Vendredi 7 Septembre 2012 : Roquefort > Mont-de-Marsan  -  31 km

 


    J'arrive où je suis étranger

    Rien n’est précaire comme vivre
    Rien comme être n’est passager
    C’est un peu fondre comme le givre
    Et pour le vent être léger
    J’arrive où je suis étranger

    Un jour tu passes la frontière
    D’où viens-tu mais où vas-tu donc
    Demain qu’importe et qu’importe hier
    Le coeur change avec le chardon
    Tout est sans rime ni pardon

    Passe ton doigt là sur ta tempe
    Touche l’enfance de tes yeux
    Mieux vaut laisser basses les lampes
    La nuit plus longtemps nous va mieux
    C’est le grand jour qui se fait vieux

    Les arbres sont beaux en automne
    Mais l’enfant qu’est-il devenu
    Je me regarde et je m’étonne
    De ce voyageur inconnu
    De son visage et ses pieds nus

    Peu a peu tu te fais silence
    Mais pas assez vite pourtant
    Pour ne sentir ta dissemblance
    Et sur le toi-même d’antan
    Tomber la poussière du temps

    C’est long vieillir au bout du compte
    Le sable en fuit entre nos doigts
    C’est comme une eau froide qui monte
    C’est comme une honte qui croît
    Un cuir à crier qu’on corroie

    C’est long d’être un homme une chose
    C’est long de renoncer à tout
    Et sens-tu les métamorphoses
    Qui se font au-dedans de nous
    Lentement plier nos genoux

    O mer amère ô mer profonde
    Quelle est l’heure de tes marées
    Combien faut-il d’années-secondes
    A l’homme pour l’homme abjurer
    Pourquoi pourquoi ces simagrées

    Rien n’est précaire comme vivre
    Rien comme être n’est passager
    C’est un peu fondre comme le givre
    Et pour le vent être léger
    J’arrive où je suis étranger

    Louis Aragon

 



Encore un beau lever de soleil qui met le cœur fête... 








Chemin sablonneux au milieu des fougères


Eglise Saint-Laurent de Corbleu (13ème siècle)


Église Sainte-Marie de Bostens (11ème-12ème siècle)


Près de l'église, à Gaillères, accueil pèlerin pour une pause agréable


Eglise Sainte-Marie de Gaillères (11ème-19ème siècle)


Église Sainte-Candide de Bougue avec ses belles colonnes du porche en bois (18ème siècle)





La longue piste cyclable qui va de Bougue à Mont-de-Marsan (8 km)


La nef centrale de l'Eglise de la Madeleine à Mont-de-Marsan


Le Donjon Lacataye (1344)
 
Mont-de-Marsan
 


Petites routes, chemins sablonneux au milieu des pins, et à nouveau petites routes goudronnées qui traversent plusieurs villages : Corbleu,
Bostens, Gaillères et Bougue.

L'itinéraire se termine par une piste cyclable, longue ligne droite qui n'en finit pas.
Mont-de -Marsan, chef-lieu des Landes est une étape agréable et le pèlerin
a l'embarras du choix pour se désaltérer et se restaurer.
(Température à l'ombre à 17h : 35°)
Mont-de-Marsan, la ville aux trois rivières :
confluence du
Midou et de la Douze, formant la Midouze.

 



    Je quitte le refuge à 7h. Julien, le jeune pèlerin rencontré la veille dort toujours.

    Le début de l'itinéraire fait éviter la D932 par des petites routes qui deviennent ensuite
    des chemins sablonneux qui serpentent au milieu des fougères. Je retrouve ensuite le goudron

    pour traverser les villages de Corbleu et de Bostens où je m'arrête pour boire une bière.
    A Gaillères je vois l'invitation qui est faite au pèlerin à faire une pause dans un accueil

    bien aménagé pour un temps de repos agréable. Je continue ensuite sur Bougue où je m'arrête
    derrière l'église pour manger un morceau et reposer les pieds. Julien passe en vélo et s'arrête.
    Nous discutons un moment et lui continue vers Orthez et sans doute plus loin...
    Peu après cette localité commence la longue piste cyclable de 8 km qui est fatiguante
    et monotone, mais la proximité de l'étape donne le moral et l'arrivée dans les faubourgs
    de Mont-de-Marsan, malgré la chaleur, donne des ailes...
    Je récupère les clés du Refuge où je vais m'installer, encore une fois, je suis le seul pèlerin.

    J'apprécie la fin d'après-midi à me promener dans la ville, à m'installer à une terrasse de café,
    et le soir je dîne dans un restaurant situé sur une petite place en face du Donjon Lacataye.
     


Refuge pèlerin "Voie de Vézelay"
de la Société Landaise des Amis de Saint-Jacques
2 Rue Augustin Lesbazeilles (Clés à la Supérette 8 à 8 - 101 Rue Croix Blanche)
Situé dans l'ancien bâtiment  des Bains-Douches de la Ville
Bien agencé mais assez bruyant
2 coquilles

 


    La Rose et le Réséda

    Celui qui croyait au ciel
    Celui qui n’y croyait pas
    Tous deux adoraient la belle
    Prisonnière des soldats
    Lequel montait à l’échelle
    Et lequel guettait en bas
    Celui qui croyait au ciel
    Celui qui n’y croyait pas
    Qu’importe comment s’appelle
    Cette clarté sur leur pas
    Que l’un fut de la chapelle
    Et l’autre s’y dérobât
    Celui qui croyait au ciel
    Celui qui n’y croyait pas
    Tous les deux étaient fidèles
    Des lèvres du coeur des bras
    Et tous les deux disaient qu’elle
    Vive et qui vivra verra
    Celui qui croyait au ciel
    Celui qui n’y croyait pas
    Quand les blés sont sous la grêle
    Fou qui fait le délicat
    Fou qui songe à ses querelles
    Au coeur du commun combat
    Celui qui croyait au ciel
    Celui qui n’y croyait pas
    Du haut de la citadelle
    La sentinelle tira
    Par deux fois et l’un chancelle
    L’autre tombe qui mourra
    Celui qui croyait au ciel
    Celui qui n’y croyait pas
    Ils sont en prison Lequel
    A le plus triste grabat
    Lequel plus que l’autre gèle
    Lequel préfère les rats
    Celui qui croyait au ciel
    Celui qui n’y croyait pas
    Un rebelle est un rebelle
    Deux sanglots font un seul glas
    Et quand vient l’aube cruelle
    Passent de vie à trépas
    Celui qui croyait au ciel
    Celui qui n’y croyait pas
    Répétant le nom de celle
    Qu’aucun des deux ne trompa
    Et leur sang rouge ruisselle
    Même couleur même éclat
    Celui qui croyait au ciel
    Celui qui n’y croyait pas
    Il coule il coule il se mêle
    À la terre qu’il aima
    Pour qu’à la saison nouvelle
    Mûrisse un raisin muscat
    Celui qui croyait au ciel
    Celui qui n’y croyait pas
    L’un court et l’autre a des ailes
    De Bretagne ou du Jura
    Et framboise ou mirabelle
    Le grillon rechantera
    Dites flûte ou violoncelle
    Le double amour qui brûla
    L’alouette et l’hirondelle
    La rose et le réséda

    Louis Aragon, 1944

     

 

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