Dimanche 25 Septembre 2016 : Baamonde > Miraz > Roxica    26 km

Etape 35 /38


    Le Vaisseau d’or


    Ce fut un grand Vaisseau taillé dans l'or massif 

    Ses mâts touchaient l'azur, sur des mers inconnues ;
    La Cyprine d'amour, cheveux épars, chairs nues. 
    S'étalait à sa proue, au soleil excessif.

    Mais il vint une nuit frapper le grand écueil 
    Dans l'Océan trompeur où chantait la Sirène, 
    Et le naufrage horrible inclina sa carène
    Aux profondeurs du Gouffre, immuable cercueil.

    Ce fut un Vaisseau d'Or, dont les flancs diaphanes 
    Révélaient des trésors que les marins profanes, 
    Dégoût, Haine et Névrose, entre eux ont disputés.


    Que reste-t-il de lui dans la tempête brève ? 
    Qu'est devenu mon cœur, navire déserté ? 
    Hélas ! Il a sombré dans l'abîme du Rêve !

    Emile Nelligan
     


Le sage ne dit pas ce qu'il sait, le sot ne sait pas ce qu'il dit
Sagesse turque



                                              

Marcher en fin de nuit, c'est un peu comme prier à l'Office des Laudes...



La nature s'éveille et se colore des premières lueurs de l'aube






La lune joue à cache-cache au milieu des arbres...


...et moi, je vis ce moment dans une grande paix intérieure...


Chemin qui s'enfonce comme dans un tunnel


Fontaine et abreuvoirs



La magie d'une belle nature sous les premiers rayons du soleil





J'ai dépassé les derniers 100 km !



Miraz

                                         



La Torre de Miraz

                                         
Les beaux arbres qui jalonnent le Chemin


    Sonnet pour un cheval

    Quelques pas, un saut et il s’élève au Firmament
    Merveilleux être de lumière divine
    Fils élu de cette Nature Sublîme
    Alchimie organique des quatre éléments

    Cheval tu es le Feu qui fait brûler le vent
    Le souffle d’Air de la Beauté Parfaite
    L’animal de la Terre au profil d’Athlète
    qui comme l’Eau, coule au gré du Temps

    Pégase de la Nuit je suis Bellaphoron
    Pur Sang inaccessible et Roi comme le Lion
    Cheval tu tiens dans ton coeur le monde

    Etalon de légende, passion céleste de Chine
    Puissant comme Perceval, Hercule ou bien Odin
    Tu es l’Universel, tu propages le Bien

    Winston Perez, 2009
     




J'arrive sur cette lande sauvage avec ces amas rocheux qui se mirent dans de petites étendues d'eau...





Où aller ?


Balise, sac et bâtons...


Les grands espaces, où je peux déclamer à tue-tête ! 


Les vaches paisibles...

                                        
Les pèlerines Québecoises (La fille et la mère)


    Je quitte l'Albergue à 6h en passant par une fenêtre, car les portes sont fermées ! Il fait nuit, le ciel est clair.

    Je marche 2 kilomètres le long d'une petite route puis je me retrouve au milieu d'une forêt dans le grand
    silence de la nuit... Le dernier quartier de lune joue à cache-cache au milieu des frondaisons des grands
    arbres et le ciel est constellé d'étoiles...J'apprécie de marcher à ce moment de la nuit juste avant les
    premières lueurs de l'aube.

    Je traverse plusieurs hameaux en suivant des petites routes, mais jusqu'à Miraz, la plus grande partie de
    l'itinéraire se fait au milieu de forêts de pins et d'eucalyptus. Un peu avant Miraz, je trouve un bar ouvert
    aussi j'en profite pour faire une pause et prendre un bon petit-déjeuner, cafe con leche avec des tartines
    de beurre et de la confiture.

    Ensuite, le décor change. Je grimpe sur un plateau en suivant des pistes qui s'étirent au milieu d'une
    lande couverte de fougères et de genêts, et par endroits il y a des rochers rasants qui jalonnent le chemin.
    Le temps est beau, le soleil a émergé de derrière les grands arbres et je n'ai pas eu de brouillard.
    L'itinéraire est agréable, même lorsqu'il emprunte une route peu circulante (LU-P-2119).

    J'arrive à 13h à l'Albergue Casa Roxica où je reçois un bon accueil. Je commence par me restaurer avec
    ce que me propose mon hôtesse, à savoir des tartines de beurre, du jambon, du vin rouge et une tarte
    de Santiago (Le tout pour 3,50 euros). J'ai l'après-midi devant moi pour mettre à jour mon carnet,
    trier mes photos et envoyer sur FB et sur le site de l'Association des textes et des photos...

    Le soir à 19h30, nous sommes 5 à partager le dîner servi par notre hôtesse. Il y a Marie-Lu, un Espagnol
    et les deux Québecoises (Mère et Fille) que j'ai rencontrées les jours précédents...
     

 

Pèlerin ! Aujourd'hui s'est levée la Lumière...
 

 


Hébergement à l'Albergue Casa Roxica (Hors Chemin)

Située près de Mantelle - Tél. 630 487 008
10 lits - Bon accueil et lieu agréable
19 Euros pour la nuit et le dîner
 (4 coquilles)




    Prière du soir


    Lorsque tout bruit était muet dans la maison,

    Et que mes sœurs dormaient dans des poses lassées
    Aux fauteuils anciens d'aïeules trépassées,
    Et que rien ne troublait le tacite frisson,

    Ma mère descendait à pas doux de sa chambre ;
    Et, s'asseyant devant le clavier noir et blanc,
    Ses doigts faisaient surgir de l'ivoire tremblant
    La musique mêlée aux lunes de septembre.

    Moi, j'écoutais, cœur dans la peine et les regrets,
    Laissant errer mes yeux vagues sur le Bruxelles,
    Ou, dispersant mon rêve en noires étincelles,
    Les levant pour scruter l'énigme des portraits.

    Et cependant que tout allait en somnolence
    Et que montaient les sons mélancoliquement,
    Au milieu du tic-tac du vieux Saxe allemand,
    seuls bruits intermittents qui coupaient le silence,

    La nuit s'appropriait peu à peu les rideaux
    Avec des frissons noirs à toutes les croisées,
    Par ces soirs, et malgré les bûches embrasées,
    Comme nous nous sentions soudain du froid au dos !

    L'horloge chuchotant minuit au deuil des lampes,
    Mes sœurs se réveillaient pour regagner leur lit,
    Yeux mi-clos, chevelure éparse, front pâli,
    Sous l'assoupissement qui leur frôlait les tempes;

    Mais au salon empli de lunaires reflets.
    Avant de remonter pour le calme nocturne,
    C'était comme une attente inerte et taciturne,
    Puis, brusque, un cliquetis d'argent de chapelets...

    Et pendant que de Liszt les sonates étranges
    Lentement achevaient de s'endormir en nous,
    La famille faisait la prière à genoux
    Sous le lointain écho du clavecin des anges.


    Emile Nelligan

     

 

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