Oh ! la tendresse de ce petit croissant de lune qui jette
sur la nature endormie un pâle reflet et juste en dessous, l'étoile du berger
qui scintille dans une brillance ambrée ... Plus haut dans le ciel, la
constellation d'Orion, le chasseur légendaire, a disposé, bien ordonnés ses
lumignons... Oh ! le doux bruissement de la nuit à peine troublé par le
chant des coqs auxquels répondent quelques aboiements de chiens qui résonnnent au loin...
En regardant la voûte étoilée, comme je me sens petit devant
cet insondable mystère de l'univers...
Je me sens à la fois attiré par cet infini du ciel et en même temps je me sens
comme écrasé par cette immensité...
Cette voûte étoilée, c'est comme si elle allait me tomber dessus et en même
temps elle ouvre une brèche comme pour m'inviter à aller cheminer au milieu des
étoiles...
Bon ! Après mes divagations du matin, je continue ma
pérégrination au cœur de cette région, la Comarca de la Serena qui a reçu sur le plan touristique l'appellation de "El Paraiso de la Diversión".
Dès la sortie de Campanario, j'ai en ligne de mire la
colline en forme de dôme sur laquelle est accroché le pueblo Magacela dominé
par son Castillo. Je traverse des zones désertiques, avec alternance de terres céréalières
labourées et de vastes pâturages... Au fur et à mesure des fluctuations du terrain, des creux et des bosses qui se
succèdent, Magacela apparaît et disparaît. Ici et là on peut voir quelques oliveraies et des vignes, mais ce sont de petites surfaces.
Le soleil s'est levé et fait ressortir la diversité des
couleurs de cette campagne : les bruns, les ocres, les jaunes, les marrons, et
ici et là, les taches vertes des oliviers, des vignes et de quelques chênes... Je passe devant un site fermé à cette heure matinale, le
site archéologique de la Mata.
Je suis maintenant au pied de cette colline et je grimpe
doucement dans la fraîcheur du matin à l'assaut de ce haut-lieu du Camino
Mozarabe. Arrivé au cœur du Pueblo, une halte s'impose au bar ou je reçois les
encouragements de quelques autochtones. Je vais ensuite redescendre dans la vallée en direction de La Haba, terme de
mon étape. Au cours de ces derniers kilomètres, le paysage est plus varié,
campagnard, avec une alternance d'oliviers et d'amandiers, des bâtiments agricoles et
quelques propriétés ou résidences secondaires.
Je retrouve aussi de nombreux figuiers ainsi que quelques grenadiers.
Il y a à La Haba une Auberge (Albergue) toute neuve, je suis le
quatrième pèlerin à m'y arrêter pour la nuit.
Elle est vaste et bien équipée, il y a même une machine à laver et pour la
première fois depuis Almeria je fais une lessive complète que je mettrai à sécher dans le jardin. J'avais le choix entre une chambre seul à 20 euros ou un dortoir à 12 euros. J'ai choisi la chambre, craignant l'arrivée tardive de cyclistes, ce qui n'a pas manqué d'arriver !
Le dîner dans un bar servi à 21h ne mérite aucun commentaire ! Il y a des soirs comme cela où les circonstances vous plongent dans une certaine mélancolie, alors le mieux est d'aller au lit, ce que j'ai fait à 22h !
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