Je quitte la Hospederia Zacatin à 6h. Grâce aux indications du guide de Gérard du Camino, je trouve assez facilement la sortie de la ville. Pour commencer, il y a une bonne descente sur une route goudronnée puis sur un chemin pierreux. J'aperçois la lune presque pleine qui disparaît peu à peu derrière les collines, une lune orangée accompagnée du scintillement des milliards d'étoiles ce qui me rappelle ces vers de Rimbaud : "Mes
étoiles au ciel avaient un doux frou-frou et je les écoutais assis au bord des
routes ces bons soirs de septembre où je sentais des gouttes de rosée à mon
front comme un vin de vigueur..."
J'arrive ensuite sur une longue piste montante au milieu des oliviers jusqu'à une croix blanche qui est le point haut. Le jour se lève et apparaissent à l'horizon les premières lueurs rosées de l'aube...
J'ai marché 3 kilomètres depuis 1 heure...c'est un rythme matinal qu'il va falloir un peu augmenter ! Ensuite ce sont de longues pistes au milieu des oliveraies, quelques passages sur
les carreteras, et encore les pistes qui ne finissent jamais, l'occasion de me
remémorer tous les poèmes appris au cours des années passées...
A un moment, je ne vois plus de balises et je décide de pousuivre en empruntant le bas-côté de la N432 pendant 4 kilomètres jusqu'au seul pueblo traversé, Ventas del Carrizal. Je fais le tour du village
avant de trouver un bar ouvert où je vais me déchausser pour rafraîchir les pieds, boire un coca accompagné d'une tranche de pain à la tomate avec du jambon et faire le plein d'eau fraîche et de
glaçons...
Il reste 11 kilomètres que je vais parcourir sur une longue piste agricole légèrement en montée sous un soleil de feu qui m'oblige à installer mon parapluie/parasol... Je ne peux alors que m'abandonner à la chaleur du Chemin avec
comme seul horizon oliviers, oliviers et oliviers... Un temps pour lâcher prise et
laisser de côté toute réflexion existentielle... Être simplement une tête, un
corps, des jambes et des pieds et avancer coûte que coûte...
Les derniers kilomètres me paraissent bien longs, je suis épuisé et comme j'arrive à l'entrée d'Alcaudete, je suis bien récompensé, car il y a une fontaine où je peux me rafraîchir avant d'entrer dans la ville. Je demande à une dame où se trouve la calle Carreta pour aller à mon hébergement. Avec gentillesse elle me propose de m'y conduire en voiture... Ainsi elle m'épargne 1 à 2 km de la traversée de cette ville assez étendue...
C'est comme cela que j'arrive chez Peter, un anglais expatrié dans cette cité andalouse et son accueil est
un bon réconfort. En fin d'après-midi nous allons partager quelques bières, faire
le tour du Castillo qui domine la ville et terminer la soirée autour d'un dîner
dans un petit bar du centre historique de cette charmante cité... Sans oublier
un chupito de Orujo de Hierbas !
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