de hojalata.
    Mil panderos de cristal
    herían la madrugada.

    Verde que te quiero verde,
    verde viento, verdes ramas.
    Los dos compadres subieron.
    El largo viento dejaba
    en la boca un raro gusto
    de hiel, de menta y de albahaca.
    ¡Compadre! ¿Donde está, díme?
    ¿Donde está tu niña amarga?
    ¡Cuántas veces te esperó!
    ¡Cuántas veces te esperara,
    cara fresca, negro pelo,
    en esta verde baranda!

    Sobre el rostro del aljibe
    se mecía la gitana.
    Verde carne, pelo verde,
    con ojos de fría plata.
    Un carámbano de luna
    la sostiene sobre el agua.
    La noche se puso íntima
    como una pequeña plaza.
    Guardias civiles borrachos
    en la puerta golpeaban.
    Verde que te qinero verde.
    Verde viento. Verdes ramas.
    El barco sobre la mar.
    Y el caballo en la montaña.

     

Traduction de Claude Esteban
Extrait du Romancero Gitan  -  
Federico Garcia Lorca




On approche de la fin du Camino...


                   
Le pont romain de Taboada sur le rio Deza



L'ancienne Calzada


                   
Saint-Jacques est présent tout au long du Chemin...



Une belle traversée de sous-bois


                   
Cette roseraie inattendue me met en joie et je déclame quelques poèmes de Pablo Neruda



Avant d'arriver à Ponte Ulla, cette belle vallée encaissée dominée par un viaduc très aérien


                   
L'albergue d'Outeiro situé 4 km après Ponte Ulla


On boit le verre de l'amitié avec mes 2 compagnons allemands
 


    Comme à mon habitude, je quitte l'albergue aux premières lueurs du jour. Pendant la nuit, il a beaucoup plu !
    Aussi j'ai mis mon équipement de pluie et le temps menace encore...Après 2-3 km sur la Nationale;
    je rejoins le Chemin qui passe par des sentiers herbeux et boueux avant de suivre des petites routes et des
    chemins forestiers. Dans l'ensemble, le parcours est agréable, comme cette portion de calzada autour
    du pont romain de Taboada. J'essuie encore quelques petites averses et de ce fait je fais quelques arrêts
    dans les bars trouvés dans les villages traversés. L'arrivée sur Puente Ulla est belle, avec ce grand viaduc
    qui enjambe le Rio Ulla. Il y a encore 4 km avec des côtes assez raides avant d'arriver à l'albergue d'Outeiro.
    Il est à noter que toutes les albergues de Galice sont vraiment "Top" !!  Pour boire un verre ou dîner,
    il y a un kilomètre à descendre pour rejoindre le bar-restaurant qui se trouve au bord de la Nationale.
    Demain Santiago !! C'est toujours un moment émouvant quand on arrive à la fin d'une belle aventure.
    Content d'arriver, d'être allé au bout, d'avoir fait ces mille kilomètres la plupart du temps au milieu
    d'une nature superbe, dans des décors somptueux, appréciant autant les moments de solitude que
    les moments fraternels partagés avec les pèlerins rencontrés. Content d'arriver après ces 38 jours de bonheur
    que ce Chemin m'a apporté et cela malgré les conditions météo un peu difficiles de ces derniers jours.
    Heureux également de retrouver dans quelques jours ma compagne et de repartir avec elle sur le Chemin du Puy !

     

 


Hébergement à l'albergue de la Xunta de Galicia
Dans le hameau de Outeiro, 4,5 km après Ponte Ulla
Bien équipé et plus de 40 lits
3 Euros la nuit

4 Coquilles
 



Un homme dit :" Parle-nous de la Connaissance de soi"
Il répondit :
" Vos coeurs connaissent en silence les secrets des jours et des nuits.
Mais vos oreilles se languissent d'entendre la voix de la connaissance en vos coeurs.
Vous voudriez savoir avec des mots ce que vous avez toujours su en pensée.
Vous voudriez toucher du doigt le corps nu de vos rêves.

Et il est bon qu'il en soit ainsi.
La source secrète de votre âme doit jaillir et couler en chuchotant vers la mer,
Et le trésor de vos abysses infinis se révéler à vos yeux.
Mais qu'il n'y ait point de balance pour peser votre trésor inconnu,
Et ne sondez pas les profondeurs de votre connaissance avec tige ou jauge,
Car le soi est une mer sans limites ni mesures.

Ne dites pas: "J'ai trouvé la vérité", mais plutôt: "J'ai trouvé une vérité".
Ne dites pas: "J'ai trouvé le chemin de l'âme".
Dites plutôt: "J'ai rencontre l'âme marchant sur mon chemin".
Car l'âme marche sur tous les chemins.
L'âme ne marche pas sur une ligne de crête, pas plus qu'elle ne croît tel un roseau.
L'âme se déploie, comme un lotus aux pétales innombrables. "


Le Prophète  -  Khalil Gibran







    • Ton Rire

      Tu peux m'ôter le pain,
      m'ôter l'air, si tu veux :
      ne m'ôte pas ton rire.
       

      Ne m'ôte pas la rose,
      le fer que tu égrènes
      ni l'eau qui brusquement
      éclate dans ta joie
      ni la vague d'argent
      qui déferle de toi.

      De ma lutte si dure
      je rentre les yeux las
      quelquefois d'avoir vu
      la terre qui ne change
      mais, dès le seuil, ton rire
      monte au ciel, me cherchant
      et ouvrant pour moi toutes
      les portes de la vie.

      À l'heure la plus sombre
      égrène, mon amour,
      ton rire, et si tu vois
      mon sang tacher soudain
      les pierres de la rue,
      ris : aussitôt ton rire
      se fera pour mes mains
      fraîche lame d'épée.

      Dans l'automne marin
      fais que ton rire dresse
      sa cascade d'écume,
      et au printemps, amour,
      que ton rire soit comme
      la fleur que j'attendais,
      la fleur guède, la rose
      de mon pays sonore.

      Moque-toi de la nuit,
      du jour et de la lune,
      moque-toi de ces rues
      divagantes de l’île,
      moque-toi de cet homme
      amoureux maladroit,
      mais lorsque j’ouvre, moi,
      les yeux ou les referme,
      lorsque mes pas s’en vont,
      lorsque mes pas s’en viennent,
      refuse-moi le pain,
      l’air, l’aube, le printemps,
      mais ton rire jamais
      car alors j’en mourrais.

      Tu Risa

      Quítame el pan si quieres,
      quítame el aire, pero
      no me quites tu risa.

      No me quites la rosa,
      la lanza que desgranas,
      el agua que de pronto
      estalla en tu alegría,
      la repentina ola
      de planta que te nace.

      Mi lucha es dura y vuelvo
      con los ojos cansados
      a veces de haber visto
      la tierra que no cambia,
      pero al entrar tu risa
      sube al cielo buscándome
      y abre para mí todas
      las puertas de la vida.

      Amor mío, en la hora
      más oscura desgrana
      tu risa, y si de pronto
      ves que mi sangre mancha
      las piedras de la calle,
      ríe, porque tu risa
      será para mis manos
      como una espada fresca.

      Junto al mar en otoño,
      tu risa debe alzar
      su cascada de espuma,
      y en primavera, amor,
      quiero tu risa como
      la flor que yo esperaba,
      la flor azul, la rosa
      de mi patria sonora.

      Ríete de la noche,
      del día, de la luna,
      ríete de las calles
      torcidas de la isla,
      ríete de este torpe
      muchacho que te quiere,
      pero cuando yo abro
      los ojos y los cierro,
      cuando mis pasos van,
      cuando vuelven mis pasos,
      niégame el pan, el aire,
      la luz, la primavera,
      pero tu risa nunca
      porque me moriría.

    Les Vers du Capitaine - Pablo Neruda

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