Mercredi 23 Avril 2008 - Guillena > Castilblanco de los Arroyos - 19 km
|
"...Marcher à son rythme afin d'être ouvert à toutes les impressions et d'être disponible au paysage traversé et dont on fait partie à chaque instant, un peu à la façon du cours d'eau qui, lui aussi, avance. En outre, ce n'est que dans le silence sans mots que procure la marche solitaire que le randonneur peut s'abandonner à cette ivresse des pas qui commence par une sorte d'éblouissement et de torpeur de l'esprit, pour se terminer par une paix qui dépasse la raison..."
"Voyages avec un âne dans les Cévennes" R.L. Stevenson
|
L'immensité des champs de céréales...
La marche solitaire au milieu de ces grands espaces est un pur bonheur
Le Chemin traverse de grands domaines d'élevage... Les collines sont couvertes de cistes en fleur
Un beau spécimen de taureau
Le village de Castilblanco de los Arroyos
L'église paroissiale du Divin Sauveur
L'albergue "Refuge Municipal" de Castilblanco
Aujourd'hui, c'est une superbe étape qui nous voit cheminer au milieu des champs d'oliviers et des orangeraies, puis au travers de vastes pâturages couverts de fleurs multicolores où paissent vaches et taureaux, indifférents à notre pérégrination...Le Chemin est bordé de milliers de cistes en fleurs qui répandent un parfum enivrant.
Mon coeur est empli de joie en pensant à mon Amour rencontrée 3 semaines avant mon départ. C'est pourquoi j'appelle ce Chemin "La Marche à l'Amour" (Titre d'un poème du poète Québecois Gaston Miron)
Un peu avant d'arriver à Castilblanco, je suis rejoint par José et nous allons ensemble à l'albergue du village. Il fait assez chaud et nous allons nous rafraîchir autour de quelques tapas et d'une bonne cerveza. Le village a beaucoup de charme avec ses ruelles bordées de maisons blanchies à la chaux et dont les encadrements des portes et des fenêtres sont peints en jaune. L'église de style mudejar et baroque avec sa façade peinte de couleurs vives rappelle les sanctuaires d'Amérique Latine, et sur son clocher nichent trois cigognes.
La soirée apporte un peu de fraîcheur et après le dîner, je passe un moment agréable sur la terrasse de l'albergue en compagnie d'un américain et d'un couple d'allemands.
|
Hébergement au Refuge Municipal situé à côté de la station-service Campsa. Il y a une vingtaine de lits et le confort minimum souhaité. Je crois me rappeler que le coût était faible (Donativo ou alors 4 ou 5 Euros ?)
3 Coquilles
|
La marche à l'amour
Tu as les yeux pers des champs de rosées tu as
des yeux d'aventure et d'années-lumière la douceur du fond des brises au mois
de mai dans les accompagnements de ma vie en friche avec cette chaleur
d'oiseau à ton corps craintif moi qui suis charpente et beaucoup de
fardoches moi je fonce à vive allure et entêté d'avenir la tête en bas
comme un bison dans son destin.
La blancheur des nénuphars s'élève jusqu'à ton
cou pour la conjuration de mes manitous maléfiques moi qui ai des yeux où
ciel et mer s'influencent pour la réverbération de ta mort lointaine avec
cette tache errante de chevreuil que tu as .
Tu viendras tout ensoleillée
d'existence la bouche envahie par la fraîcheur des herbes le corps mûri
par les jardins oubliés où tes seins sont devenus des envoûtements tu te
lèves, tu es l'aube dans mes bras où tu changes comme les saisons...
...Tu es mon amour ma clameur mon bramement tu es mon amour ma ceinture
fléchée d'univers ma danse carrée des quatre coins d'horizon le rouet des
écheveaux de mon espoir tu es ma réconciliation batailleuse mon murmure de
jours à mes cils d'abeille mon eau bleue de fenêtre dans les hauts vols de
buildings mon amour de fontaines de haies de ronds-points de fleurs tu
es ma chance ouverte et mon encerclement à cause de toi mon courage est un
sapin toujours vert et j'ai du chiendent d'achigan plein l'âme.
Tu es belle
de tout l'avenir épargné d'une frêle beauté soleilleuse contre
l'ombre ouvre-moi tes bras que j'entre au port et mon corps d'amoureux
viendra rouler sur les talus du mont Royal orignal, quand tu brames
orignal coule-moi dans ta plainte osseuse fais-moi passer tout cabré tout
empanaché dans ton appel et ta détermination...
Gaston Miron (Poète québecois 1928-1996) (Oeuvre poétique rassemblée dans " l'Homme Rapaillé" réedité dans la collection Poésie/Gallimard en 1999)
|
" Non, il n'est pas en ton pouvoir de faire éclore le bouton.
Secoue-le, frappe-le : tu n'auras pas la puissance de l'ouvrir.
Tes mains l'abîment; tu en déchires les pétales et les jettes dans la poussière.
Mais aucune couleur n'apparaît, et aucun parfum.
Ah ! il ne t'appartient pas de le faire fleurir.
Celui qui fait éclore la fleur travaille si simplement.
Il y jette un regard, et la sève de vie coule dans ses veines.
A son haleine, la fleur déploie ses ailes et se balance au gré du vent.
Comme un désir du coeur, sa couleur éclate et son parfum trahit un doux secret.
Celui qui fait éclore la fleur travaille si simplement."
Rabindranath Tagore Poète Indien 1861-1941
"L'Offrande lyrique" (Collection Poésie/Gallimard)