Mercredi 7 Septembre 2011 :   Arudy > Oloron-Sainte-Marie - 24 km


   Lien avec l'étape sur le site VPPYR



    Et si nous regardions la vie par les interstices de la mort ?
    Sous la chétive pesée de nos regards, le ciel nocturne est là, avec ses profondeurs, 
    creusant nuit et jour de nouveaux abîmes, avec ses étincelants secrets, sa coupole de vertiges. 
    Et nous vivrions dans la terreur de milliards d'épées de Damoclès si nous ne sentions au-dessus 
    de nos têtes l'ordre, la beauté, le calme — et l'indifférence — d'un invulnérable chef-d'oeuvre. 
    L'aérienne, l'élastique architecture du ciel semble d'autant plus faite pour nous rassurer 
    qu'elle n'emprunte rien aux humaines maçonneries. Celles-ci, même toutes neuves, ne songent déjà 
    qu'à leurs ruines. L'édifice céleste est construit pour un temps sans fin ni commencement, 
    pour un espace infini. Et rien n'est plus fait pour nous donner confiance que tout ce grave cérémonial 
    dans l'avance et le rythme des autres, cette suprême dignité, et infaillible sens de la hiérarchie. 
    Etoiles et planètes, gouvernées par l'attraction universelle, 
    gardent leurs distances dans la plus haute sérénité.

    Je crois aux anges musiciens mais je les vois jouer d'un archet muet sur un violon de silence. 
    La plus belle musique — disons Bach — tend elle-même au silence. Jamais elle ne le ride, ne le trouble. 
    Elle se contente de nous en donner des variantes qui s'inscrivent à jamais dans la mémoire.
    Tout ce qu'il y a de grand au monde est rythmé par le silence : 
    la naissance de l'amour, la descente de la grâce, la montée de la sève, la lumière de l'aube
    filtrant par les volets clos dans la demeure des hommes. Et que dire d'une page de Lucrèce, 
    de Dante ou de d'Aubigné, du mutisme bien ordonné de la mise en page et des caractères d'imprimerie. 
    Tout cela ne fait pas plus de bruit que la gravitation des galaxies ni que le double mouvement
    de la Terre autour de son axe et autour du Soleil... 
    Le silence, c'est l'accueil, l'acceptation, le rythme parfaitement intégré. (...)


    Jules Supervielle
      -  Tiré de Prose et proses (Rythmes célestes)

     


    
Après le petit-déjeuner que je prends avec le Père Pierre au Presbytère, sur ses indications,
je prends la départementale 920 sur 4 km pour rejoindre
Buzy et y retrouver le GR78.
(Itinéraire un peu dangereux, car c'est une route avec pas mal de circulation)


L'église Saint-Just de
Ogeu-les-Bains
(Village connu pour son eau minérale gazeuse la plus légère de France.



Ensuite jusqu'à
Herrère, itinéraire campagnard au milieu des champs,
des prairies, avec un beau passage en forêt.

Je suis les balises du GR sur une piste assez large qui indiquent la direction
du Pont du Diable et Oloron Ste Marie.


Dans la forêt, une palombière située au sommet des arbres à plus de 20 m de hauteur.


Je ne sais pas à quel moment (balisage défectueux ou inattention de ma part ?)
mais je me retrouve au milieu d'une étendue de fougères où je ne trouve plus aucune balise.
J'arrive au bord du Gave d'Ossau et prends un sentier dans la mauvaise direction...





Je ferai demi-tour après une demi-heure de marche le long du Gave et je finirai
par retrouver le GR et un peu plus loin le Pont du Diable où je fais une pause-déjeuner.


J'ai mon quart d'heure de folie... personne pour m'écouter...
mais j'ai du plaisir à déclamer quelques poèmes !


J'arrive en vue d'
Oloron Sainte-Marie.


Belle vue d'une partie de la ville à partir du pont sur le Gave d'Ossau.





"Comme du temps de mes pères, les Pyrénées écoutent aux portes
Et je me sens surveillé par leurs rugueuses cohortes
Le gave coule, paupières basses, ne voulant faire de différence
Entre les hommes et les ombres"

(Texte de Jules Supervielle que l'on peut lire gravé sur un rocher au centre-ville)






"Sois heureux un instant. Cet instant c'est ta vie"

Citation de Omar Khayyâm
 


 
La Cathédrale Sainte-Marie d'Oloron.


 

Hébergement à la Halte Saint-Jacques
Relais du Bastet  -  Tél. 06.77.19.82.85
Place de la Résistance  - Oloron-Ste-Marie

3 Coquilles

 


    Comme du temps de mes pères les Pyrénées écoutent aux portes
    Et je me sens surveillé par leurs rugueuses cohortes.
    Le gave coule, paupières basses, ne voulant pas de différence
    Entre les hommes et les ombres,
    Et il passe entre des pierres
    Qui ne craignent pas les siècles
    Mais s’appuient dessus pour rêver.

    C’est la ville de mon père, j’ai affaire un peu partout.
    Je rôde dans les rues et monte des étages n’importe où,
    Ces étages font de moi comme un sentier de montagne,
    J’entre sans frapper dans des chambres que traverse la campagne,
    Les miroirs refont les bois, portent secours aux ruisseaux,
    Je me découvre pris et repris par leurs eaux.
    J’erre sur les toits d’ardoise, je vais en haut de la tour,
    Et, pour rassembler les morts qu’une rumeur effarouche,
    Je suis le battant humain,
    Que ne révèle aucun bruit,
    De la cloche de la nuit,
    Dans le ciel pyrénéen.

    O morts à la démarche dérobée,
    Que nous confondons toujours avec l’immobilité,
    Perdus dans votre sourire comme sous la pluie l’épitaphe,
    Morts aux postures contraintes et gênés par trop d’espace,
    O vous qui venez rôder autour de nos positions,
    C’est nous qui sommes les boiteux tout prêts à tomber sur le front.

    Vous êtes guéris du sang
    De ce sang qui nous assoiffe.

    Vous êtes guéris de voir
    La mer, le ciel et les bois.

    Vous en avez fini avec les lèvres, leurs raisons et leurs baisers,
    Avec nos mains qui nous suivent partout sans nous apaiser,
    Avec les cheveux qui poussent et les ongles qui se cassent,
    Et, derrière le front dur, notre esprit qui se déplace....


    Jules Supervielle  -  "Oloron Ste Marie" (Extrait)

 

  

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