Mardi 27 Mai 2008 - Céa > Laxe (35 km) |
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Traduction Jean Prévost
Extrait du Romancero Gitan - Federico Garcia Lorca
Pour se mettre en joie dès l'aube...
Les Horreos balisent les chemins de Galice...et les rivières découpent la campagne de rubans argentés...
De l'eau encore de l'eau ! Et ces jolis ponts qui ont accompagné les pèlerins pendant des siècles !
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J'ai tant rêvé de toi que mes bras habitués J'ai tant rêvé de toi qu'il n'est plus temps J'ai tant rêvé de toi, tant marché, parlé,
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Colonne dédiée au Chemin de Compostelle et aux pèlerins
......J'espère mourir vite dès que les chemins de la terre ne me seront plus ouverts,
même si c'est en imagination seulement, même si je n'y vais pas tellement souvent.
Mais c'est dans le souvenir des longues heures de marche que ces plaisirs confortables et prodigués,
qui aujourd'hui coûtent si peu, plongent pour moi leur racine.
On ne peut mettre dans la route toute l'attente qu'elle est capable de combler si l'on n'a pas
au moins quelquefois tout accepté de ses sévérités et de ses servitudes primitives :
la faim, la soif, la fatigue, l'ennui, l'inconfort, l'incertitude du gîte,
l'averse désastreuse qui bat la chaussée noyée et installe sa cataracte pour tout l'après-midi,
et cet étrange sentiment d'exil aussi, pareil à une basse monotone,
qui naît du long chemin et ne déserte jamais ses pires exaltations :
il en coûte aussi d'être un errant par le monde;
les joies sont traversées vite, on ne participe pas,
il y a un regard, quand on déboucle son sac dans le soir jaune, sur un balcon à glycines,
au-dessus de la cour pleine de poules, de charrettes et de futailles comme un tableau hollandais,
quand on s'attable sous la tonnelle d'une étape heureuse,
qui interroge déjà avec détachement le ciel du lendemain, la file songeuse, au-delà des toits,
des peupliers de la route par où les bêtes reviennent, et qui se lisse déjà pour la nuit.
«Aller me suffit» a écrit René Char. Il faut savoir s'installer dans ce porte-à-faux sans sécurité ;
demain sera autre, demain pèse déjà sur les avancées reposantes de la nuit.
Il est un poème, de Rimbaud encore, poème d'errant,
poème de l'auberge d'un soir qui rêve merveilleusement,
dérisoirement de la félicité, de la capitulation bienheureuse de l'étape ultime.
Il s'intitule Le Pauvre Songe,
et ce poème de la sécurité dernière est encore comme une chanson de route....
in « Lettrines 2 » José Corti, 1974 - Julien Gracq