Dimanche 4 Septembre 2016 : Cuenca de Campos > Santervas de Campos  (20 km)

Etape 15 /38


    Sarah, voluptueuse et rousse, charme les serpents : dans sa tunique de satin vert constellé de verroterie,
    elle appelle lascivement les étreintes larges et molles, intenses et lentes et persuasives.
    Le tambourin nasille sur d'étranges rythmes, de plus étranges motifs selon les paresseux enveloppements
    des boas engourdis et des tendres pythons.

    Et les quinquets encrassent l'atmosphère crapuleuse de la baraque en planches : des odeurs stagnent,
    senteurs des chairs moites et chaudes, parfums d'aisselles trempées, de toisons prostituées à toutes
    les luxures, parfums violents où se définit l'infecte puissance des muscs et des cambouis...
    La flamme des lampes est lourde et char­nellement triste. Et tous sont là : troupeau de mâles énervés,
    les maxillaires durs et cruels, avec le même pli douloureux des lèvres et la fixité du regard.

    Sarah danse, souple dans la spirale mouvante des monstres : elle s'échauffe peu à peu, petite prostituée nerveuse,
    petite prostituée du délire... Elle entrelace la complexité des rythmes et la danse l'enivre et les bêtes la violent
    d'une possession totale : une étreinte lui lie la taille et l'enserre d'une volupté morbide.
    Elle danse les cuisses baguées d'écailles, la gorge serrée d'une tendresse sans nom, crispée, souillée, pamée,
    radieuse. Et, d'un geste grave, elle élève la tête en triangle des monstres à fleur de bouche,
    les yeux démesurément élargis, pétrifiés de peur, de terreur consentante.


    Francis Carco   In « Poèmes »
     


"Où il n'y a pas de respect, il n'y a pas d'amour ;
où il n'y a pas de charité, pas de pitié, pas d'oubli, il n'y a pas d'amour.
Krishnamurti





Je voudrais être un Inca pour adorer le soleil !





Ermita de San Bernardino (15ème siècle)


La Plaza Mayor et la Iglesia San Miguel de Villalon de Campos


L'Ayutamiento


Le Rollo Jurisdiccional (Pilori)


Le berger emmène son troupeau à la recherche d'une pâture...


Un ancien pigeonnier encore habité !


La Fuente del Rosario
Les troupeaux peuvent se désaltérer là !

Moi, je me suis rafraîchi !


En me retournant j'aperçois le pueblo de Villalon que je viens de quitter...



La solitude dans ces espaces où le pèlerin se fond dans le décor...









C'est là que j'ai rencontré un homme sympathique et généreux...






De grandes étendues de champs de tournesols...








 La Iglesia de Santervas de Campos


    Ce matin je me réveille tard (7 h)...je me dépêche pour être sur le Chemin avant qu'il ne fasse
    trop chaud.
    La première partie de l'itinéraire est agréable le long d'une piste qui suit le tracé d'une ancienne voie ferrée.
    Aux premières heures du jour il y a un peu de fraîcheur et j'arrive assez vite à Villalon de Campos où je
    vais dans le premier bar trouvé pour prendre mon petit-déjeuner. Avant de quitter cette localité je prends
    le temps d'admirer la Plaza Mayor où se trouvent l'Eglise Saint-Michel, la Mairie et le Pilori.

    Après la Fuente de Rosario toute proche de Villalon, où une eau fraîche s'écoule dans plusieurs abreuvoirs,
    ce sont de longues pistes caillouteuses en lignes droites qui tranchent ces immensités agricoles jusqu'au
    prochain pueblo, Fontihoyuelo où je m'arrête à l'entrée d'un hangar agricole pour demander de l'eau à un
    homme qui descend de son tracteur. L'homme est sympathique, il remplit ma gourde d'eau fraîche et me
    donne en plus une canette de bière sortie de son réfrigérateur...

    Au cours des 7 derniers kilomètres j'alterne la déclamation de mes grands poèmes de Cendrars,
    "Le Transsibérien" et le "Panama" et la récitation de mantras ainsi que la prière du Pèlerin Russe...
    J'ai également appris quelques nouveaux poèmes de Rimbaud, Baudelaire, Lorca et Neruda...

    Ces grands espaces sont vraiment propices à l'incantation poétique et de manière plus intérieure
    à la méditation, à cette lente descente dans les profondeurs de l'Esprit où seul demeure le Soi !

    J'arrive à Santervas de Campos à 14h. je vais en premier au bar boire une cerveza double, puis à
    l'Albergue qui est fermée...Finalement un habitant de ce pueblo se démène pour trouver le responsable
    qui peut m'ouvrir et je m'installe dans cet hébergement qui offre tout ce que le pèlerin peut espérer.
    Comme il y a un étendoir au soleil, je fais une bonne lessive et je nettoie même mes chaussures
    qui ont accumulé toute cette poussière des chemins !

    Le soir, les bars et restaurants étant fermés, c'est le maire du village qui m'apporte du melon et des
    yaourts qui me tiendront lieu de dîner !


L'Albergue de Santervas de Campos
 

 


Hébergement à l'Albergue Municipale
Vaste avec Salle de bains et cuisine peu équipée
A l'extérieur on peut laver et faire sécher le linge
Prix pour la nuit : 6 euros
(3 coquilles)
 

 


    Les cheveux

    Simone, il y a un grand mystère 
    Dans la forêt de tes cheveux. 

    Tu sens le foin, tu sens la pierre 
    Où des bêtes se sont posées ; 
    Tu sens le cuir, tu sens le blé, 
    Quand il vient d’être vanné ; 
    Tu sens le bois, tu sens le pain 
    Qu’on apporte le matin ; 
    Tu sens les fleurs qui ont poussé 
    Le long d’un mur abandonné ; 
    Tu sens la ronce, tu sens le lierre 
    Qui a été lavé par la pluie ; 
    Tu sens le jonc et la fougère 
    Qu’on fauche à la tombée de la nuit ; 
    Tu sens le houx, tu sens la mousse, 
    Tu sens l’herbe mourante et rousse 
    Qui s’égrène à l’ombre des haies ; 
    Tu sens l’ortie et le genêt, 
    Tu sens le trèfle, tu sens le lait ; 
    Tu sens le fenouil et l’anis ; 
    Tu sens les noix, tu sens les fruits 
    Qui sont bien mûrs et que l’on cueille ; 
    Tu sens le saule et le tilleul 
    Quand ils ont des fleurs plein les feuilles ; 
    Tu sens le miel, tu sens la vie 
    Qui se promène dans les prairies ; 
    Tu sens la terre et la rivière ; 
    Tu sens l’amour, tu sens le feu. 

    Simone, il y a un grand mystère 
    Dans la forêt de tes cheveux.

    Rémy de Gourmont
     

 

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