Mercredi 30 Août 2017 - Guadix > La Peza (22 km)

7ème étape


Carcaves de Marchal et Baños de Graena...
 

« Frère, nul n’est éternel et rien ne dure. Frère, garde ceci dans ton cœur et réjouis-toi. »

Rabindranath Tagore - Le jardinier d’amour




 Guadix, installée sur un immense haut plateau, se trouve à l’Est de Grenade. Formée par la ville de Guadix
et les villages qui l’entourent, cette zone profite d’un très riche patrimoine archéologique et historique.
Des paysages contrastés entre les versants qui annoncent la Sierra Nevada et le paysage lunaire des Montes Orientales,
parmi les tonalités rougeâtres de la Hoya de Guadix et les vertes vallées des rivières qui baignent la région.


La zone sur laquelle se trouve Guadix a été habitée depuis la préhistoire, et c’est une des colonies humaines
les plus anciennes d’Espagne. On a trouvé des restes de Neandertal, du Paléolithique Supérieur et de l’Âge des Métaux.
Les phéniciens et les carthaginois l’appelèrent Acci d’où dérive le nom actuel ” Guadix “.
Ce fut une importante colonie romaine au bord de la Voie Auguste.
Jules César même l’éleva en colonie en 45 avant J.C. et l’appela Julia Gemela Acci.





Celle-là, on ne peut pas la manquer...



Passage dans un défilé rocheux assez impressionnant !






Des habitats troglodytes transformés en habitations contemporaines...







                                                         
Ici et là on peut lire quelques textes de poètes locaux...



Marchal



Quelques exemples de ces habitations troglodytes...














Le panorama de tous les côtés est spectaculaire...


Une vue de Marchal blotti au pied de ces murs de roche...


Ermita de las Animas Benditas



Là, je suis dans l'émerveillement devant la beauté sauvage que m'offre cet environnement...








La petite route pour finir l'étape qui mène à La Peza...


Le parapluie/parasol est resté sur le sac, car aujourd'hui la chaleur était moindre,
mais j'ai failli quand même l'installer quand j'ai reçu quelques gouttes de pluie...


Encore un panorama superbe !


Et c'est l'arrivée sur La Peza


Les champs d'oliviers dans la campagne environnante...





La Iglesia de La Peza


 
La Peza
 



    Je quitte mon hébergement à 6h. La traversée de Guadix est assez longue (2km), mais heureusement bien balisée.
    J'arrive ensuite sur un chemin bordé d'oliviers et de petites propriétés campagnardes. Il fait nuit, les chiens aboient
    tout le long de mon parcours...Je débouche alors sur un vaste espace dominé par ces rochers aux formes sculptées
    par l'érosion faite par les mers anciennes dans lesquels nos ancêtres lointains avaient élu domicile dans des habitats
    sommaires qu'on appelle aujourd'hui maisons troglodytes et qui offrent tout le confort...

    Je traverse une forêt de pins en suivant un chemin de terre qui serpente au milieu des conifères et qui mène à un défilé
    étroit au milieu de masses rocheuses aux formes coniques, arrondies ou déchiquetées qui font penser à ce que l'on peut
    voir quand on traverse le Val d'Enfer au pied des Baux de Provence. C'est un itinéraire qui offre un panorama saisissant
    qui me fait alors me ressouvenir d'un poème de Rainer Maria Rilke "Le Livre de la Pauvreté et de la Mort" dont voici les
    2 premières strophes :

    Je suis peut-être enfoui au sein des montagnes,
    solitaire comme une veine de métal pur ;
    je suis perdu dans un abîme illimité,
    dans une nuit profonde et sans horizon .
    Tout vient à moi, m'enserre et se fait pierre .

    Je ne sais pas encore souffrir comme il faudrait,
    et cette grande nuit me fait peur ;
    mais si c'est là ta nuit, qu'elle me soit pesante, 
    qu'elle m'écrase, que toute ta main soit
    sur
    moi,
    et que je me perde en toi dans un cri .

    J'arrive au premier pueblo Purullena à l'entrée duquel se trouve un site avec un mirador pour contempler La Sierra Nevada
    et la visite d'une grotte typique "La Immaculada", mais à cette heure matinale le site est fermé; je vais alors dans un bar
    où je commande un cafe con leche et une tranche de pain à la tomate avec du jambon (Pour 1 € 80). Après un temps de repos,
    rafraîchissement des pieds et le plein d'eau fraîche, je passe à l'Ayuntaminto faire tamponner ma Credenciale et je prends
    alors une petite route bordée d'oliviers qui me conduit tout droit à cet étonnant pueblo qu'est Marchal.

    Le site est exceptionnel avec ses formations d'argile ou "Carcavas" et ses monuments rocheux travaillés au cours des
    siècles par l'érosion au pied desquels se blottissent de belles habitations. Les photos ci-dessus parlent d'elles-même !!

    Je suis alors dépassé par un pèlerin espagnol qui fait des étapes de 40 à 60 km, c'est sans doute celui qui est venu tard
    dans la nuit dormir à l'Albergue-Palais à Guadix !

    Il y a ensuite une petite route qui grimpe tranquillement toujours au milieu de ces amas rocheux pour rejoindre le
    prochain pueblo 
    qui est constitué par les localités de Cortes, Graena, Lopera et Los Baños, toutes situées sur la face
    nord de la Sierra Nevada et encadrées par un spectaculaire paysage montagneux, qui comprennent deux grands attraits
    touristiques, les maisons–grottes et la station balnéaire thermale de Baños de Graena, dont les eaux furent reconnues internationalement à l’Exposition Universelle de Paris de 1900. Son parcours devient une promenade à travers l’histoire
    de l’Âge du Bronze jusqu'à la colonie arabe, en passant par l’époque romaine.


    Il y a des hôtels, des restaurants et des bars plus que ce que le pèlerin peut souhaiter ! Puis je me retrouve bientôt sur
    une route au milieu des vignes dans lesquelles on peut apercevoir des groupes d'hommes et de femmes en train de
    vendanger. La route se transforme alors en un chemin terreux, caillouteux qui semble bien être un rio quand les pluies
    sont abondantes...
    Et pour finir l'étape, c'est une petite route que je vais suivre jusqu'à La Peza au milieu d'un décor somptueux !
    Les derniers kilomètres offrent des panoramas spectaculaires et comme pour bien épuiser le pèlerin, se succèdent alors
    une longue montée suivie d'une longue descente pour arriver au terme de l'étape qui restera comme sans doute l'une
    des plus belles de ce Camino !

    Comme j'arrive devant l'Ayuntamiento de ce pueblo, il se met à pleuvoir. Je téléphone à Célia, la maire du village
    qui vient avec son parapluie pour m'emmener à l'Albergue Municipale.

     

 

Hébergement à l'Albergue Municipale située à l'étage d'un bâtiment associatif.
Tél. à l'Ayuntamiento avant 15h : 958 674 151 ou Célia : 608 120 123
4 petits dortoirs, 2 salles d'eau (WC-Douches)
Au RDC il y a une grande cuisine où j'ai pu préparer mon petit déjeuner
et mettre de l'eau dans le réfrigérateur pour l'étape suivante.
Malheureusement, les locaux ne sont pas bien entretenus...
2 coquilles




 Une superbe étape avec des reliefs étonnants, de superbes contrastes de couleurs...
On est toujours dans les contreforts de la Sierra Nevada !
 

 


    Casida de la femme couchée

    Te voir nue, c’est se rappeler la Terre,
    la Terre lisse et vierge de chevaux,
    la Terre sans aucun jonc, forme pure,
    fermée à l’avenir : confins d’argent.

    Te voir nue, c’est comprendre le désir
    de la pluie cherchant la fragile tige,
    la fièvre de la mer au visage immense
    sans trouver l’éclat de sa joue.

    Le sang sonnera au fond des alcôves
    et viendra tenant son fer fulgurant,
    mais toi tu ne sauras pas où se cachent
    le cœur de crapaud ou la violette.

    Ton ventre est une mêlée  de racines,
    tes lèvres sont une aube sans contour.
    Sous les roses tièdes de ton lit
    gémissent les morts, attendant leur tour.



    Casida de la mujer tendida

    Verte desnuda es recordar la Tierra. 
    La Tierra lisa, limpia de caballos. 
    La Tierra sin un junco, forma pura 
    cerrada al porvenir: confín de plata.

    Verte desnuda es comprender el ansia 
    de la lluvia que busca débil talle 
    o la fiebre del mar de inmenso rostro 
    sin encontrar la luz de su mejilla.

    La sangre sonará por las alcobas 
    y vendrá con espada fulgurante, 
    pero tú no sabrás dónde se ocultan 
    el corazón de sapo o la violeta.

    Tu vientre es una lucha de raíces, 
    tus labios son un alba sin contorno, 
    bajo las rosas tibias de la cama 
    los muertos gimen esperando turno.


    Federico Garcia Lorca - Divan du Tamarit
     


 
Etape suivante 

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