Dimanche 25 Mai 2008  -  Xunqueira de Ambia > Ourense  (23 km)



    Corps présent

    La pierre est un front où gémissent les songes
    sans eau courbe ni cyprès glacés.
    La pierre est une échine pour porter le temps
    avec arbres de larmes, rubans et planètes.

    Moi, j'ai vu des pluies grises se jeter vers les vagues,
    en levant leurs tendres bras criblés,
    pour ne pas être capturées par la pierre offerte
    qui disloque leurs membres sans absorber le sang.

    Parce que la pierre prend semences et nuages,
    squelettes d'alouettes et loups de pénombre,
    mais ne donne aucun son, ni cristal, ni flamme,
    seulement des arènes, encore des arènes,
    des arènes sans murs.

    Déjà, Ignacio le bien-né git sur la pierre.
    Et tout est fini. Qu'y a-t-il ?
    Contemplez son apparence :
    La mort l'a couvert de souffles blafards
    et lui a façonné une tête de sombre minotaure.

    Et tout est fini. La pluie emplit sa bouche.
    L'air pris de folie s'échappe de sa poitrine creuse,
    et l'Amour, imprégné de larmes de neige,
    se chauffe, là-haut, au-dessus des troupeaux.

    Que disent-ils ? Un silence fétide plane.
    Nous veillons un corps qui s'estompe,
    un corps aux formes claires de rossignols,
    et nous le voyons se creuser de trous sans fond.

    Qui froisse le suaire ? Ce qu'il dit est faux !
    Ici personne ne chante, ni pleure dans un coin,
    ne pique des éperons, n'effraie le serpent.
    Je ne veux ici que des yeux grands ouverts
    pour contempler ce corps sans possible repos.

    Moi, je veux voir ici les hommes à la voix dure,
    ceux qui domptent les chevaux et dominent les fleuves,
    ces hommes au squelette sonore, qui chantent
    la bouche pleine de soleil et de silex.

    Moi, je veux les voir ici. Devant la pierre.
    Devant ce corps aux rênes rompues.
    Moi, je veux qu'ils me montrent l'issue
    pour ce capitaine enchaîné par la mort.

    Qu'ils m'apprennent un chant triste comme un fleuve,
    avec de douces brumes et des rives profondes,
    pour emporter le corps d'Ignacio, qu'il se perde
    sans écouter le souffle puissant des taureaux.

    Qu'il se perde dans l'arène ronde de la lune
    qui imite, enfant dolente, la bête immobile;
    qu'il se perde dans la nuit muette des poissons
    et dans le taillis blanc de la fumée gelée.

    Qu'on ne lui couvre pas le visage de mouchoirs
    afin qu'il s'habitue à la mort qu'il porte.
    Pars, Ignacio : ne regrette pas le chaud mugissement.
    Dors, vole, repose : la mer aussi se meurt !

     

    Cuerpo presente
     

    La piedra es una frente donde los sueños gimen
    sin tener agua curva ni cipreses helados.
    La piedra es una espalda para llevar al tiempo
    con árboles de lágrimas y cintas y planetas.

    Yo he visto lluvias grises correr hacia las olas
    levantando sus tiernos brazos acribillados,
    para no ser cazadas por la piedra tendida
    que desata sus miembros sin empapar la sangre.

    Porque la piedra coge simientes y nublados,
    esqueletos de alondras y lobos de penumbra;
    pero no da sonidos, ni cristales, ni fuego,
    sino plazas y plazas y otras plazas sin muros

    Ya está sobre la piedra Ignacio el bien nacido.
    Ya se acabó; ¿qué pasa? Contemplad su figura:
    la muerte le ha cubierto de pálidos azufres
    le ha puesto cabeza de oscuro minotauro.

    Ya se acabó. La lluvia penetra por su boca
    El aire como loco deja su pecho hundido,
    Y el Amor, empapado con lágrimas de nieve,
    se calienta en la cumbre de las ganaderías.

    ¿Qué dicen? Un silencio con hedores reposa.
    Estamos con un cuerpo presente que se esfuma,
    con una forma clara que tuvo ruiseñores
    y la vemos llenarse de agujeros sin fondo.

    ¿Quién arruga el sudario?
    ¡No es verdad lo que dice!
    Aquí no canta nadie, ni llora en el rincón,
    ni pica las espuelas, ni espanta la serpiente:
    aquí no quiero más que los ojos redondos
    para ver ese cuerpo sin posible descanso.

    Yo quiero ver aquí los hombres de voz dura.
    Los que doman caballos y dominan los ríos:
    los hombres que les suena el esqueleto y cantan
    con una boca llena de sol y pedernales.

    Aquí quiero yo verlos. Delante de la piedra.
    Delante de este cuerpo con las riendas quebradas.
    Yo quiero que me enseñen dónde está la salida
    para este capitán atado por la muerte.

    Yo quiero que me enseñen un llanto como un río
    que tenga dulces nieblas y profundas orillas,
    para llevar el cuerpo de Ignacio y que se pierda
    sin escuchar el doble resuello de los toros.

    Que se pierda en la plaza redonda de la luna
    que finge cuando niña doliente res inmóvil;
    que se pierda en la noche sin canto de los peces
    y en la maleza blanca del humo congelado.

    No quiero que le tapen la cara con pañuelos
    para que se acostumbre con la muerte que lleva.
    Vete, Ignacio: No sientas el caliente bramido.
    Duerme, vuela, reposa: ¡También se muere el mar!

     


Chant Funèbre pour Ignacio Sanchez Mejias  -  Federico Garcia Lorca
Traduction originale du poème en français; Sylvie Corpas et Nicolas Pewny:
(traduction agréée par la Fondation et les héritiers de Garcia Lorca)

 

                  
En quittant Xunqueira de Ambia, je peux admirer la collégiale Santa Maria la Real


  
La journée s'annonce belle...



Le lever de soleil est toujours un moment magique...



et la nature au lever du jour est un enchantement !


                 
    On est bien en Galice comme en témoigne cet Horreo                              Une fête religieuse avec cette décoration faite de pétales de fleurs


                 
Le couple d'espagnols et mes compagnons italiens


                 
Arrivée à Ourense et première vue sur la Cathédrale


                           
Le portail du Paradis et la tour lanterne de la Cathédrale



      Ce matin à 6h, le temps semble se mettre au beau. Je fais cette étape avec un couple d'espagnols d'Alicante.
      L'itinéraire nous emmène par de petites routes à travers de nombreux villages.
      L'arrivée au centre d'Ourense nous paraît bien longue. Nous avons suivi le balisage qui nous fait passer
      par un Paseo le long d'un petit Rio, ce qui rallonge sans doute de 2 ou 3 km.
      On arrive devant la Cathédrale San Martin que j'irai visiter plus tard dans l'après-midi et il nous reste
      quelques escaliers à grimper pour arriver à l'auberge où nous attendons son ouverture qui a lieu à 13 h.

      Après la douche et l'installation, je vais dans un bar déguster des "Pimientos de Padron".
      J'ai toute mon après-midi, aussi j'en profite pour aller sur internet envoyer quelques mails...
      Ensuite je visite cette belle cathédrale dont la construction s'échelonna entre le 12ème et le 13ème siècle.
      A l'intérieur, se côtoient le Gothique, le style Renaissance et le Baroque Galicien.
      Le portail du Paradis nous fait penser au portail de la Gloire de Compostelle que je pourrai de nouveau
      contempler dans 5 jours ! Je vais dîner seul à la Taverne Rocinante.

       



Hébergement à l'albergue de la Xunta située un peu au-dessus de la Cathédrale,
dans l'ancien Convento de San Francisco
3 Euros la nuit  

 4 Coquilles

 



Ô saisons, ô châteaux...

Ô saisons, ô châteaux,
Quelle âme est sans défauts ?

Ô saisons, ô châteaux,

J'ai fait la magique étude
Du Bonheur, que nul n'élude.

Ô vive lui, chaque fois
Que chante son coq gaulois.

Mais ! je n'aurai plus d'envie,
Il s'est chargé de ma vie.

Ce Charme ! il prit âme et corps,
et dispersa tous efforts.

Que comprendre à ma parole ?
Il fait qu'elle fuit et vole !

Ô saisons, ô châteaux !

Et, si le malheur m'entraîne,
Sa disgrâce m'est certaine.

Il faut que son dédain, las !
Me livre au plus prompt trépas !

- Ô Saisons, ô Châteaux !

Fêtes de la Faim   -  Arthur Rimbaud
 





Ce qu’il faut pour être heureux

Il faut penser ; sans quoi l’homme devient,
Malgré son âme, un vrai cheval de somme.
Il faut aimer ; c’est ce qui nous soutient ;
Sans rien aimer il est triste d’être homme.

Il faut avoir douce société,
Des gens savants, instruits, sans suffisance,
Et de plaisirs grande variété,
Sans quoi les jours sont plus longs qu’on ne pense.

Ilfaut avoir un ami, qu’en tout temps,
Pour son bonheur, on écoute, on consulte,
Qui puisse rendre à notre âme en tumulte,
Les maux moins vifs et les plaisirs plus grands.

Il faut le soir, un souper délectable,
Où l’on soit libre, où l’on goûte à propos,
Les mets exquis, les bons vins, les bons mots.
Et sans être ivre, il faut sortir de table.

Il faut, la nuit, tenir entre deux draps
Le tendre objet que notre cœur adore,
Le caresser, s’endormir dans ses bras,
Et le matin, recommencer encore.

Voltaire
 

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