Jeudi 7 Septembre 2017 - Baena > Castro del Rio (20 km)

15ème étape


En  Andalousie il y a 1 400 000 ha d'oliviers
Soit 33% de la surface cultivée au monde...


« Que seulement je fasse de ma vie une chose simple et droite,
pareille à une flûte de roseau que tu puisses emplir de musique. »


Rabindranath Tagore
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L'Offrande Lyrique



 A la sortie de Baena...
 

L'embrasement du ciel au soleil levant...


Les rangées d'oliviers bien alignées...



La palette de couleurs qu'offre le soleil levant...





C'est peu habituel ! Un champ de grenadiers !



Le spectacle ne cesse d'émerveiller !





Le long du Rio Guadajoz...


Décor de désert américain...


Les pépinières d'oliviers...


...à l'approche de la fin d'étape...





Castro del Rio


L'entrée par un patio du bâtiment de la Policia Local





La Iglesia de Madre de Dios



Iglesia Parroquial de Ntra. Sra. de la Asunción


 

 


    Comme chaque matin, il est à peine 6h quand je descends les rues qui mènent de l'Albergue au centre-ville, et là miracle !
    Tous les bars sont ouverts... J'en profite pour boire un cafe con leche et faire le plein d'eau avec des glaçons pour mettre
    dans la poche à l'intérieur du sac...La sortie de la ville est facile, bien balisée et me mène dans la campagne en suivant
    une petite route pendant 2 à 3km. C'est tranquille, la nuit est belle, la lune haut dans le ciel... Je me laisse imprégner par
    les bruits et les senteurs de ce moment de rupture entre la nuit et le jour qui annonce l'éclosion d'une aube prochaine...

    Et alors devinez quoi ?... Je marche au milieu des oliviers toujours aussi nombreux qui sont devenus comme des
    compagnons de Chemin... Une complicité s'est établie entre nous..
    Je les vois comme les gardiens séculaires de ces pistes que les pèlerins foulent de leurs pas bien rythmés...
    Et la lune là-haut est le témoin de cette alliance entre le pèlerin et l'olivier...

    La particularité de cette étape, c'est qu'elle est vallonnée, sans dénivelés importants, plutôt en pente douce et elle offre
    ainsi en contraste avec les jours précédents une certaine douceur, un charme, comme une caresse...
    Et pour en rajouter, le soleil levant joue à l'artiste en déployant une palette de couleurs qui me ravit et me dégage de ces incertitudes dans lesquelles le Chemin parfois vous plonge...
    "Incertitude ô mes délices, vous et moi nous nous en allons, comme s'en vont les écrevisses, à reculons, à reculons..."
    (
    Apollinaire


    Je passerai sur le déroulement de l'étape, pistes, routes, une ballade champêtre au milieu des ces millions d'oliviers..
    Jamais je n'aurais cru en voir autant ! Cette région est le grenier à huile de l'Europe !
    Les terres des plantations d'oliviers sont de différentes couleurs, il y a des terres blanches, d'autres plutôt ocres ou
    brunes, marrons, bistres et parfois une teinte qui tire sur le rouge...
    Dans quelque direction que se porte le regard, on ne voit que des oliviers, dans les vallons, sur les collines et même
    sur les sommets des petites montagnes...

    Je pensais trouver un pueblo à mi-étape, mais Izcar mentionné dans le guide de Gérard du Camino n'est qu'un lieu-dit...
    Heureusement j'ai emporté assez d'eau et je marche à une bonne allure, aussi j'espère arriver à  l'étape avant la chaleur
    du début d'après-midi qui est alors difficile à supporter...

    Quelques kilomètres avant d'arriver, je fais une pause au bord du rio Guadajoz pour rafraîchir les pieds...
    A ce sujet, j'ai bien frictionné mes pieds avec cette huile de Rose Musquée achetée hier, et avec les nouvelles semelles
    du Dr Scholl, je me suis senti depuis le départ de l'étape super bien dans mes chaussures et c'est fou comme
    on se sent mieux quand les pieds vont bien et comme la marche est plus aisée et plus rapide...

    Je passe devant plusieurs pépinières d'oliviers et arrivé à Castro del Rio, je vais boire la cerveza de rigueur au bar sur
    la Plaza San Fernando, moment d'extase, puis je passe à la Policia Local prendre les clés de l'Albergue qui est assez

    proche du centre.

    Bon, le programme suivant est identique à celui des jours précédents, à savoir : Douche, lavage du linge, repos,
    puis écriture du texte et transfert des photos de mon appareil Lumix vers mon smartphone pour publier dans la
    soirée mon topo du jour sur FaceBook. Ensuite, je m'installe au Bar où je bois un Tinto de Verano et où l'on me
    sert un bon dîner pour 10 euros !

    De retour à l'Albergue, alors que je suis sur le point de me coucher, j'entends la porte d'entrée s'ouvrir...
    C'est un jeune pèlerin Lithuanien qui arrive...Il est 23 h ! Je l'accueille et lui montre le dortoir qui est libre
    où il peut s'installer...Puis nous nous souhaitons mutuellement une bonne nuit ! (Qui ne sera pas très bonne, car il fait
    chaud et je dois plusieurs fois me lever pour prendre une douche froide afin de me rafraîchir !)

     

 

Hébergement à l'Auberge (Albergue) Municipale - C/Colegio 7
La clé est à récupérer à la Policia Local - Tél. 957 372 377 - Donativo
Il ya 2 dortoirs, une salle d'eau, une courette pour le linge, un réfrigérateur
3 coquilles




La Virgen de la Salud, Patronne de Castro del Rio
 



    Je peux écrire les vers les plus tristes cette nuit.


    Écrire, par exemple: "La nuit est étoilée
    et les astres d'azur tremblent dans le lointain."


    Le vent de la nuit tourne dans le ciel et chante.


    Je puis écrire les vers les plus tristes cette nuit.
    Je l'aimais, et parfois elle aussi elle m'aima.


    Les nuits comme cette nuit, je l'avais entre mes bras.
    Je l'embrassai tant de fois sous le ciel, ciel infini.


    Elle m'aima, et parfois moi aussi je l'ai aimée.
    Comment n'aimerait-on pas ses grands yeux fixes.


    Je peux écrire les vers les plus tristes cette nuit.
    Penser que je ne l'ai pas. Regretter l'avoir perdue.


    Entendre la nuit immense, et plus immense sans elle.
    Et le vers tombe dans l'âme comme la rosée dans l'herbe.


    Qu'importe que mon amour n'ait pas pu la retenir.
    La nuit est pleine d'étoiles, elle n'est pas avec moi.


    Voilà tout. Au loin on chante. C'est au loin.
    Et mon âme est mécontente parce que je l'ai perdue.


    Comme pour la rapprocher, c'est mon regard qui la cherche.
    Et mon coeur aussi la cherche, elle n'est pas avec moi.


    Et c'est bien la même nuit qui blanchit les mêmes arbres.
    Mais nous autres, ceux d'alors, nous ne sommes plus les mêmes.


    Je ne l'aime plus, c'est vrai. Pourtant, combien je l'aimais.
    Ma voix appelait le vent pour aller à son oreille.


    A un autre. A un autre elle sera. Ainsi qu'avant mes baisers.
    Avec sa voix, son corps clair. Avec ses yeux infinis.


    Je ne l'aime plus, c'est vrai, pourtant, peut-être je l'aime.
    Il est si bref l'amour et l'oubli est si long.


    C'était en des nuits pareilles, je l'avais entre mes bras
    et mon âme est mécontente parce que je l'ai perdue.


    Même si cette douleur est la dernière par elle
    et même si ce poème est les derniers vers pour elle.



    Puedo escribir los versos mas tristes esta noche. 

    Escribir, por ejemplo: "La noche esta estrellada, y 
    tiritan, azules, los astros, a lo lejos". 

    El viento de la noche gira en el cielo y canta. 

    Puedo escribir los versos mas tristes esta noche. 
    Yo la quise, y a veces ella también me quiso. 

    En las noches como esta la tuve entre mis brazos. 
    La bese tantas veces bajo el cielo infinito. 

    Ella me quiso, a veces yo también la quería. 
    Como no haber amado sus grandes ojos fijos. 

    Puedo escribir los versos mas tristes esta noche. 
    Pensar que no la tengo. Sentir que la he perdido. 

    Oír la noche inmensa, mas inmensa sin ella. 
    Y el verso cae al alma como al pasto el rocío. 

    Que importa que mi amor no pudiera guardarla. 
    La noche esta estrellada y ella no esta conmigo. 

    Eso es todo. A lo lejos alguien canta. A lo lejos. 
    Mi alma no se contenta con haberla perdido. 

    Como para acercarla mi mirada la busca. 
    Mi corazón la busca, y ella no esta conmigo. 

    La misma noche que hace blanquear los mismos arboles. 
    Nosotros, los de entonces, ya no somos los mismos. 

    Ya no la quiero, es cierto, pero cuanto la quise.
    Mi voz buscaba el viento para tocar su oído. 

    De otro. Será de otro. Como antes de mis besos. 
    Su voz, su cuerpo claro. Sus ojos infinitos. 

    Ya no la quiero, es cierto, pero tal vez la quiero. 
    Es tan corto el amor, y es tan largo el olvido. 

    Porque en noches como esta la tuve entre mis brazos,
    mi alma no se contenta con haberla perdido. 

    Aunque este sea el ultimo dolor que ella me causa, 
    y estos sean los últimos versos que yo le escribo. 


    Pablo Neruda – Vingt Poèmes d’Amour (XX)
     


 
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