Jeudi 1er Septembre 2016 :  Valladolid > Peñaflor de Hornija  (21 km)

Etape 12 /38


    « Elle ouvre la porte. Eteint la lumière derrière elle. Elle reste sans bouger, dans l'encadrement, présentée, offerte.
    Elle apparaît, elle se plante dans la chambre et je la subis.
    Elle se révèle, elle est là pour que je la soupèse, immobile, tout investie d'elle-même.
    Les cheveux noirs coulants, déployés autour de sa tête, sur les épaules découvertes dans sa robe à grands ramages,
    qui glisse le long de son corps, pelure de tissu soyeux presque de sa peau couleur bronze. Elle est belle.
    Une expression de gravité impressionnante sur les traits, elle comparaît devant moi, elle se montre, plus dépouillée,
    plus entière que si elle était nue. Elle vient se soumettre, se faire juger, comme si elle n'avait d'autre défense,
    d'autre langage que cette beauté brute. Elle attend. C'est un tel abandon, une telle offrande de sa présence que cela
    me trouble, me semble étrange, insensé, fascinant et pur comme la première approche du couple au seuil des noces.
    Je la porte , je l'encercle dans mon regard. Elle est debout en moi. Grande . Accomplie. Eclose. Je voudrais retarder
    le moment de brouiller ce silence, cette inertie dont la chambre est empesée. A la vue de cette femme quelque chose
    en moi se déchire. Désir effréné de la posséder, mais aussi de l'entourer de respect, précieuse, de la célébrer,
    de n'avoir envers elle que des gestes de ménagement empreints d'une vaste douceur . »

    Louis Calaferte - In, "Septentrion"
     


Chacun a raison de son propre point de vue,
mais il n'est pas impossible que tout le monde ait tort.
Gandhi




Pèlerins en ferraille...


Le pont médiéval de Simancas sur le Rio Duero


Lever de soleil sur le
Rio Duero





Une vue large du pont


La Iglesia El Salvador de Simancas


El Castillo de Simancas


Encore une ferraille de pèlerins...


Je rejoins un pèlerin espagnol, Juan


Au loin le clocher de l'église de Ciguñuela


Juan bien installé à l'ombre pour un moment de repos...


La Iglesia San Ginés à Ciguñuela


L'Albergue de Ciguñuela


Cette fois, le pèletin est de pierre...


Un pèlerin en chasse un autre...


Tiens ! au loin un autre pèlerin qui s'annonce...


Salutations !


A Wamba, Giuseppe, pèlerin italien


Après le Coca, c'est le temps de passer de la vaseline sur les pieds...


La Iglesia Santa Maria de Wamba


Je retrouve cette immensité propice au pèlerin solitaire...


Le Chemin s'allonge au milieu des ces espaces grillés par le soleil...


Voilà ces champs de céréales moissonnés qui font comme une peinture !


La dernière montée avant d'arriver à Peñaflor de Hornija
 


    Je prends le bus à 7h20 à Valladolid pour Simancas-Puente où je retrouve le Camino et les flèches...

    Je traverse ce joli pueblo d'où j'ai une belle vue sur le pont médiéval et le Rio Duero que le lever de
    soleil pare de belles couleurs.

    Je m'arrête à la sortie de la localité dans un bar pour prendre mon petit déjeuner. Ensuite le chemin
    est vallonné, serpentant au milieu de terres agricoles le long de pistes caillouteuses.
    Je rencontre un Espagnol, Juan, avec lequel j'ai quelques échanges et je le laisse partir, car pour moi,
    c'est l'heure de mes déclamations quotidiennes...Je le retrouve un peu plus loin assis devant une
    casita de berger, à l'ombre, en train de se restaurer.

    Arrivé à Ciguñuela, après quelques recherches, je finis par trouver un bar où je bois un Coca et me
    restaure un peu avec une part de tortilla.

    Il y a ensuite une piste empierrée montante qui débouche sur un plateau que je vais traverser en
    empruntant à nouveau ces pistes caillouteuses qui s'enfoncent entre ces immensités de culture où ne
    subsistent en cette fin d'été que des terres grillées par le soleil avec les tiges coupées ras des céréales
    qui devaient au printemps onduler comme les vagues de la mer sous les brises du matin...

    Un peu avant d'arriver à Wamba, je suis rejoint par un Italien, Giuseppe, qui marche avec des tennis
    et qui n'emporte pour l'étape qu'une petite bouteille d'eau de 50 cl ! On s'arrête pour boire un verre
    dans un bar de ce pueblo, puis comme je prends du temps pour rafraîchir les pieds et les enduire
    de vaseline, ce compagnon éphémère s'en va...je ne le reverrai plus.

    La dernière partie de l'étape jusqu'à Peñaflor est éprouvante avec la chaleur qui ne faiblit pas !
    Toujours ces longues pistes qui semblent ne jamais finir et pour agrémenter le parcours, quelques
    dénivelés qui s'enchaînent et fatiguent bien les jambes !

    L'arrivée sur Peñaflor réserve quelques surprises...Il y a d'abord un premier vallon à traverser,
    ce qui veut dire descendre puis remonter et à nouveau une descente raide avant d'attaquer
    un raidillon pour arriver au pueblo qui oblige sous un soleil de plomb à puiser dans ses réserves !
    Heureusement dans le vallon, il y avait un ruisseau où j'ai pu m'asperger et ainsi me rafraîchir
    avant d'aborder cette dernière difficulté...

    Arrivé dans le village, je passe devant l'Albergue et avant de m'y installer, je vais au bar boire
    une cerveza double qui me fait vite oublier les vicissitudes de cette fin d'étape !
    Je vais ensuite à l'Albergue qui se trouve dans une bâtisse ancienne qui garde la fraîcheur,
    où je vais pouvoir prendre un bon temps de repos.

    Plus tard, je sors dans le pueblo, pour en premier reconnaître l'itinéraire de demain  et visiter l'église
    où j'ai un bon échange avec l'organiste. Pour la première fois, dans cette église je vois les 2 statues
    de Saint-Jacques et Saint-Roch côte à côte.

    Le soir je vais dîner dans un bar sur la place de la mairie avec au menu : Soupe de lentilles, Salade
    avec tomates, concombres et olives, un demi lapin, une bouteille de bon vin de la région,
    et un verre de Pacharan pour 11 Euros !!!
     


C'est rare de voir ces deux statues de Saint Roch et Saint Jacques Matamore mises côte à côte !
(Dans la iglesia
Santa María de la Expectacion à
Peñaflor de Hornija)


 


Hébergement à l'Albergue Municipale
Bâtisse ancienne qui conserve un peu de fraîcheur
2 dortoirs de 4 lits - 1 Salle de bains - 1 cuisine équipée avec réfrigérateur
1 cour intérieure pour faire sécher le linge
Prix pour la nuit : 3 euros
(4 coquilles)
 



    Tu m'as dit si tu m'écris
    Ne tape pas tout à la machine
    Ajoute une ligne de ta main
    Un mot un rien oh pas grand chose
    Oui oui oui oui oui oui oui oui 
    Ma Remington est belle pourtant
    Je l'aime beaucoup et travaille bien
    Mon écriture est nette est claire
    On voit très bien que c'est moi 
    qui l'ai tapée 
    Il y a des blancs que je suis seul à savoir faire
    Vois donc l'oeil qu'à ma page
    Pourtant, pour te faire plaisir j'ajoute à l'encre
    Deux trois mots
    Et une grosse tache d'encre
    Pour que tu ne puisses pas les lire.

    Blaise Cendrars

     


Etape suivante

Retour