Petite ballade des trois rivières
Le fleuve Guadalquivir Va d'orangers en oliviers. Les deux rivières de Grenade coulent de la neige au blé.
Ah, l'amour Qui s'en fut sans retour !
Le fleuve Guadalquivir porte une barbe grenat. Les deux rivières de Grenade, l'une du sang, l'autre des larmes.
Ah, l'amour Qui s'en fut dans les airs !
Pour les navires à voile Séville ouvre des chemins. Mais sur les flots de Grenade ne rament que les soupirs.
Ah, l'amour Qui s'en fut sans retour !
Guadalquivir, haute tour, vent dans les orangeraies. Dauro et Génil, tourelles mortes sur les bassins.
Ah, l'amour Qui s'en fut dans les airs !
Qui dira que l'eau entraîne un feu follet de cris !
Ah, l'amour Qui s'en fut sans retour !
Porte tes fleurs d'oranger, tes olives, Andalousie, jusqu'à tes mers.
Ah, l'amour Qui s'en fut dans les airs !
Federico Garcia Lorca
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Baladilla de los tres rios
El río Guadalquivir
va entre naranjos y olivos.
Los dos ríos de Granada
bajan de la nieve al trigo.
¡Ay, amor
que se fue y no vino!
El río Guadalquivir
tiene las barbas granates.
Los dos ríos de Granada
uno llanto y otro sangre.
¡Ay, amor
que se fue por el aire!
Para los barcos de vela,
Sevilla tiene un camino;
por el agua de Granada
sólo reman los suspiros.
¡Ay, amor
que se fue y no vino!
Guadalquivir, alta torre
y viento en los naranjales.
Dauro y Genil, torrecillas
muertas sobre los estanques,
¡Ay, amor
que se fue por el aire!
¡Quién dirá que el agua lleva
un fuego fatuo de gritos!
¡Ay, amor
que se fue y no vino!
Lleva azahar, lleva olivas,
Andalucía, a tus mares.
¡Ay, amor
que se fue por el aire!
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