Lundi 12 Septembre 2016 : Pajares > Pola de Lena   (25 km)

Etape 23 /38


    J'ai plus de souvenirs que si j'avais mille ans

    J'ai plus de souvenirs que si j'avais mille ans.

    Un gros meuble à tiroirs encombré de bilans, 
    De vers, de billets doux, de procès, de romances, 
    Avec de lourds cheveux roulés dans des quittances, 
    Cache moins de secrets que mon triste cerveau. 
    C'est une pyramide, un immense caveau, 
    Qui contient plus de morts que la fosse commune. 
    - Je suis un cimetière abhorré de la lune, 
    Où comme des remords se traînent de longs vers 
    Qui s'acharnent toujours sur mes morts les plus chers. 
    Je suis un vieux boudoir plein de roses fanées, 
    Où gît tout un fouillis de modes surannées, 
    Où les pastels plaintifs et les pâles Boucher, 
    Seuls, respirent l'odeur d'un flacon débouché.

    Rien n'égale en longueur les boiteuses journées, 
    Quand sous les lourds flocons des neigeuses années 
    L'ennui, fruit de la morne incuriosité, 
    Prend les proportions de l'immortalité. 
    - Désormais tu n'es plus, ô matière vivante ! 
    Qu'un granit entouré d'une vague épouvante, 
    Assoupi dans le fond d'un Sahara brumeux ; 
    Un vieux sphinx ignoré du monde insoucieux, 
    Oublié sur la carte, et dont l'humeur farouche 
    Ne chante qu'aux
    rayons du soleil qui se couche.

    Charles Baudelaire
     


    "Légère, limpide : l'amour n'assombrit pas ce qu'il aime. 
    Il ne l'assombrit pas parce qu'il ne cherche pas à le prendre. 
    Il le touche sans le prendre. Il le laisse aller et venir. 
    Il le regarde s'éloigner, d'un pas si fin qu'on ne l'entend pas mourir :
    éloge du peu, louange du faible. 
    L'amour s'en vient, l'amour s'en va. 
    Toujours à son heure, jamais à la vôtre".
    Christian Bobin

 



 

          
La iglesia de San Miguel del Rio


Une pèlerine égarée...

  
La Fuente de Santa Marina

   
La Iglesia de Santa Marina


Jolis sentiers dans la verdure...


Bougre d'âne qui ne voulait pas me laisser passer !



Derniers regards sur la chaîne des montagnes que j'ai traversées hier et avant-hier...








La Iglesia de Llanos de Someron


Les sentiers comme je les aime !


Encore une barre rocheuse que j'aurai en point de mire tout au long de l'étape !


La route au fond de la vallée que je rejoindrai en fin d'étape


L'ombre est bien appréciable !


Ces beaux sous-bois qui jalonnent une bonne partie du parcours...

   
Chapelle et Fontaine San Miguel


Le Chemin est parfois à découvert...


...parfois en forêt...



...où les troncs d'arbres sont étrangement sculptés !


L'Ermita Santa Cristina de Lena


Je suis toujours interpellé par la beauté d'un cheval !


Dans une sidreria le geste habituel du serveur...

Pola de Lena
 (Altitude 320 m)


    Je quitte l'Albergue à 7h15. Les Espagnols et le Canadien sont partis devant moi. L'itinéraire commence

    par une pente assez raide en suivant un sentier bien balisé. J'ai ma lampe frontale, car le jour est à peine
    levé.
    La descente un peu accidentée m'emmène jusqu'à San Miguel petit hameau endormi dans la vallée...
    (260 m de dénivelé sur 1,5 km)
    Une Espagnole du groupe s'est tordu la cheville dans la descente et va rallier Pola de Lena en voiture.
    Pause à San Miguel avant de remonter vers Santa Marina et Llanos de Someron par des entiers champêtres
    tantôt à travers des forêts de châtaigniers, de noyers et de hêtres, tantôt à découvert au milieu des prés.
    C'est un parcours agréable mais assez physique, car il y a
    de nombreux petits dénivelés qui s'enchaînent !...

    Arrivé au point haut de cette étape (853 m), je prends une route goudronnée qui descend tranquillement
    jusqu'au Puente de los Fierros (525 m). Là, je fais une pause pour rafraîchir les pieds, manger une barre de
    céréales et prendre un peu de repos...Arrive alors le couple de Majorque à qui j'indique la bonne direction
    à prendre car la pente naturelle incitait à aller tout droit, mais non, il faut reprendre un peu de hauteur !
    Je les retrouve un peu plus loin, allongés dans un pré...Ils m'offrent une galette majorquine et un morceau
    de fromage. A nouveau un sentier qui grimpe jusqu'au prochain hameau. Puis traversée de pâturages
    avec des passages très étroits entre les clôtures qui obligent à enlever le sac pour passer.

    C'est vraiment un beau chemin, avec de magnifiques parcours en forêt et une succession de bosses,
    qui remonte jusqu'à 700m et ensuite il n'y a plus que de la descente avec une nouvelle halte à la Fuente
    San Miguel où je remplis ma gourde d'eau fraîche.

    La pente est très raide et périlleuse jusqu'à Campomanes (380 m) où je m'arrête dans un bar boire un Coca,
    manger quelques tapas et prendre de l'eau et des glaçons, car il reste encore 8 kilomètres à parcourir et
    il fait une bonne chaleur !

    Entre ce pueblo et la fin de l'étape, le parcours est agréable en suivant un Paseo le long du Rio Lena.
    Il y a un détour avec une côte un peu raide pour passer le long de l'Ermita  Santa Cristina de Lena,
    que je ne peux admirer que de l'extérieur et je finis cette étape le long de petites routes qui me
    conduisent à Pola de Lena où je suis les flèches pour trouver l'Albergue.

    En soirée, comme il se doit dans cette bourgade asturienne, je sacrifie au rite du versement du cidre
    dans une sidreria et je finis par un dîner en compagnie de compagnons espagnols.
     

 

Mes compagnons espagnols
 

 


Hébergement à l'Albergue de Peregrinos San Martin de Pola de Lena
C/Ramon y Cajal - Tél. 985 49 22 47
Dortoir au 1er étage d'un grand bâtiment
Ouverte toute l'année - Prix 7 euros
32 lits avec étages -

(3 coquilles)
 



    Ô mes lettres d'amour


                                                Oh primavera ! gioventù dell' anno !
                                                Oh gioventù, primavera della vita !


    Ô mes lettres d'amour, de vertu, de jeunesse, 
    C'est donc vous ! Je m'enivre encore à votre ivresse ; 
    Je vous lis à genoux. 
    Souffrez que pour un jour je reprenne votre âge ! 
    Laissez-moi me cacher, moi, l'heureux et le sage, 
    Pour pleurer avec vous !

    J'avais donc dix-huit ans ! j'étais donc plein de songes ! 
    L'espérance en chantant me berçait de mensonges. 
    Un astre m'avait lui ! 
    J'étais un dieu pour toi qu'en mon cœur seul je nomme ! 
    J'étais donc cet enfant, hélas ! devant qui l'homme 
    Rougit presque aujourd'hui !

    Ô temps de rêverie, et de force, et de grâce ! 
    Attendre tous les soirs une robe qui passe ! 
    Baiser un gant jeté ! 
    Vouloir tout de la vie, amour, puissance et gloire ! 
    Etre pur, être fier, être sublime, et croire 
    À toute pureté !

    À présent, j'ai senti, j'ai vu, je sais. – Qu'importe 
    Si moins d'illusions viennent ouvrir ma porte 
    Qui gémit en tournant ! 
    Oh ! que cet âge ardent, qui me semblait si sombre, 
    À côté du bonheur qui m'abrite à son ombre, 
    Rayonne maintenant !

    Que vous ai-je donc fait, ô mes jeunes années, 
    Pour m'avoir fui si vite, et vous être éloignées, 
    Me croyant satisfait ? 
    Hélas ! pour revenir m'apparaître si belles, 
    Quand vous ne pouvez plus me prendre sur vos ailes, 
    Que vous ai-je donc fait ?

    Oh ! quand ce doux passé, quand cet âge sans tache, 
    Avec sa robe blanche où notre amour s'attache, 
    Revient dans nos chemins, 
    On s'y suspend, et puis que de larmes amères 
    Sur les lambeaux flétris de vos jeunes chimères 
    Qui vous restent aux mains !

    Oublions ! oublions ! Quand la jeunesse est morte, 
    Laissons-nous emporter par le vent qui l'emporte 
    À l'horizon obscur. 
    Rien ne reste de nous ; notre œuvre est un problème. 
    L'homme, fantôme errant, passe sans laisser même 
    Son ombre sur le mur !

    Victor Hugo
     

 

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