Lundi 19 Mai 2008  -  Santa Croya de Tera > Rionegro del Puente  (29,5 km)



L'Enfer
Chant Premier

Au milieu du chemin de notre vie
Je me trouvai dans une forêt sombre
Après avoir perdu le droit chemin.

Ah ! combien il est dur de la décrire,
Cette forêt sauvage et âpre et rude
Dont la pensée fait renaître ma peur !

La mort même est à peine plus amère,
Mais pour traiter du bien que j'y trouvai 
Je vous dirai ce que j'y vis d'abord.

Comment j'y pénétrai, je ne sais dire,
Tant j'étais plein de sommeil au moment
Où hors du bon chemin je m'égarai.

Mais arrivé au pied d'une montagne
Où s'en venait finir cette vallée
Qui avait transpercé mon cœur d'effroi,

Levant les yeux, je la vis revêtue
Déjà des rayons de cette planète
Qui par tous les chemins guide nos pas.

Alors s'apaisa quelque peu l'angoisse
Qui au lac de mon cœur était restée
Toute la nuit passée en ce tourment.

Et comme un nageur qui, le souffle court,
Ayant pris pied sur la rive, se tourne
Vers les flots périlleux et les regarde,

Mon âme, poursuivant toujours sa fuite,
Se retourna pour contempler la passe
Qui ne laissa jamais homme vivant.


(Extrait de)
La Divine Comédie - Dante Alighieri
 



  •                                
        Le Chemin suit le Rio Tera et il y a de nombreux aqueducs d'irrigation


                                      
    Vieille ermita à demi en ruines, dédiée à Santa Justa et Santa Rufina          Sanctuaire après Olleros de Tera





      
    Lac de retenue sur le Rio Tera



    Autre vue sur le lac de retenue


                        
    L'église de Villar de Farfon et son auvent où je me suis réfugié en attendant que la pluie s'arrête....


                        
                     Le chemin un peu avant d'arriver à Rionegro                        L'église de Rionegro del Puente avec son imposant clocher (15ème siècle)


                        
    Le dîner avec à gauche 2 allemands et à droite 2 basques

     


    Au départ de cette étape, après Santa Marta de Tera, j'ai droit à un concert magnifique donné par une
    multitude d'oiseaux qui célèbrent le lever du jour...Le temps est couvert, la pluie menace...
    Après Olleros de Tera, en face du sanctuaire d'Agavanzal, il y a un abri où je m'arrête pour un peu de repos
    et pour mettre mon équipement de pluie. Un peu plus loin avant d'arriver au lac de barrage, je perds le Chemin
    et je "crapahute" au milieu des buissons et des cistes pour rejoindre la petite route qui traverse le barrage.
    Il y a de gros nuages noirs et la pluie se met à tomber assez fort juste comme j'arrive à Villar de Farfon.
    Je me réfugie sous l'auvent de l'église où il y a des bancs et c'est plutôt agréable de voir la pluie tomber
    en étant à l'abri. J'en profite pour me restaurer un peu et j'attends que la pluie cesse.
    Il y a une accalmie et je reprends le Chemin herbeux et bien détrempé, puis une piste rocailleuse qui conduit
    à un point haut d'où l'on peut apercevoir Rionegro del Puente où j'arrive un peu avant 14h en compagnie
    de 2 jeunes allemands qui m'ont rattrappé !
    Après l'installation à l'albergue, visite de l'église, un petit tour dans les bars et le soir
    dîner en compagnie de ces pèlerins allemands et de 2 basques.


     


    Hébergement à l'Albergue de Peregrinos Virgen de la Carballeda.
    Au centre du village - Spacieuse et bien agencée.

    7 Euros pour la nuit - 3 Coquilles

     

     


    Il y a quelque chose de terrible dans chaque vie.
    Il y a, dans le fond de chaque vie, une chose terriblement lourde, dure et âpre.

    Comme un dépôt, un plomb, une tache. Un dépôt de tristesse,
    un plomb de tristesse, une tache de tristesse.
    À part les saints et quelques chiens errants, nous sommes tous plus ou moins contaminés
    par la maladie de la tristesse. Plus ou moins. Même dans nos fêtes elle peut se voir.

    La joie est la matière la plus rare dans ce monde. Elle n'a rien à voir avec l'euphorie, l'optimisme
    ou l'enthousiasme. Elle n'est pas un sentiment. Tous nos sentiments sont soupçonnables.
    La joie ne vient pas du dedans, elle surgit du dehors — une chose de rien, circulante, aérienne, volante.
    On lui accorde beaucoup moins de crédit qu'à la tristesse qui, elle, fait valoir ses antécédents,
    son poids, sa profondeur. La joie n'a aucun antécédent, aucun poids, aucune profondeur.
    Elle est toute en commencements, en envols, en vibrations d'alouette.

    C'est la chose la plus précieuse et la plus pauvre du monde.
    Il n'y a guère que les enfants pour la voir. Les enfants, les saints, les chiens errants.
    Et toi. Tu l'attrapes au vol, tu la redonnes aussitôt, il n'y a rien d'autre à en faire.
    Et tu ris, tu ne sais que rire devant tant de richesse donnée, reçue.

    Tu as pourtant affaire, comme chacun, à cette chose terrible dans ta vie,
    à cette ombre terriblement lourde, dure, âpre.
    Tu lui fais place comme au reste.
    Tu ouvres la porte à la tristesse si aimablement qu'elle en est perdue,
    qu'elle en perd ses manières sombres et qu'on ne la reconnaît plus.

    La grâce se paie toujours au prix fort.
    Une joie infinie ne va pas sans un courage également infini.
    Dans tes rires c'est ton courage que j'entendais — un amour de la vie si puissant
    que même la vie ne pouvait plus l'assombrir.


    In « La plus que vive » - Christian Bobin

     






    La vie augmente

    Quand on nous dit :
    La vie augmente, ce n'est pas
    Que le corps des femmes
    Devient plus vaste,
    Que les arbres
    Se sont mis à monter
    Par-dessus les nuages,
    Que l'on peut voyager
    Dans la moindre des fleurs,
    Que les amants
    Peuvent des jours entiers rester à s'épouser.
    Mais, c'est, tout simplement,
    Qu'il devient difficile
    De vivre simplement. 

    In "Gagner"  -  Eugène Guillevic


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